Ça ne vous aura pas échappé : Dassault, Lagardère, Bouygues… la majorité
des plus gros médias est dans les pattes de gros industriels, de
marchands d’armes et autres conglomérats liés par des connivences
incestueuses avec le pouvoir politique en cours. Dès le matin, c’est
leur rengaine qui vous réveille à la radio, et le soir, c’est encore eux
qui bercent vos cauchemars. Le Figaro de Dassault est le canard le plus
diffusé dans tous les hôtels, les salons, les bistrots, le plus cité,
le plus représenté ; Paris Match trône dans la moindre salle d’attente,
même quand elle est publique ; la télé n’a plus rien de très indépendant
tant le système de nomination des directeurs et autres faiseurs d’info
pèse sur une prétendue liberté déjà largement cadrée par les annonceurs
publicitaires qui ont les mêmes intérêts que les industriels et les
politiciens concernés, d’ailleurs tout ce petit monde se fréquente, se
retrouve à tout propos, se congratule en rond… Bref ! Il faut être
vraiment peu observateur pour croire encore à l’indépendance des
journalistes les plus médiatisés, qui mijotent dans un milieu qui se
renouvelle peu, où les unions consanguines donnent des rejetons qui
continuent le boulot. On retrouve d’une année à l’autre, d’une radio à
l’autre, d’un média à l’autre, d’une campagne à l’autre, d’un débat à
l’autre, les mêmes têtes, les mêmes fausses indignations, les mêmes
querelles bidons, la même parodie de démocratie… Les campagnes
électorales sont un modèle du genre, les mêmes journalistes cernant les
candidats avec les mêmes questions ressassées en boucle, prêts à bondir
sur la moindre petite phrase qu’il serait possible de monter en épingle,
castrant le débat public, le réduisant à quelques slogans simplistes
pour le rendre apte à tenir entre deux faits divers et dix pubs,
pinaillant indéfiniment sur le détail qui permet d’aiguiller les idées
qui dépassent sur une voie de garage… Il faut être très fort dans le
contexte pour arriver à faire entendre une pensée un peu élaborée et
quand quelque chose émerge de cette bouillie médiatique, les
commentateurs en rang serrés passent à l’attaque : dans cette parodie de
démocratie, le but du jeu semble être de traquer, de ridiculiser toute
idée, toute personnalité qui sortiraient des chemins balisés et
pourraient amorcer une remise en question de l’ordre établi par ceux
énoncés plus haut. Il arrive même que le propre camp de ceux qui sont
visés par ce jeu de massacre s’en fasse le complice… par ambition
personnelle, par intérêt stratégique, ou simplement parce chacun est si
fortement conditionné qu’il n’est plus capable de juger de la
désastreuse impression qu’il inspire (tiens bon Eva !).