On vous la souhaite formidable, la nouvelle, spectateurs adorés qui nous
avez fait une année 2011 débordante, tant vous avez été nombreux,
curieux, bavards, assidus : 335 825, c’est le nombre de fessiers qui se
sont assis délicatement, moyennant raisonnable contribution financière,
dans nos fauteuils. Et on ne compte pas les invités, ceux qui sont venus
simplement pour causer, pour boire un coup au café ou acheter légumes
et poulets à PCA (Paysan et Consommateurs Associés) tous les Mercredis
salle de la cheminée. A la louche, ça doit bien faire 500 000 fidèles à
avoir foulé le pavé de la paroisse Saint Siméon dont on ne dira jamais
assez qu’elle est désormais la plus fréquentée de la ville (et je ne
compte pas ceux qui passent seulement pour visiter).
Mais le plus intéressant dans ces quelque 6,3% de progression de nos
entrées, c’est qu’on ne les doit ni à la 3D, à laquelle nous sommes
toujours parfaitement réfractaires, et pas non plus à Intouchables, film
par ailleurs tout a fait plaisant, qui a fait bondir les entrées de la
plupart des salles françaises cette année, la progression moyenne se
situant aux environ de 4%. Le plus formidable, et là vous nous faites un
sacré plaisir, c’est que cette nouvelle année commence avec le succès
de Louise Wimmer, beau film qui témoigne si bien de l’air du temps et
qu’on espère pouvoir garder jusqu’au printemps… bref ! On est heureux.
Heureux et inquiets, car ce numérique qui s’installe en force ne nous
dit rien qui vaille. Et il est à lui seul l’illustration de la raison
pour laquelle les choses ne devraient pas s’arranger, ni dans le cinéma
ni ailleurs, tant sa mise en place est révélatrice des stratégies
industrielles, du peu de prise du politique sur ces évolutions imposées,
et du peu de considération qui est faite pour la casse humaine qui va
avec.