La Covid, la Ligne 5, le « Learning center » et UTOPIA

La Covid, la Ligne 5, le « Learning center » et UTOPIA
Les médias en auront fait leur feuilleton de l’été : la culture est au plus mal et le cinéma carrément à l’agonie. Impossible d’ouvrir un journal, d’allumer la radio ou de jeter un œil sur le fil de son réseau social préféré, sans être assailli par les titres annonçant puis commentant la débâcle, la défaite en rase campagne d’Hollywood sous les assauts de la Covid… Le modèle imposé depuis trente ans par la création massive de multiplexes serait donc si fragile, pour s’effondrer ainsi, en quelques semaines de sevrage de grosses machines hollywoodiennes ? Les salles qui ont le mieux passé l’été sont celles qui ont fait le choix de la résistance à la domination culturelle made in USA. Celles qui ont su créer un lien différent avec leurs spectateurs. Diagonal, Utopia, des cinémas d’opinion aux dimensions modestes, faits pour créer du lien, touchent un public fidèle qui vient pour le plaisir d’un film et les rencontres chaleureuses qui vont avec… On se serre un peu plus la ceinture, mais depuis nos origines nous sommes entraînés à faire des miracles avec nos économies fragiles.

On s’en serait donc plutôt mieux tirés que les ogres du voisinage. Mais c’était sans compter sur les multiples travaux en cours avenue du Dr Pezet et ses environs – et leurs effets sur l’accessibilité d’Utopia. On nous avait convaincus que le plus dur à passer serait l’arasement et la reconstruction de la terrasse du ciné. Naïfs que nous sommes. Même si sa réalisation s’est révélée chaotique (maintes fois reportée, ouvrages plusieurs fois refaits, on a bien cru s’arracher nos derniers cheveux), la fermeture imposée par la crise sanitaire aura au moins permis à la TAM de finaliser l’escalier sans trop de gêne – et même assez joliment, ma foi.

Ceci fait, l’été n’a pas été simple. Ni pour nous, ni pour vous, les aventuriers intrépides, déterminés à venir voir un film à Utopia. Vous avez été nombreux à nous téléphoner après avoir longuement tourné dans le quartier sans parvenir à atteindre le cinéma. À la vérité, qu’on se le dise :

UTOPIA vous a toujours été (ET VOUS SERA TOUJOURS) accessible, même si les barrières, tranchées, déviations quotidiennement modifiées, ont transformé la sortie ciné en escape game grandeur nature (pour les plus joueurs) ou en véritable parcours du combattant (pour les plus endurcis). Dans l’immédiat, pour venir sans encombre, le conseil d’Utopia : privilégiez le vélo et le tram (ligne 1 arrêt St Eloi). Si vous venez de l’extérieur de Montpellier garez-vous à 5minutes à pied du cinéma – dans les rues de l’Aiguelongue et du Val de Montferrand, de l’autre côté de l’avenue de la Justice de Castelnau ou aux abords de la fac de Sciences… L’accès PMR est également maintenu, le GIHP doit pouvoir vous amener aux portes d’Utopia.

Il suffit de se pencher sur les enquêtes publiques, les documents d’urbanisme, les projections publiées depuis dix ans par la presse locale pour constater que, depuis l’origine, ces travaux ont été programmés sans qu’à aucun moment l’activité du cinéma soit prise en compte. Ce n’est pas faute de l’avoir maintes fois fait remarquer. Il en va évidemment demêmepourlareconfigurationdu quartier, l’extension de la fac Paul- Valéry et de son Atrium « Learning center » (qui a pour mission de

« désacraliser » la bibliothèque, concept poussiéreux s’il en est). Et quand on découvre dans le Midi Libre (2 août) que « Route de Mende, 106 places de parking vont être supprimées », on est partagé entre l’enthousiasme (vive le vélo !) et la perplexité : les élus à l’origine de ces déclarations, que nous devons prochainement rencontrer, se sont- ils un seul instant préoccupés du tissu économique et culturel de notre quartier périphérique, dont le public dépasse largement les frontières de Montpellier intra-muros ? Quels aménagements ont été prévus pour favoriser votre accès à notre (merveilleuse) programmation ? On vous livre la réponse qui nous sera faite dans une prochaine gazette. Le suspense est à son comble !

En attendant, la rentrée de septembre, et ça tombe bien, sera joyeusement verte. Béton et grues, du balai ! Cap sur l’agro-écologie (Souviens-toi de ton futur), l’élevage à dimension humaine et l’agriculture paysanne (Les vaches n’auront plus de nom), la défense des arbres (La puissance de l’arbre), la sauvegarde des terres agricoles (Douce France) et les propositions alternatives (Autonomes). Du (bon) grain, à moudre ensemble, pour imaginer les mondes d’après. À très vite !