Ce coup-ci, c’est (vraiment) parti. La vraie, grosse, profonde, violente révolution numérique, celle qu’on nous agitait sous le nez comme une promesse ou un épouvantail depuis des années a donc fini par trouver son chemin au travers des profondes tentures de velours qui calfeutrent nos salles et des nuées d’angelots mutins voletant alentour de Sainte Bernadette. On y vient, on y est. On peut dire qu’on aura attendu jusqu’au bout du bout du dernier moment – c’est que ce n’est pas gratuit, cette camelote ! Et ça va pas mal bousculer nos petites habitudes.
C’en
est donc quasi-fini de la pellicule grâce à quoi depuis des temps
immémoriaux (à la louche depuis 1895) s’opérait, dans la
profondeur des salles obscures, avec quelques kilomètres de
photographies, un peu de lumière et pas mal de génie, la magie du
spectacle cinématographique. Comme on ne veut pas jouer les
trouble-fête, on causera plus tard, peut-être, du comment que s’est
opérée cette sauvage mutation, du pourquoi (pas grand chose à voir
avec une distribution générale de bisous, vous pouvez nous croire)
– et aussi de ce qu’il nous est encore possible de faire pour
éviter de nous abandonner corps et âme dans les bras de nos
autoproclamés « bienfaiteurs » (voir par ici les dégâts en cours sur le cinéma de nos cousins québécois).
Bien sûr, il se murmure ça et là que les premiers pas dans l’utilisation de nos nouveaux jouets sont parfois cahotiques, qu’il arrive aux projectionnistes (qui n’ont plus le dos en vrac) de se faire des nœuds dans la cervelle pour régler de (rarissîmes) dysfonctionnements - bref : qu’un (léger) temps d’adaptation soit nécessaire avant d’avoir la pleine et entière maîtrise des nouvelles technologies. Promis-juré, nous ferons en sorte que vous ne vous en rendiez presque pas compte.
(édit : évidemment, 1er week-end, première annulation de séance, grrrrrr… mais depuis, tout va bien on touche du bois!)