Après les Citronniers…

Françoise nous a envoyé ce texte après avoir vu les Citronniers, nous vous le livrons sans fard, tout frais tombé de l'arbre :


Les mots me manquent... pourtant, je me vois contrainte d'en user, pour tenter d'exorciser un tant soit peu la révolte sourde qui gronde, cette colère sans nom qui me poignarde l'estomac. La guerre est une ignominie, l'insolence du « combattant » n'égale que la bêtise immonde des conséquences auxquelles il refuse ensuite de prendre en compte et l'isolement qui en découle, telle une machinerie infernale qui mène chacun à une mort de l'âme prématurée. En dénigrant notre qualité commune d'être humain, de simple habitant humain sur une même planète, chacun nie la différence, l'existence-même de l'autre, cette interdépendance pourtant incontestable qui fait que la vie peut se perpétuer sur terre...

interdépendance entre le règne végétal, animal, humain. Les anciens Sages indiens le nommaient Kali Yuga... l'Âge des Ténèbres : on le découvre ici dans toute son absurdité. Là où le sacro-saint pouvoir aveugle les hommes, là où les intérêts mercantiles des nations, des grands trusts économiques, des terrorismes religieux, raciaux - j'en passe sûrement, vous pourrez en rajouter à votre guise - priment avec brutalité sur le simple droit à la vie, le simple devoir de préserver cette Terre qui pourtant, fait que nous sommes là.

Quand je suis sortie de ce film au village voisin, j'ai dû faire un détour de 3 km au bas mot, à cause de la construction d'un lotissement, qui coupe, avec la même absurdité que ceux qui ont décidé sans cœur de raser le champ de citronniers de cette femme si simple et si téméraire, et si digne jusque dans sa souffrance la plus intime, la petite route bordée de champs et de bois, qui me ramenaient auparavant chez moi. A la place, j'ai longé des paquets de béton d'immeubles en construction, des grues sur de l'asphalte désert d'un espèce de no man's land, ressemblant tant à des miradors plantées au milieu de nulle part. Le parallèle est frappant. J'ai rejoint mon immeuble de banlieue... construit lui-même il y a plus de trente ans sur le territoire d'un ancien parc aux arbres centenaires. Mais dans quel cercle infernal vivons-nous ?

Je m'arrête là... allez voir ce film... nous en parlerons ensuite sans doute !


Françoise.