Le Mal et le Méchant selon la Minimiss...

Voici un extrait d'un bouquin qui vaut sincèrement le coup d'être lu...

Ecrit à quatre mains par l'excellent romancier Mexicain Paco Ignacio Taibo II, malheureusement peu connu par chez nous, et par le fameux Sous-commandant Marcos, chef de file de l'EZLN, "Des morts qui dérangent" est un roman policier pour le moins étonnant.

Roman foutraque et plein d'humour, furieusement politique sans jamais se prendre au sérieux, mêlant réalité historique et personnages fantaisistes, voyageant du Chiapas à Mexico D.F., et nous faisant au final autant réfléchir que rire...

En espérant que cet extrait vous donnera envie...

La Minimiss parle tandis qu'Elias écoute :

- Le problème du mal est du méchant est géographique. La géographie du mal est inversée. Quand ils racontent l'histoire de la Création, les riches mettent tout à l'envers. Selon eux, le ciel, c'est-à-dire Dieu, c'est-à-dire le bien, est en haut; alors que le mal et le méchant, c'est-à-dire le Diable, sont en bas. Mais non, Dieu n'est pas en haut. C'est pour corriger cette erreur que Dieu a envoyé son fils, c'est-à-dire le Christ sur la Terre. Pour démontrer que le bien, ou le ciel, n'étaient pas en haut, loin de tout ce qui se passe sur la Terre. Les puissant d'alors avaient convaincu tout le monde que la Terre était organisée comme le ciel, c'est-à-dire qu'en haut étaient les bons, ou les gouvernants, ou ceux qui commandaient, et en bas étaient ceux qui obéissaient, les méchants. C'est -à-dire que l'équivalent du ciel était le gouvernement et l'équivalent de Dieu le gouvernant. Et c'est comme ça qu'ils justifiaient, et qu'ils justifient encore, le fait de devoir obéir à ceux qui gouvernent parce qu'ils sont bons. La preuve Bush, qui utilise Dieu pour justifier ses mauvais coups. Christ a été crucifié pour avoir voulu remettre en cause tout cela. En tant que fils de Dieu, au lieu de rencontrer les gouvernants, de dîner dans leur palais, de former un parti politique ou de se mettre à leur service, qu'est-ce qu'il fait ? Il naît dans une étable, au milieu des animaux, il grandit dans l'atelier d'un charpentier, et il fonde une organisation où il n'y a que des pauvres. Dieu se mettrait-il du côté du mal ? Non. Donc il va avec ceux d'en bas et ainsi il nous dit que le bien n'est pas en haut, parce que si c'était le cas, il serait né dans la maison de Salinas de Gortari ou de ce salaud de Bill Gates. Mais non. Donc le ciel n'est pas en haut et le bien non plus. Le mal est en haut à droite, avec les riches, avec ceux qui gouvernent mal, avec ceux qui oppriment le peuple. Mais le bien, où le trouver, alors ? Nous ne savons pas, il faut le chercher. Je ne sais pas, si, à l'inverse du mal, le bien est en bas à gauche, mais je sais que c'est un bon début de commencer à le chercher par là. C'est pour ça que moi quand je prie, je baisse les yeux, parce que je suis en train de prier Dieu qui est avec ceux d'en bas. Et c'est pour ça que je ne suis pas d'accord avec ces salauds d'évêques et ces prêtres qui passent leur temps en compagnie des riches et deviennent comme eux, jusque dans leur façon de s'habiller. Donc je te conseille, si tu cherches le mal et le méchant, de chercher en haut à droite. Je suis sûr que c'est là qu'ils sont. Au fait, Elias, ne vas pas raconter au Sup que je dis des grossièretés. Et si tu ne veux pas de ton riz au lait, moi je le veux bien.

Commentaires

1. Le lundi, février 16 2009, 18:26 par Jeremy

Juste pour vous dire que dans le cadre des 21èmes rencontres du cinéma d'Amérique Latine, le grand Paco Ignacio Taibo II est attendu à la librairie Ombres Blanches à Toulouse le Mercredi 18 Mars 2009 (heure à définir) pour son bouquin "Pancho Villa"... A bon entendeur...