Non mais AlloCiné, quoi !

Forecast.jpgYoupie ! On serrait un peu les fesses, tant les clameurs négatives montaient des rangs des professionnels du cinéma : pas assez de blockbusters et l’été avait été beaucoup trop sec. On ne le dira jamais assez, la pluie est l’amie des salles obscures et rien ne nous défrise autant qu’un été radieux… et malgré ça, aux douze coups de minuit 2013, on a compté sur tous nos doigts et dans un contexte de baisse générale du cinéma qui se situe autour de 8%, les entrées de Toulouse progressent d’un peu plus de 4%, celles de Tournefeuille baissent d’autant, et l’une compensant l’autre, Utopia se maintient au même niveau que l’an dernier. Il en va ainsi pour les autres salles Utopia, le record étant détenu par Avignon qui progresse de 5,5%, démontrant que les mêmes causes produisent les mêmes effets : vous nous êtes fortement fidèles et le boulot des équipes locales est payé de retour.

Mieux encore, votre intérêt pour Utopia ne faiblit pas ! Vous continuez à suivre avec assiduité chaque nouvelle gazette et il n’est pas rare que le numéro en cours soit épuisé bien avant même que le nouveau arrive. C’est le cas tandis que je vous écris ces mots : on va devoir grapiller d’un dépôt à l’autre pour récupérer des munitions pour les dix jours qui restent… au total cette année : 600 000 gazettes ont été prises par vous ou distribuées. Très peu sont gaspillées.
Côté Vidéo en Poche, les ventes progressent de 17% et de nouvelles salles indépendantes ont rejoint notre petit groupe. Quant au site internet Utopia, vous avez été 1 904 309 à venir le visiter en 2013 soit 8% de plus qu’en 2012 (avec un pic à 11 906 visites dans la journée du 10 novembre 2013). La progression est particulièrement forte dans la région de Toulouse (664 643 visites dont 17 000 à Blagnac, 37 000 à Colomiers…) mais c’est de la France entière, y compris là où aucun Utopia n’a fait son nid, que des internautes nous suivent avec assiduité : 12 000 en Poitou-Charente, 12 730 pour le Nord Pas de Calais, 5 400 pour la Lorraine et la Corse n’est pas de reste avec 8 000 visiteurs… Voilà qui pique notre curiosité. Parfois certains nous écrivent, passent voir un film à l’occasion d’un déplacement…

Telephone.jpgCe qui n’empêche pas quelques distraits, assez peu, de nous interpeller : mais comment se fait-ce qu’on ne vous trouve pas sur AlloCiné ? Là vous mettez le doigt sur un point sensible qui fait parfois débat avec quelques distributeurs de films qui auraient l’impression de rater un peu de leur public local s’ils ne sont pas cités par AlloCiné… s’ils n’étaient vite rassurés par les résultats d’Utopia.
Initialement créé sur minitel par une bande de joyeux futés, AlloCiné passe au web dans les années 90 et, d’astuce en astuce et quelques « alliances » bien comprises, finit par s’imposer auprès des « professionnels » comme un moyen incontournable de faire passer l’information sur leurs films. Peu a peu son champ d’intervention s’est élargi (création de l’éphémère AlloCinéTV…), s’est étendu à l’international (Brésil, Europe, Russie, Chine…). Racheté en 2008 120 millions d’euros par Tiger Global, AlloCiné est revenu dans le giron français, à la plus grande satisfaction du Ministère du Développement Productif, en juillet 2013. Une bonne affaire pour Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac), qui devient, pour 67 millions seulement, le champion du Web français. On rappelle au passage que ce monsieur est omniprésent dans l’industrie du divertissement, du spectacle, de l’hôtellerie de luxe (on connait les Casinos du Groupe Barrière, Vega…). Le rachat simultané de AlloCiné et de Webedia signe une nouvelle offensive du groupe dans cette direction.

Jusqu’en juin, AlloCiné collectait gracieusement les programmes de toutes les salles de ciné de France, grignotant sans bruit sa place. Puis en juillet, s’estimant suffisamment incontournable, les services sont devenus pour certains moins bénévoles et pour d’autres de moins en moins gratuits. Plus la bête monte en puissance et plus les productions annexes deviennent d’un bon rapport. Si les salles veulent paraître sur AlloCiné, il faut qu’elles saisissent elles-mêmes les horaires de passage des films, pour économiser un temps de saisie désormais pris en charge par les salles… Peut-être y aurions-nous souscrit, mais à la condition que l’adresse du site web d’Utopia soit signalé sur les pages qui le concerne de façon à ce que l’écho d’un point de vue différent de celui d’AlloCiné sur les films soit facilement accessible ainsi que les informations diverses liées à Utopia… ce que refuse AlloCiné qui tient à avoir le monopole du contenu et continue à mettre en place une stratégie qui s’apparente fort à celle d’un autre groupe qui s’est imposé de la même façon : Booking.com auquel les hôteliers commencent enfin à réagir, mais un peu tard…

Je raconte : en 2004, ces mêmes hôteliers percevaient l’arrivée du site comme une bénédiction : moyen de commercialisation efficace, capable de doper les ventes… puis ce qui était quasiment gratuit au départ est devenu payant et dès lors que Booking.com puis Hotel. com se sont retrouvés en « position dominante », les prix ont augmenté, les contrats se sont durcis, et les hôteliers râlent de devoir cotiser pour 17% (beaucoup plus pour être en tête de gondole) sur chaque location de chambre, petit déj et parking… sans compter les autres désagréments (voir le Canard Enchaîné) d’autant que le site occupe si bien le terrain que lorsque l’on clique le nom d’un hôtel, on se retrouve aussitôt dirigé vers le fameux Booking.com et il faut à l’internaute faire sacrément attention, pour aller directement sur le site de l’hôtel sans se laisser dériver vers l’intermédiaire… ce qu’il a d’ailleurs totalement intérêt à faire puisque les hôtels font en direct des prix souvent plus avantageux que ceux trouvés sur Booking.com… Bien entendu tout cela s’est peu à peu étoffé de contrats qui ligotent hôteliers et voyagistes bisounours qui n’ont pas anticipé l’évolution. Il se pourrait bien qu’un jour les mêmes questions se posent rayon cinéma… bref une affaire à suivre, qui laisse entrevoir que ce qui a l’air gratuit ou avantageux ne l’est pas tant que ça… mais de tout ça on recausera.

On vous souhaite une année de vigilance et de beaux films : si vous voulez connaître les films qui passent dans une ville tapez dans un moteur de recherche « cinémas + nom de la ville »… et vous aurez dans toute leur diversité les sites concernant les cinémas. Et bien entendu, pour savoir ce qui se passe à Utopia : www.cinemas-utopia.org

Ces sites ont aussi la fâcheuse tendance à collecter vos données personnelles et comportementales (Ghostery recense au moins neuf « mouchards » sur AlloCiné par exemple) et à les revendre, la NSA se servant au passage (et bientôt l’armée française vu que la Loi de Programmation Militaire votée à toute vitesse permet maintenant à l’État de surveiller vos communications par simple autorisation administrative, sans passer par la justice). La centralisation n’est pas ce qu’il y a de mieux pour préserver nos libertés sur Internet… à ce propos : ne ratez pas la soirée du 31 janvier à Utopia Toulouse sur la collecte de ces données et la surveillance globale après la projection du film Terms and conditions may apply, inédit en France et sous-titré collaborativement pour l’occasion.