Les Anonymes (enregistrement de la rencontre avec Pierre Schoeller)

Pierre-Schoeller-Toulouse-2014.jpgVendredi 10 janvier, après la projection exceptionnelle des Anonymes, nous recevions Pierre Schoeller, réalisateur du film. Pour ceux qui n’ont pas pu y assister, nous vous en proposons l’enregistrement. Pour l’écouter en podcast, entrez l’adresse suivante dans votre logiciel préféré http://www.cinemas-utopia.org/U-blog/toulouse/public/sons/podcasts/podcast-Pierre-Schoeller-Toulouse-2014.xml (ou cliquez sur ce lien si vous utilisez iTunes) ; vous pouvez également écouter l’enregistrement en ouvrant la liste de lecture (.m3u) avec VLC ; ou dans le lecteur en annexe de ce billet.

Annexes

Commentaires

1. Le mardi, janvier 28 2014, 16:27 par Pierre Alex

A qui s’adresse le sous-titre des Anonymes , Un pienghjite micca (Ne pleurez pas en corse)? A la veuve de Claude Erignac abattu de plusieurs balles dans le dos le 6 février 1998 à Ajaccio? A ces enfants? Certes non. La formule est tirée d’une missive envoyée par Yvan Colonna à ses proches à l’issue de son procès.
Ainsi, par une subtile inversion des rôles, les assassins sont transformés en victimes d’un Etat-Léviathan, machiavélique et manipulateur des factions rivales de l’irrédentisme corse afin de mieux asseoir sa domination sur l’île. Images d’archives et notes personnelles à l’appui, Claude Erignac est dépeint comme un honnête homme, ouvert et humain, conscient aussi de l’impossibilité de sa mission. Il a cependant le malheur, hic et nunc, ce 6 février 1998 d’incarner, en tant que Préfet de région, l’Etat français. Lui-même n’est-il pas d’ailleurs aussi la victime physique de la personne morale (l’Etat) qu’il est censé servir?
En permanence sur le fil du rasoir, Pierre Schoeller n’affirme jamais rien, ne prend pas ouvertement partie et se contente de suggérer. Mais ne trompe personne. A deux pas seulement d’un négationnisme judiciaire…
Certes, la garde-à-vue sous tension des mis en causes, véritable huis-clos anxiogène, décortiquée par Schoeller revêt une valeur quasi documentaire -ce dernier ayant très vraisemblablement bénéficié des conseils d’anciens enquêteurs de la DNAT. Cependant, le processus de victimisation des assassins met rapidement mal à l’aise. Les flics sont tour à tour présentés comme brutaux, manipulateurs voire grotesques (scène de la photo de groupe avec Colonna), alors que les mis en cause apparaissent au fil du film comme les victimes d’un Etat (incarné par les politiques, Marion et Bruguière) répressif, bafouant sans vergogne la présomption d’innocence et enquêtant en permanence à charge.
N’en déplaise à P. Schoeller, une enquête anti-terroriste n’est pas un dîner de gala. Car obtenir les aveux de la part d’assassins fanatisés n’est pas une maïeutique angélique!
Suggérer que les Anonymes, conduits avec leurs familles vers un véritable naufrage humain, seraient les victimes d’un engrenage politico-judiciaire -voire d’un complot- fomenté au plus haut niveau de l’Etat relève du fantasme. Et P. Shoeller n’évite pas un piège pourtant bien connu: il arrive parfois qu’à force de vouloir aller au fond des choses, on finisse par y rester. L’ultime conseil donné par ce dernier lors de son intervention orale est à ce titre édifiant: « Si un jour vous avez affaire à la police, invoquez votre droit au silence, ne dites-rien! ». Conseil avisé d’un ténor du barreau qu’il n’est pas ou apologie de l’omerta?
Non, les assassins de Claude Erignac ne sont pas des tyrannicides mais des fanatiques du nationalisme corse. Il est une vérité que l’on ne peut contester: le 6 février 1998 le Préfet de Corse a bien été abattu de plusieurs balles dans le dos. Et Yvan Colonna faisait bien partie du groupe des assassins.