Journal de bord 12

Allez donc voir du côté d’Utopia Bordeaux : au mercredi 8 avril (jour 24 de l’après…) nos amis utopiens vous racontent ce qui se dit dans les coulisses du cinéma, les inquiétudes des distributeurs, des producteurs, des réalisateurs… le chamboulement gigantesque que provoque cette pandémie dans la profession cinéma…

En Chine, dans le grand mouvement de dé-confinement en cours là-bas, les salles de cinéma ont été autorisées à ouvrir… mais personne n’a eu envie de s’enfermer dans les salles obscures : avides de se dégourdir les arpions et de respirer l’air frais de la nature après trois mois de confinement, les Chinois se sont précipités massivement vers les zones touristiques : par milliers on les voyait au coude à coude se promener sur les chemins du parc national des monts Huang… alors que l’épidémie régressait, les autorités sanitaires s’inquiètent et redoutent à nouveau que le virus reprenne de la vigueur… le gouvernement a donc fait machine arrière : le parc Huang a refermé ses portes et les salles de cinéma ont a nouveau été bouclées… alors écoutez bien et prenez en de la graine : faudra pas vous coller les uns aux autres le jour où sonnera, guillerette, la cloche du dé-confinement…

Problème supplémentaire pour les cinoches chinois : l’industrie du cinéma étant à l’arrêt depuis plusieurs mois, les films proposés sont des redites et les programmateurs de cinéma ne savent pas quoi programmer… certes, les spectateurs Chinois sont fans de Jean Jacques Annaud, mais la reprise de ses plus gros succès ne suffit pas à remotiver les spectateurs et à les convaincre de s’enfermer dans une salle obscure à peine sortis de leur tanière… Le nombre de salles avait explosé ces dernières années en Chine : tous s’attendent désormais à un mouvement inverse…

En France les salles qui dépendent pour 60 % de leur programmation de films américains et notamment de blockbusters sont particulièrement inquiètes… À Utopia, nous sommes confiants, habitués depuis la toute première salle à faire notre miel du meilleur du cinéma en programmant constamment des films en « reprise » ou en continuation… on sait qu’on pourra ajouter tous ceux dont la sortie a été interrompue ou différée… qui devraient vous plaire puisqu’on les a vus pour les sélectionner et aimés : la production est riche de nouveautés passionnantes… Notre programmation étant majoritairement européenne, pimentée de quelques pépites du monde entier et du meilleur des films US… les difficultés des studios américains ne seront pas aussi déterminante pour ce qui nous concerne: il y a tant de beaux films à vous montrer que nous pourrons, pour nos retrouvailles, nourrir nos programmations de petites raretés et découvertes qui vous raviront… et puis, vous êtes toujours là, vous nous l’écrivez, nous le dites et les multiples témoignages de soutien que vous nous faites passer pendant notre confinement, nous mettent du baume au cœur, vous êtes nombreux à nous proposer votre soutien… et nous allons en avoir bien besoin !

Et puisqu’on cause ciné… on vous propose deux films de Francis Fourcou : l’un court mais dense, nous donne à écouter la parole de Henri Agel, grand amoureux du cinéma, un des fondateurs de l’enseignement du cinéma (IDHEC), prof lui-même, il est à l’origine de nombreuses vocations, critique, écrivain abondant… cet interview est une rareté, le seul film tourné sur lui (à notre connaissance) : l’oeil pétille, la parole est gourmande, il raconte sa passion, sa fascination pour le muet, la poésie et la force des premiers films « la plénitude du muet »… ce qu’était le « spectacle cinématographique » en ses débuts, ami de Truffaut et de plein d’autres… judicieusement ponctué d’extraits et de cartons comme au temps du cinéma muet… Henri Agel, la ferveur d’un spectateur du cinéma muet (22 mn, ci-dessus) et J’aime la vie, je fais du vélo, je vais au cinéma dans les « films confinés ». Chronique amusée et impertinente qui nous fait partager quelques mois de la vie des salles de cinéma indépendantes art et essai… le film parle de liberté, d’indépendance, des alternatives possibles aux multiplexes et à une normalisation programmée, du rôle des spectateurs dans un processus de résistance qui nous entraîne bien au delà du cinématographe… Les Utopia sont très présents dans le film, mais on y voit aussi d’autres salles, le Cinambule, des salles de village, le combat de l’Arenberg galerie à Bruxelles… des animateurs de salles parlent de leur quotidien et de leur engagement… C’était au début des années 2000 à un moment où les multiplexes étaient en train de proliférer, installant une domination dans l’exploitation qui n’a cessé de s’affirmer depuis…

Quiz 12 : et pour changer un peu, histoire qu’ils puissent un peu jouer, un film pour les enfants que les grands ont adoré tout autant… et qui a fait l’objet d’une séance très musicale le 26 janvier à Tournefeuille… Le Quiz 11 n’a pas été trouvé : Claudie a dit Le vent se lève de Ken Loach, mais il s’agissait de Joe Hill de Bo Widerberg….