mercredi, janvier 12 2011

Les salles indépendantes seront-elles les « dindons de la farce » numérique ? [MAJ]

Plaidoyer pour une diversité culturelle et un cinéma numérique durables [MAJ] (nous re-publions ce texte initialement paru le 18 mars 2010, qui même s’il est toujours d’actualité, demandait à être un peu mis à jour) [/MAJ]

L’exploitation cinématographique est à l’aube de changements technologiques propres à bouleverser l’équilibre de la profession, mettant en péril un nombre important de salles du parc français, et par là même la diversité culturelle. Le CNC a travaillé dur à élaborer un mécanisme de fonds de mutualisation (voir document en annexe) qui aurait permis de préserver l’existence de ces salles en les aidant dans la transition vers la projection numérique. Mais ce mécanisme n’a pas été approuvé, contre toute attente de la profession, par l’Autorité de la Concurrence, alors qu’au même moment, le dernier grand groupe à ne pas s’être encore équipé annonçait la numérisation de ses 800 écrans, accélérant le basculement de l’exploitation vers cette nouvelle technologie. C’est un coup dur pour la profession, mais le communiqué de l’Autorité de la Concurrence ne manque paradoxalement pas d’intérêt et nous devrions saisir cette opportunité pour approfondir notre réflexion sur les implications de cette mutation, et dépasser une déception légitime. C’est dans cet esprit que les salles ISF tiennent à proposer quelques pistes de réflexion.

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vendredi, mai 1 2009

Hadopi, la stratégie de la rupture entre les créateurs et leur public

Nous, salles de cinéma, sommes opposées à la loi Hadopi car elle est liberticide, réactionnaire et inefficace. Nous sommes opposés à cette loi car elle ne résoudra en rien les difficultés du secteur de la création, elle tend à opposer les créateurs et leur public et semble totalement ignorante des implications des mutations technologiques actuelles sur nos pratiques culturelles. Si les salles de cinéma ont encore un avenir, c'est pour être un lieu d'échange et de partage, et non un lieu où on surveille les spectateurs avec des jumelles infra-rouge, et ou devant chaque film on diffuse un texte demandant à chacun de dénoncer son voisin (il est vrai que nous vivons des temps troublés où l'on en revient à interdire les réunions sous couvert de protéger le citoyen…). La salle de cinéma a une raison d'être, c'est d'être le lieu de l'expérience collective, et de s'inscrire pleinement dans la vie de la cité.

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mercredi, mai 7 2008

Montreuil, Pessac et quelques autres…

La loi du milieuEn octobre 2007, le débat était plutôt tendu dans les milieux des salles municipales en raison de l’action intentée par MK2 et UGC contre le transfert et l’agrandissement du Méliès de Montreuil, dans la foulée de l’agrandissement du Jean Eustache à Pessac tandis qu’Utopia, salle privée, non-subventionné par les édiles locaux était menacé de disparaître à Bordeaux en raison d’écrasante taxes. Utopia et une poignée de salles indépendantes (ou subventionnées comme le Jean Vigo à Bordeaux) se sont alors lancées dans le débat, interrogeant les politiques publiques : pourquoi une telle disparité de traitement entre salles de cinéma ? Qu’est-ce qui justifie que les unes soient lourdement subventionnées, tandis que d’autres sont lourdement taxées…. Cette disparité existe non seulement entre salles privées et salles publiques, mais aussi entre salles associatives : certaines étant insuffisamment aidées alors qu’elles jouent un rôle irremplaçable du fait de leur isolement géographique, tandis que d’autres, implantés dans des zones très pourvues en public potentiel sont largement dépendantes des finances locales. Quel cahier des charges pour les salles subventionnées ? et d’interroger : ne faut-il pas mettre tout à plat et analyser les effets de l’intervention des communes, conseils généraux, régionaux, avant de s’aventurer plus loin…

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jeudi, avril 24 2008

Communiqué de l'association ISF

Les CitronniersL'association ISF (Indépendants, Solidaires et Fédérés) se réjouit de la formidable réflexion qui traverse actuellement tous les secteurs du cinéma. Elle se félicite de la publication des rapports Ferran / Club des Treize et Perrot / Leclerc et souhaite apporter son grain de sel aux pistes ouvertes par ces deux chantiers de réflexion, dont nous avons pu constater, en nous référant à nos pratiques de longue date de l’exploitation, qu’ils pourraient bien suggérer un début de sortie de crise. La production n’a jamais été aussi dense et variée, les auteurs formidables et multiples, les productions étrangères nous arrivent de tous côtés… mais les films, quand ils trouvent une place sur les écrans, ont une vie trop brève, l’ensemble des exploitants exigent les mêmes exclusivités et, un titre chassant l’autre, le public a à peine eu le temps d’entendre parler d’un film qu’il n’est plus programmé nulle part. Il est d’autant plus urgent de se poser le problème que l’arrivée du numérique peut encore renforcer l’uniformisation en cours : il faudra être bien vertueux ou bien amoureux du cinéma pour refuser la facilité d’avoir comme tout le monde les Ch’tis, Disco ou Astérix en sortie nationale et les films les moins médiatisés auront encore moins de place qu’ils n’en ont à ce jour.
Les deux rapports nous semblent ouvrir une fenêtre vers des perspectives susceptibles de renforcer la création et la diversité culturelle. Ils rejoignent la réflexion que nous menons depuis de nombreuses années et qui nous a conduit à créer une association pour concerter nos méthodes de travail dont nous nous réjouissons de voir qu’elles vont dans le sens des préoccupations générales. À notre sens, la question fondamentale est d’abord celle de la raison d’être de nos salles : quel sens donnons nous à notre action ? Sommes-nous de simples relais passifs du marché tributaires des décisions des grands groupes ? Ou pouvons-nous encore avoir une influence active sur le fonctionnement des films, sur leur durée de vie, sur la rencontre des auteurs avec un public sans cesse élargi, sur la découverte du cinéma par de nouveaux publics ? L’exploitation cinématographique peut-elle être encore un métier inventif ? Voilà  ce que nous inspire la lecture de ces rapports :

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vendredi, novembre 23 2007

Réponse à Lionel, spectateur d’Utopia Saint-Ouen l’Aumône depuis la première gazette…

Bon, j’ai un moment de répit, et je reprends ta longue lettre.

Rappel : On a laissé faire les multiplexes, on a laissé faire la carte UGC…
Jospin disait un truc genre « on ne peut rien contre le marché » on a fait les CDEC pour encadrer les multiplexes (rires...) et Tasca calmait le jeu en promettant un encadrement sévère des cartes... Au début des multiplexes, quand Utopia interpellait au Festival d’Avignon ce cher Emmanuelli, qui était je crois président de la commission culture du PS, il nous répondait qu’il ne connaissait pas le dossier! Nous on jouait les oiseaux de mauvais augure et on prédisait ce qui allait se passer. On pétitionnait, on allait au ministère, on démissionnait du GNCR au moment du premier multiplexe, on a cessé de cotiser à l’AFCAE quand celle-ci incitait les salles à adhérer à la carte illimitée... Pas besoin d’avoir une boule de cristal, pourtant, pour deviner ce qui aller se passer. Dans tous les domaines, c’est le même topo : on déboule sur un vrai problème de société qui répond au même laisser faire politique et qui va de l’économie à l’agriculture à la culture, à l’écologie…

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jeudi, novembre 1 2007

Circuits contre salles municipales ? les bons contre les méchants ?

Vous l’avez sans doute lu, il se passe quelque chose au Royaume des salles de cinéma. Après le ralliement des salles du réseau MK2 à la carte UGC, fait qui est finalement passé comme une lettre à la poste, sans trop d’agitation et de remous ; voilà un nouveau débat qui, lui fait un peu plus de vagues : la décision par le groupe UGC d’empêcher par voie juridique l’extension du cinéma Le Méliès de Montreuil. Amplement relayé par les médias et le monde artistique, le conflit entre la salle municipale et UGC est peut-être l’occasion rêvée pour repenser les politiques des villes à l’égard du cinéma et de mettre le doigt sur les ambivalences, les contradictions et les disparités d’un système qui se veut le défenseur d’une certaine idée que les pouvoirs publics se font des salles de cinéma, mais peut parfois, aussi, produire des dommages collatéraux préjudiciables à l’ensemble des salles indépendantes (municipales ou non). Depuis 4 mois, une association regroupant des salles indépendantes fondatrices (Utopia, Pandora, l’Alhambra de Calais) et d’autres a vu le jour. ISF (Indépendants, Solidaires, Fédérés), c’est son petit nom, a pour objectif faire connaître la spécificité de notre travail et de nos points de vue, de mettre en commun des outils d’information et de travail pour assurer une meilleure promotion aux films que nous choisissons, de constituer un groupe de réflexion et de propositions.

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COMMUNIQUÉ DE L’ASSOCIATION « ISF »

Suite aux articles parus dans Le Monde, Libération et L’Humanité, concernant le projet d’extension de trois à six salles du cinéma de Montreuil, nous tenons, salles indépendantes, classées Art et Essai Recherche, ne dépendant ni des grands groupes, ni des politiques municipales, à faire valoir notre modeste point de vue, sur une approche un peu trop simpliste du problème. En effet, s’il se trouve que ce projet est contesté par deux puissants opérateurs qui semblent y voir une forme de concurrence déloyale, il nous semble opportun de souligner que nous nous sentons nous-mêmes, petits opérateurs privés, interpellés par une réalisation qui transforme, de fait, un cinéma public de bonne tenue en compétiteur dans la « cour des grands » et fait d’un élu le véritable bénéficiaire d’une opération qui ne sert qu’à alimenter les tensions sur un marché qui n’en a guère besoin.

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