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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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PIG

(Khook) Mani HAGHIGHI - Iran 2018 1h47 VOSTF - avec Hasan Majuni, Leila Hatami, Leili Rashidi, Parinaz Izadyar... AMPHORE D'OR – FIFIGROT 2018 (Festival International du FIlm GROlandais de Toulouse).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

PIGGonflé, coloré, drôle, rageur et rock'n'roll, Pig est un objet filmique totalement improbable. À des années-lumières de la critique sociale, sévère et réaliste, qui irrigue le cinéma iranien tel qu'il nous arrive habituellement, Mani Haghighi, naguère scénariste pour Asghar Farhadi, développe une idée très personnelle du cinéma. Bricolant ses films avec pas mal de références, un amour des films de genre, un sens de l'humour acéré, une esthétique sophistiquée et un penchant certain pour le surréalisme, il prend cette fois de front le sujet de la censure dont le cinéma fait l'objet dans son pays. Mais avec, on le devine, beaucoup de rouerie, il parvient à prendre le contre-pied de la censure en réalisant un film par elle inattaquable – on n'en finit pas de se demander par quel miracle Pig a pu être produit, tourné, et pour finir exporté aux quatre coins du monde.
Décidément, rien ne va pour le pauvre Hasan Kasmai. La barbe en bataille sur un tee-shirt AC/DC débraillé porté comme un dérisoire étendard, le regard noir, il est plus désabusé qu'un quarteron d'électeurs macronistes ayant cru à la transition écologique. Autoproclamé réalisateur le plus prometteur de sa génération (on n'est jamais mieux servi que par soi-même), Hasan est nettement moins apprécié du régime de Téhéran. Trois ans que, pour en avoir pris un peu trop à son aise avec les canons de la censure, il est tricard des plateaux de tournage et doit pour survivre prostituer son immense talent dans la réalisation de publicités navrantes (et psychédéliques). Trois ans, c'est long, et voilà que sa muse, sa maîtresse, la magnifique Shiva (Leila Hatami, inoubliable interprète de Une séparation), lasse d'attendre que son supposé Pygmalion soit à même de lui offrir le rôle qui la consacrera au firmament du cinéma iranien, s'apprête à accepter de jouer dans le film, un nanar historique aussi prétentieux que vain, que met en scène un rival de Hasan qui a, lui, les faveurs du Régime. Remâchant son amertume, sa jalousie et ses désillusions, Hasan doit parallèlement déployer des trésors d'imagination pour éloigner de son chemin une jeune fan un peu trop entreprenante, s'efforcer de mettre (à la demande de son épouse légitime) un peu d'ordre dans sa vie sentimentale, gérer les sautes d'humeur de sa vieille mère qui entend veiller sur lui armée d'un fusil antédiluvien…
Rien ne va pour Hasan, mais le pire est pourtant à venir : un serial-killer a entrepris de décimer les plus grands cinéastes du pays. On les retrouve l'un après l'autre décapités, tatoués d'un énigmatique « khook » (porc/pig) sur le front. Le pire, ce n'est pas que le tueur pourrait s'en prendre à lui. Le pire c'est au contraire qu'il l'ignore, niant ainsi son statut de cinéaste de premier plan. Ce qui fait descendre encore d'un cran son moral dans ses chaussettes.

Critique mordante d'une frange de la société futile et mondaine, clinquante et désabusée, Pig décrit un petit milieu d'artistes qu'on pourrait qualifier de bourgeois, privilégiés, clairement fêtards, surtout attentifs à ne pas (trop) déborder du strict carcan religieux pour pouvoir continuer à profiter des charmes fragiles d'une vie relativement insouciante. On en est encore tout ébaubi, mais c'est l'ombre de Woody Allen qui plane sur Pig. Comme chez notre binoclard préféré, l'humour, omniprésent, y est noir et désespéré. On y parle avec un cynisme affecté d'amour et de cinéma, d'égotisme et de dieu – ainsi que de l'influence des mères protectrices sur la fièvre créatrice de leurs rejetons… Cinéaste dépressif aux amours contrariées, rongé par la jalousie et entraîné malgré lui dans une bondissante comédie d'aventure sur les traces d'un mystérieux meurtrier, Hasan / Mani Haghighi est un lointain cousin iranien de notre Woody, qui aurait troqué la pompe du jazz Nouvelle-Orléans pour les riffs acérés du hard rock. Parenté improbable qui augmente encore un peu le plaisir de cette découverte ébouriffante.