DERNIER NOËL AVANT LA FIN D’UN MONDE
Le croiriez-vous ? La bonne nouvelle – car il y en a une – est arrivée le 9 novembre dernier du Conseil d’État, qui a annulé le décret de dissolution du mouvement des Soulèvements de la terre. Pris en Conseil des ministres fin juin, le décret suivait de peu la tentative de requalification – ou ...
La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...
Julie BERTUCCELLI - France 2018 1h35 - avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Alice Taglioni, Samir Guesmi, Laure Calamy... Scénario de Julie Bertuccelli et Sophie Fillières, d'après le roman de Lynda Rutledge, Le Dernier vide-grenier de Faith Bass Darling.
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Claire Darling avec lui. Dans la lumière encore peu assurée, on guette une présence dissimulée dans la ribambelle de bibelots et de mascottes qui veillent à son chevet. On a beau écarquiller les yeux, on ne voit pas ceux auxquels elle s’adresse avec un timbre de voix que l’on devine inhabituel chez elle, presque celui d’une petite fille intimidée. On hésite… La septuagénaire ne serait-elle pas en train de retomber en enfance ? Parle-t-elle à des fantômes, aux objets inanimés, ses seuls compagnons de solitude ? Ou a-t-elle juste un peu de mal à sortir d’un mauvais rêve agité ? Ni elle ni nous ne le sauront jamais vraiment. L’univers intime de la classieuse Claire Darling gardera toujours une part de mystères insondables. Oasis inviolable, passerelle entre plusieurs mondes : celui des vivants, celui des souvenirs et le dernier sans doute imaginaire. Mais ses quelques échanges avec les êtres invisibles vont provoquer un profond bouleversement, une véritable révolution dans la vieille demeure bourgeoise. La tête haute, Claire (Catherine Deneuve magistrale) convoque les vivants qu’elle croise sur son passage pour l’aider à vider subitement et entièrement sa maison. Tout doit disparaître ! Les traces de son passé qui l’aidaient à ne pas oublier, à cuver sa peine, les souvenirs de ses chers disparus. Tout le mobilier luxueux auquel elle semblait tellement attachée. Les antiquités, les tableaux signés, l’argenterie, ses automates chéris, ses collections venues du fond des temps. Oui ! Tout doit disparaître, car ce soir elle ne sera plus là. « Ils » le lui ont annoncé au réveil…
Tant et tant de choses accumulées au fil des années, au gré des héritages, des dépenses somptuaires, quand elle en avait les moyens, quand la famille possédait la plus grosse entreprise du coin… Les quatre jeunes gars bien charpentés qu’elle débauche du cirque d’à côté ont l’impression d’accomplir un travail de Sisyphe. Ils ont beau décharger des tonnes d’objets dans la cour devant la maison, il semble qu’il en reste toujours autant à l’intérieur. Claire virevolte autour d’eux, leur dispense ses indications avec désinvolture, s’attarde soudain, rêvasse, grave, repart et puis oublie.
Pendant ce temps, l’unique pancarte qui annonce le vide-grenier improvisé fait son office. Le bouche-à-oreille fonctionne vite, tout le village rapplique, les yeux grands écarquillés devant ce trésor qui s’amoncelle à portée de main et surtout de bourse. Celle qu’ils considèrent tous comme une quasi châtelaine brade ses biens à prix sacrifiés, quand elle ne demande carrément pas aux acheteurs de donner ce qu’ils veulent. Tout cela fait les choux gras du voisinage et des brocanteurs qui commencent à rôder tels des charognards. Parmi eux, Martine, une amie d’enfance de Marie, la fille de Claire. Elle est bien la seule à éprouver quelques remords et à se préoccuper de Madame Darling, qui semble passer d’un instant à l’autre par tous les états. Tantôt euphorique, sensuelle, mutine, comme libérée du poids du passé au fur et à mesure que les antiquités s’évadent vers d’autres cieux. Puis soudain figée, superbe et déchirante, alors qu’affleurent à sa mémoire les événements douloureux de sa vie. Mais le pire, ce sont sans doute ses absences, trous noirs soudains qui semblent vouloir engloutir le présent.
Martine de plus en plus inquiète décide alors d’appeler Marie (Chiara Mastroianni, la véritable fille de Catherine Deneuve) à la rescousse. Cette dernière commence par traîner les talons… Vingt ans qu’elle a mis une distance salutaire entre elle et sa mère, qu’elles ne se sont pas vues. Elle finira pourtant par rappliquer, plus pour être agréable à son amie que pour voir sa génitrice dont elle n’attend plus rien, pas même un héritage…