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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LONG WAY HOME

(Night comes on) Jordana SPIRO - USA 2018 1h27 VOSTF - avec Dominique Fishback, Tatum Marilyn Hall, Max Casella, John Jelks, James McDaniel... Scénario de Jordana Spiro et Angelica Nwandu.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LONG WAY HOMESplendide premier film sensible et organique ! Jordana Spiro (jusque là actrice) filme juste et intensément aussi bien ses personnages principaux que ceux qui passent furtivement à l’arrière plan, avec un respect et une pudeur palpables. En quelques plans bien sentis, elle dresse le portrait d’une ville, Philadelphie, d’un pays, d’une époque, les siens. Il en résulte ce petit joyau percutant qui, tout en empruntant la voie bien balisée du road-movie, progressivement la transcende, nous surprend en nous emmenant plus loin, en terres inconnues, pourtant tellement proches, intimes et universelles. Elle donne à comprendre l’intérieur de cœurs partis à la dérive, avides d’une difficile rédemption.



Le film s’amorce par quelques instants sensuels, impressionnistes : froissements d’étoffes, la chaleur d’un lit où l’on se love, petite, entre deux parents, un ventre rond qui présage la venue d’un nouveau bébé, le bruit de l’océan au loin, qui n’est autre, en définitive, que le ronronnement des voitures… En peu de mots, on devine que la famille LaMere n’a pas les moyens de ses rêves balnéaires.
Puis la caméra subrepticement glisse dans un univers clos, une cellule grise dont Angel LaMere s’apprête à sortir, la veille de ses dix huit ans. Malgré le cadre rigide de l’établissement pénitentiaire pour mineurs, ceux qui l’entourent semblent bienveillants, désireux de proposer des pistes vers un avenir improbable, essayant malgré tout de l’aiguiller sans grands moyens et sans grand espoir de réussite. Une mère morte, un père assassin, une petite sœur de dix ans, Abby, placée dans une énième famille d’accueil peu encline à accueillir la plus grande désormais majeure, nul havre de paix en vue où se réfugier… le proche avenir d'Angel a tout de la rue sans issue.
La première bouffée d’air frais hors les murs se passe sous un soleil qui irradie de solitude, et ce n’est pas le vide intersidéral de la messagerie du portable enfin rechargé qui va la meubler. Mis à part son contrôleur judiciaire et sa sœurette, tous semblent avoir lâché l’affaire. Pourtant Angel efface en bloc tous les messages d’Abby. Et ça fait un pincement au cœur : tant d’espérance transparaissait dans la petite voix enjouée qui, patiemment, persiste à demander des nouvelles au seul être qui lui reste. On se dit que ces deux-là pourraient se réchauffer, se reconstruire ensemble. On pense Angel bien insensible ou inconsciente avant de commencer à comprendre. Elle est tout au contraire extrêmement lucide. Sous ses airs arrogants, assurés, son fatalisme, elle planque une grande vulnérabilité et un profond désarroi. Marginalisée, stigmatisée, elle n’a plus rien à offrir de bon à ceux qu’elle aime, craignant de les corrompre tel le fruit gâté qui contamine le reste du panier. Et puis, elle a ce projet inavouable, périlleux, insensé dont nul ne doit se douter, dont elle doit éloigner Abby pour la protéger. Mais, ce qu’elle ne sait pas encore, c’est qu’Abby en est la clef et que sans son aide elle ne pourra pas remonter la piste de celui qu’elle recherche…

Nous voilà embarqués avec elles, au gré des rencontres incertaines. La grande faisant tout pour garder une distance, la petite faisant tout pour la rompre. Une relation tout aussi bancale que magique rendue crédible grâce au jeu de deux actrices fabuleuses et forcément débutantes, vu leur âge. Tatum (qui interprète merveilleusement Abby) a été découverte lors d’une compétition de step dance, Dominique Fishback (Angel) a été nommée aux IT Award pour la Meilleure Performance Solo dans son one-woman-show intitulé Subverted sur la destruction de l’identité black aux Etats-Unis, dans lequel elle interprète 22 personnages ! Le duo cathartique fonctionne à merveille, tour à tour joyeux ou poignant, toujours extrêmement crédible et touchant, partant ensemble pour pêcher la tendresse… Une petite merveille !