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Le blog des profondeurs...
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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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SORRY TO BOTHER YOU

Écrit et réalisé par Boots RILEY - USA 2018 1h51 VOSTF - avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson, Jermaine Fowler, Omari Hardwick, Danny Glover, Armie Hammer, Steven Yeun...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SORRY TO BOTHER YOUCassius Green est un battant. Avec un prénom de boxeur pareil, rien d'étonnant. Sauf qu' à l'exception de sa petite amie Detroit, il est le seul à le croire. Il faut dire qu'être obligé de vivre dans un garage que lui loue son oncle ne l'aide pas beaucoup à cultiver son image de winner. Aussi, quand son pote Sal lui propose de le pistonner pour intégrer la boite de telemarketing RegalView, il y voit le marchepied qui va le mener vers la gloire.
Sauf que (il va y avoir beaucoup de sauf que dans ce film donc dans ce texte), pour exceller dans le telemarketing, en plus de remiser ses scrupules au placard pour se convaincre qu'il est de bon commerce de vendre des meringues à un diabétique, il faut avoir la « bonne voix ». Et à Oakland comme dans le reste de l'Amérique, la bonne voix, c'est une voix « blanche ». Et si vous avez assez d'esprit de déduction pour deviner d'où et de qui vient son prénom, vous avez déjà compris que Cassius ne correspond pas exactement au profil.
Sauf que, à force d'échecs, de rebuffades, de camouflets, Cassius parvient à maitriser l'insaisissable accent : et ça marche ! Devenu rapidement la coqueluche de ses maîtres, il décroche la timbale et monte dans les étages réservés aux supervendeurs, oubliant au passage ses collègues d'infortunes, qui se battent pour des conditions de travail décentes. Peu lui importe au fond, puisque il concrétise enfin le rêve américain, celui du self-made man. Sauf que le rêve va rapidement tourner au cauchemar pour Cassius, quand il va comprendre dans quel enfer son égoisme l'a précipité.

Si ce résumé vous parait aussi énigmatique que lourd dans ses répétitions, rassurez-vous, c'est à dessein, tant l'invraisemblable conte moderne concocté par le magicien des platines Boots Riley (leader du groupe de rap-funck engagé The Coup) pourrait se dérouler comme un flow scandé par le gimmick « sauf que… » ; on croit partir sur une comédie sociale à la Ken Loach, et paf, sans prévenir on se retrouve dans un film d'agit-prop' matiné de réalisme magique, tirant à boulets rouges sur l'arrivisme érigé en valeur morale, l'esclavage moderne, les relations de classe dans une société américaine gangrénée par la haine raciale et la violence des rapports de domination, la bêtise des médias de divertissement, et ce nouveau capitalisme de la Silicon Valley, celui des Steve Jobs et des Jeff Bezos, aussi philantropes dans leurs déclarations qu'impitoyables businessmen dès qu'il s'agit de défendre leur pré carré face aux revendications de leurs employés.
A travers la galerie de personnages qui se débattent dans des situations de plus en plus abracadabrantesques, Riley brosse le portrait de cette communauté noire d'Oakland tiraillée entre solidarité et fuite en avant. Si Cassius se perd dans ses illusions de grandeur, Detroit incarne la lutte farouche que mènent les afro-américain.e.s pour la reconnaissance de leurs droits, « par tous les moyens nécessaires » pour paraphraser Malcolm X.

Mais que le paragraphe précédent ne vous égare pas : si Sorry to bother you est incontestablement un film engagé, c'est avant tout une comédie loufoque qui pousse très très loin la suspension de l'incrédulité, filant la métaphore de l'aliénation par le travail jusque dans ses retranchements les plus absurdes. Mélange improbable entre l'humour du Satursday Night Live et celui des Monty Python, Sorry to bother you vous embarque dans un Grand-huit anarcho-situationniste dont vous sortirez secoué, hilare, et avec une seule idée en tête : faire la révolution au son des Boom-box !