LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT

Écrit et réalisé par Eva TROBISCH - Allemagne 2018 1h34 VOSTF - avec Aenne Schwarz, Andreas Döhler, Hans Löw, Lisa Hagmeister...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

COMME SI DE RIEN N’ÉTAITLes festivals de Locarno, Stockholm, Angers, Marrakech, Munich, Macao, Thessalonique… ont tous largement récompensé la jeune réalisatrice Eva Trobisch et son actrice principale Aenne Schwarz. Tant et si bien que citer tous les prix qui leur ont été attribués prendrait trop de place ! Une reconnaissance internationale amplement méritée pour un premier film – et même un film de fin d'études ! – d'une force et d'une maturité franchement impressionnantes.
L’interprétation magistrale d’Aenne Schwarz, on n’est pas près de l’oublier ! Pourtant celle qu'elle incarne, Janne, est une discrète. Discrète ne veut pas dire réservée ni soumise, loin de là ! Janne est avant tout une femme libre, qui sait et fait ce qu'elle veut. Ce que l’on met sur le compte de la discrétion est la calme assurance de celle qui va au bout de ses envies, de ses projets, maîtrise chacun de ses pas. Difficile de résister face à sa détermination farouche et si les sentiments affleurent à la surface, cérébrale, elle n’est pas du style à les laisser dominer.
Quoi de plus normal ce soir-là, pour cette femme libre, que de partir seule, sans son amoureux, à cette rencontre d’anciens étudiants. Tous un peu guindés dans un premier temps, étalant leurs vies, leurs succès, le nombre de mômes pondus, évoquant le conjoint ou la conjointe absents, parce qu’il ou elle ne faisait pas partie de leur promotion. Rien de bien intime, que du banal, chacun joue sa partition officielle, conventionnelle. Janne observe un peu en retrait cette fête pas désagréable mais qui semble un passage obligé. Seule surprise de la soirée, le plaisir de redécouvrir Martin. Toujours aussi respectueux, attentif, plein d’humour. Le courant passe entre les deux, pas plus qu’il ne faut, tous deux sont en couple.

Un verre, deux verres, puis trois… Sensiblement on se lâche, on se trémousse sur des airs endiablés, ceux de nos jeunes années. L'alcool débride les corps, désinhibe les pulsions. Entre Martin et Janne, on sent une attirance physique réciproque mais amenée à en rester délicieusement là. Chacun frétille, sourit, lance des œillades émoustillées. À l’air libre les confidences continuent, on rit de tout, pas encore dégrisés, on sait que cela prendra des heures.
Que Martin la raccompagne, Janne n’y voit pas de mal. D’ailleurs, il n’y en a pas.
C’est en un clin d’œil que tout dérive. Il n’y aura aucun cri, aucune violence. Face à Martin, elle ne fait simplement pas le poids. À la supériorité physique écrasante, elle ne peut qu’opposer sa suprématie morale. Sa seule protection sera de rester impassible, comme vidée d'elle-même, sa seule arme sera son mépris, son ironie face à cet acte minable, pathétique, qui brise une belle connivence et toute estime de soi. Elle ne consent qu’un lapidaire « Alors c’est cela, ce n’est rien que cela ? », à ce rapport non consenti qui ne prendra que quelques secondes. Le temps pour l’homme de prendre son pauvre plaisir.
La vie reprendra son cours, comme si de rien n’était. Le mot de viol ne sera jamais prononcé, surtout face à l’adorable compagnon compréhensif de Janne, qu’elle ne veut pas plus risquer de briser que leur relation. Une fois de plus notre battante pensera garder le dessus, refusant d’accorder de l’importance à un si court épisode de sa vie, de se considérer comme une victime.

Mais le fait de se taire, la sidération résonnent parfois plus fort qu'un cri puissant…