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MENOCCHIO

Alberto FASULO - Italie 2018 1h43 VOSTF - avec Marcello Martini, Maurizio Fanin, Carlo Baldracchi, Nilla Patrizio... Scénario d'Alberto Fasulo et Enrico Vecchi.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MENOCCHIOC'est un film qui s'éprouve presque physiquement, qui se vit comme une quête intérieure, comme un voyage lointain, dans l'espace et le temps. Il y a l'âpreté de ces visages usés par la dureté de la vie, ces visages de gens de peu, besogneux, taiseux. Il y a la lumière de ce village perdu au cœur des montagnes du Friouil, dans le nord-est de l'Italie du xvie siècle. Et puis il y a l'obscurité du cachot, creusé dans le ventre de la terre, ce même sol qui accueille, non loin, les fastes dorés des palais pontificaux. C'est un film qui avance entre lumière et obscurité, entre la matière et l'esprit, entre le chaos et le divin, et il y a quelque chose d'un tableau de Rembrandt ou du Caravage dans ce Menocchio.



Le réalisateur, Alberto Fasulo, est fasciné depuis son plus jeune âge par la figure de ce Menocchio, un personnage atypique et complexe qui se niche dans l'imaginaire de sa région natale, et dont le destin tragique a traversé les siècles.
Domenico Scandella, dit Menocchio est un homme apparemment ordinaire, un humble meunier qui aurait pu tranquillement se perdre dans l'anonymat de l'Histoire. Menocchio n'est pourtant pas comme tous les autres : il sait lire, écrire, et surtout réfléchir. Il est, comme le dit dans le film un de ses détracteurs, « un esprit qui peut ». Et ceci, dans le contexte tendu et sombre de l’Église catholique romaine de la fin du 16ème siècle, menacée par l'avancée de la réforme protestante, ne peut être toléré. La condamnation, pour toux ceux qui osent s'aventurer en dehors des dogmes de l'Église, est l'anéantissement et l'arrachement tant au royaume terrestre qu'à celui des cieux : l'oubli. Accusé d'hérésie, le tenace Menocchio ne semble pas vouloir écouter les suppliques de ceux qui lui demandent de se repentir pour sauver sa vie. Menocchio n'est pas un simple rebelle, c'est un héros solitaire et têtu, intimement convaincu par sa propre interprétation du divin. Menocchio croit en la valeur de l'homme du commun, qu'il place à l'égal du puissant, du noble, et même du pape. Il est l'incarnation même de la nature, dans toute sa simplicité, sa splendeur, sa spontanéité. Mais il interpelle avec aplomb les puissants, narguant les fastes et les ors d'une Église qui est bien loin du dénuement des premiers Chrétiens… Menocchio doit se repentir ou bien périr par les flammes.

Le travail extraordinaire qu'Alberto Fasulo a fait avec ses acteurs, pour la plupart des non-professionnels, a donné vie à un chœur de visages et de voix uniques, comme si chaque personnage, avec son accent chantant, l'inflexion très particulière de sa voix, était en lui-même tout un univers. La caméra de Fasulo enquête sur les visages et les corps (souvent filmés de très près, avec insistance), se transforme elle-même en regard inquisiteur, mais c'est une inquisition bienveillante dont il s'agit, qui cherche à souligner ce que la voix n'ose exprimer. En cherchant à creuser, au-delà des détails historiques, Fasulo utilise son regard comme un lien entre le passé et le présent car son film est aussi une réflexion diablement moderne sur l’interprétation par les hommes de la chose religieuse.

La Clef des Champs trouve ici l'occasion d'aborder un peu l'Histoire locale, d'évoquer les quelques procès, débats et incarcérations qui eurent lieu dans notre ville d'Avignon aux temps antérieurs où la papauté y avait son siège... Nous pourrons aussi tenter d'éclairer quelques plans remarquables du film et de leur analogie avec les tableaux qui ont marqué l'Histoire de l'Art.