LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 7,50€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limités dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance avant 13h : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

Soutenez Utopia Palmer

RAY AND LIZ

Écrit et réalisé par Richard BILLINGHAM - GB 2018 1h48 VOSTF - avec Ella Smith, Justin Salinger, Patrick Romer, Deirdre Kelly...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

RAY AND LIZVoilà le film d'un authentique artiste et plasticien qui, comme les plus grands peintres avant lui - Jérôme Bosch pour n'en prendre qu'un, ou plus tard les expressionnistes allemands –, sait sublimer les pires des réalités pour les rendre inoubliables de beauté. Dès les premières images de Ray & Liz, on est saisi par l'impression étrange d'être à la fois piégé dans un univers étouffant et irrémédiablement fasciné. Un vieil homme habite un appartement totalement épuré de tout confort et de toute décoration personnelle. Il vit en ermite, et seul un improbable voisin lui rend visite pour lui apporter une bière artisanale qui pourrait bien être sa principale nourriture. La caméra s'attarde sur une mouche qui semble avoir plus de vie que le principal occupant des lieux. La seule fenêtre sur le monde extérieur est plutôt un hublot, au 11e étage d'un de ces immeubles déprimants des Midlands qui donne sur une ligne d'horizon brisée par les bâtiments de brique et la fumée des usines.
Lors d'un reportage d'Arte sur la naissance du heavy metal, tourné dans le Nord de l'Angleterre, on demandait aux membres du groupe Def Leppard pourquoi, en pleine période hippie, ils avaient eu envie de faire une musique aussi violente ; en réponse ils avaient juste ouvert la fenêtre et demandé au journaliste : « croyez-vous qu'on pouvait espérer quoi que ce soit ici ? ». C'est dans ces régions, plus précisément la banlieue de Birmingham, que Richard Billingham a grandi, dans une de ces nombreuses familles du sous-prolétariat de l'Angleterre ouvrière frappées par les années Thatcher. Ray, le vieil homme que l'on voit au début du film, était son père. Et avec Liz, sa mère obèse, ils formaient une famille dysfonctionnelle marquée par la misère, l'alcool et l'enfermement économique. Un environnement qui marqua sa vie au point que, devenu artiste, Billingham leur consacra durant des années son travail photographique, choquant et fascinant en même temps galeristes et public, peu coutumiers de ces univers fort éloignés de l'opulence londonienne.
À partir de ce travail photo, durant vingt ans, Billingham a mûri l'envie et l'idée de réaliser un film racontant en trois tableaux quelle fut son enfance puis la vie de ses parents, sans voyeurisme mais avec une lucidité totale. Filmer la misère, la violence d'un grand frère qui trompait et volait ses parents, et maltraitait un malheureux oncle attardé mental ; les gestes répétés et obsessionnels de sa mère pour tromper l'ennui, ses broderies ringardes, ses bibelots kitsch ou ses puzzles incessamment recommencés pour que le temps s'écoule ; la quête désespéré du jeune Richard pour gagner des amitiés et un ailleurs ; mais aussi la tendresse et la solidarité de ceux qui n'ont rien.
Et ce qui pourrait paraître repoussant devient bouleversant et beau. Alors que 99% des cinéastes se sont convertis au numérique, Billingham le photographe a filmé en 16 mm, ce format devenu totalement désuet mais qui rend tellement bien l'enfermement des personnages, l'étrangeté de leur deux pièces dans lequel ils passaient l'essentiel de leur vie. Aujourd'hui, alors que ses parents sont décédés, Billingham a quitté les Midlands pour Swansea, sur la côte galloise, et s'est d'abord lancé dans une série sur les zoos – rappel de l'existence cloîtrée de ses parents – avant de travailler sur les paysages, tel un Turner peignant inlassablement les côtes du Kent, achevant ainsi sa résurrection, lui qui aime à répéter qu'il aurait dû statistiquement, vu ses origines sociales, finir en prison ou mort prématurément, victime de l'alcoolisme ou de la drogue.