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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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L'ORDRE MORAL

Mario BARROSO - Portugal 2020 1h41 VOSTF - avec Maria de Medeiros, Marcello Urgeghe, João Pedro Mamede, Julia Palha... Scénario de Carlos Saboga.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L'ORDRE MORALTrois pointures sont à l’affiche et à l’origine de cet excellent film portugais : la remarquable et pourtant trop rare Maria de Medeiros, le maestro scénariste Carlos Saboga, à qui l’on doit entre autres le magnifique Les Mystères de Lisbonne, et le moins connu Mario Barroso, l’un des plus grands chefs-opérateurs portugais qui réalise ici son second film – dont il dirige également la photographie, particulièrement soignée. Ensemble ils réussissent un film au charme discret mais envoûtant qui se joue des codes classiques tout en les affichant. Un peu à la manière de ces hautes sociétés bourgeoises qui vous bassinent avec leur morale tout en la bafouant constamment.
Et c’est bien dans cette ambiance d’hypocrisie corsetée que navigue à vue Maria Adelaide Coelho da Cunha (Maria de Medeiros donc, filmée amoureusement). On la voudrait bonne épouse docile, servile, silencieuse ? Elle a le rang social, elle a l’argent, alors elle ose ! Elle ose s’intéresser à l’art, au théâtre, le pratiquer en s’essayant à la mise en scène de manière passionnée, quitte à passer aux yeux de sa caste pour une saltimbanque. Dans les salons on s’exclame, on l’applaudit ; dans les antichambres on jase, on est un peu gêné… Secrètement on la jalouse, on guette un faux pas. On s’empresserait volontiers d’étouffer cette liberté de ton pour ne pas avouer qu’on la lui envie. Dans le fond ce sera le seul véritable crime de Maria Adelaide : être trop moderne, en avance sur son temps, refuser de se cantonner à la place qu’on assigne aux femmes.

Car on ne l’a pas encore dit, tout se déroule en 1918, huit ans après que la révolution ait institué la première République du Portugal. Bien que la Monarchie ait été abolie, elle imprègne encore l’atmosphère de l’immense demeure de la famille Coelho da Cunha, elle empèse les tentures de velours doré et les postures de ceux qui la fréquentent. Ici les domestiques s’affairent dans tous les coins, à pas feutrés, pour protéger une intimité qui ne semble plus exister entre Maria Adelaide et son mari, trop occupé par sa maîtresse pour s’intéresser vraiment à elle. Il se pavane en paon, persuadé qu’il est de posséder à tout jamais son épouse en même temps que ses biens, jusqu’au fameux journal Diário de Notícias que son père lui a légué en héritage, et dont elle va apprendre qu’il en trame la vente sans même l’avoir consultée. Est-ce cela qui va déclencher un raz de marée dans la tête de notre héroïne ? À moins que ce ne soit l’attitude irresponsable de son rejeton trousseur de jupons ? Ou encore ce qu’elle croit être une belle rencontre opportune pour tromper la lassitude et la révolte qui la gagnent ? Il y aura décidément plus de gouttes d’eau qu’il n’en faudrait pour faire déborder un vase. Et les quelques alertes un brin loufoques qu’elle lancera à ses plus ou moins proches seront comme autant de tentatives avortées d’attirer leur attention… Ils y resteront aveugles, tandis qu’on s’attendra de notre côté au pire…

Ce qui n’aurait dû rester qu’une tempête dans un bénitier prendra des proportions que l’on n’imaginait guère, car nul ne fera de cadeau à celle qui menace l’ordre établi, considérée comme traitre à sa caste. Mais bien sûr la seule à ne pas déchoir, celle dont la noblesse ne se résume pas à un nom, c’est bel et bien cette magnifique figure de femme campée par Maria de Medeiros. À la voir si gracile, on ne saisit pas immédiatement que sa droiture n’est pas une façade mais bien la marque profonde d’une véritable héroïne du quotidien, qui malgré les ouragans ne plie pas, prête à rompre plutôt que de renier ce qu’elle est.