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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
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Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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KUESSIPAN

Myriam VERREAULT - Québec 2019 1h57 VOSTF - avec Sharon Fontaine-Ishpatao, Yamie Grégoire, Étienne Galloy, Cédrcik Amboise, Caroline Vachon... Scénario de Myriam Verreault et Naomi Fontaine, d’après son roman.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

KUESSIPANKuessipan veut dire « à toi », en langue innue. On ne va pas faire semblant de l’avoir toujours su avant de voir le film : les Innus font partie des peuples premiers, des autochtones amérindiens, que la colonisation européenne puis le découpage territorial ont peu à peu sédentarisés dans des réserves, au nord du Québec. Plus précisément la réserve de Uashat, à quelques kilomètres de Sept-Îles, le long de l’immense baie du Saint-Laurent. Quand on parle de « réserve », c’est juste un îlot de maisons à peu près identiques – qui ressemble à bien des quartiers pauvres du continent américain –, où sont relégués ceux qui ne sont pas semblables à leurs voisins blancs québécois. Dans ce contexte rude, la communauté innue se serre les coudes, régie par des règles, une culture et des modes de vie propres – et une soif de liberté que chacun partage mais qui est diversement vécue.



Kuessipan donc, « à toi », sonne comme la promesse d’une amitié éternelle, le serment que se font Mikuan et Shaniss, deux petites filles inséparables qui grandissent dans la réserve de Uashat. On les découvre dans une séquence incroyablement poétique de pêche de nuit – des lueurs trouent l’obscurité, guident les deux fillettes qui ramassent en riant des poissons que la vague amène sur le rivage. La partie de pêche se poursuit sur la plage, au sec, où les familles rassemblées chantent aux étoiles leur bonheur d’être ensemble. Mikuan, élevée dans une famille soudée et aimante, frondeuse, pleine d’empathie, veut croire aux serments d’enfants mais aussi, en grandissant, à la possibilité de réaliser ses rêves, dont celui de découvrir le vaste monde – à commencer par la petite ville québécoise voisine, distante d’une poignée de kilomètres, autant dire un autre continent… Shaniss, moins chanceuse, dont la vie semble tracée dès la naissance, de centres sociaux en familles d’accueil, ado devenant mère avant d’être vraiment femme, coincée entre les langes de son nourrisson et son cheum petit délinquant.

Elles restent les meilleures amies du monde, mais leurs chemins, doucement, divergent. Mikuan fréquente un club de poésie et envisage de partir faire ses études de littérature à Québec. À cela s’ajoute sa rencontre avec Francis, un jeune étudiant blanc, qu’elle fréquente malgré la défiance d’une partie de la communauté, dont Shaniss…

La force de Kuessipan tient à son incroyable authenticité et à la justesse de ses acteurs, tous issus de la communauté innue, notamment Sharon Fontaine-Ishpatao et Yamie Grégoire qui incarnent Mikuan et Shaniss. Le film n’est pas seulement une superbe observation impressionniste des paradoxes des Innus, avec ses moments savoureux, aussi étonnants que touchants, mais aussi le récit passionnant d’une amitié tourmentée par les divergences de choix de vie à l’âge adulte. Ce récit est adapté du roman quasi autobiographique de Naomi Fontaine – le personnage de Mikuan est son alter ego –, qui a permis à moult Québécois de découvrir les réalités des Innus : leur pauvreté, les problèmes sociaux qui les minent, l’angoisse de perdre leur culture ancestrale, le racisme latent de certains Blancs, l’incompréhension mutuelle de deux communautés qui se côtoient si peu et se méfient tellement… Le film de Myriam Verreault est cependant, et avant tout, porteur d’un très beau message d’espoir. D’abord sur la capacité des individus et des communautés à dépasser la méfiance et l’ignorance pour se rencontrer, se raconter. Surtout, elle nous dit que, quelles que soient les difficultés, quelles que soient les épreuves, il est nécessaire de croire aux serments d’enfants. Tout le récit du film n’est autre que la longue lettre adressée, par Mikuan, l’envolée, à Shaniss, qui est restée. Kuessipan, « à toi ».