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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LES OLYMPIADES

Jacques AUDIARD - France 2021 1h46 - avec Lucie Zhang, Makita Samba, Noémie Merlant, Jehnny Beth... Scénario de Jacques Audiard, Léa Mysius et Céline Sciamma d’après trois nouvelles graphiques d’Adrian Tomine : Amber Sweet et Killing and dying (recueil Les Intrus, éd. Cornélius) et Hawaiian getaway (recueil Blonde platine, éd. Seuil). Musique de Rone.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES OLYMPIADESLes Olympiades, c’est un ensemble de tours impersonnelles poussé au mitant des années 70 en lieu et place de feu la gare des Gobelins et qui domine le 13e arrondissement de Paris : une représentation possible du paradoxe de la densification (on entasse les gens sur 35 étages, par paquets de 250 à 400 logements) et de l’isolement urbains. Au siècle dernier, Alain Souchon – la référence risque de ne pas dire grand chose aux spectateurs qui ont l’âge des héros du film – en avait fait une jolie chanson triste au titre programmatique et qui colle très bien au film, Ultra moderne solitude. Les tours de béton, un peu défraîchies, surplombent la vaste dalle triangulaire bordée par la rue de Tolbiac et l’avenue d’Ivry, ses commerces, ses simili-pagodes, au beau milieu du « Chinatown » de Paris. Ce petit périmètre, amoureusement filmé dans un superbe noir et blanc – très élégant, très sobre – semble être à Jacques Audiard ce que fut Manhattan pour Woody Allen. Dans ce décor unique, il déploie son petit théâtre, sensuel et cruel, drôle parfois, des jeux de l’amour, du désir et du hasard au xxie siècle.



Émilie, étudiante précaire et délurée à Sciences Po, en questionnement communautaire, tombe malencontreusement amoureuse de Camille, son colocataire dans l’appart qui appartient encore à sa grand-mère, immigrée chinoise. Camille, prof sous-payé, sous-employé, se propose de lâcher l’Éducation Nationale pour tâter du boulot de commercial en agence immobilière et rencontre Nora. Nora qui, à la suite d’une humiliation, vient d’envoyer au diable ses études de droit (à Tolbiac) et essaie de rentrer en contact avec Amber Sweet, une « cam-girl » qui lui ressemble étrangement. Ils sont jeunes, pas vilains, ils se cherchent, se trouvent, se touchent ; ils se défont, se jalousent, se consolent, se fuient et se retrouvent… Ils sont à l’image des Olympiades, ce « quartier de mélanges » : ils viennent d’horizons sociaux, culturels, ethniques très différents, et ce n’est jamais un sujet. De jeunes adultes qui sont non pas « déclassés » comme le cinéma français aime souvent à les raconter, mais « pas encore classés ». Qui cherchent leur place dans la société, qui peinent en parallèle à s’apprivoiser et ont un rapport désorienté à des sentiments (pesants, paralysants) qu’ils s’efforcent de déconnecter de leurs relations charnelles (légères, vives, amusées). Ils sont amis, parfois amants, souvent les deux… Et on les regarde avec un bonheur pimenté tour à tour d’un peu de joie ou de tristesse, évoluer à tâtons dans les méandres de leur marivaudage moderne.

Avec ce film solaire, à mi-chemin entre la comédie sentimentale (on rit souvent, et de bon cœur) et le mélodrame, Jacques Audiard fait prendre un nouveau virage, à 180° à son cinéma. Lui offre une cure de jouvence. Le revivifie. Au diable cette fois les scénarios aux intrigues solidement ficelées, les stars de cinéma et les mises en scène millimétrées : Les Olympiades est un film en liberté, élégant mais sans affèteries, qui fait la part belle à un quarteron d’acteurs à peu près inconnus, extraordinaires de fraîcheur et de sincérité. Aux côtés de Lucie Zhang et Makita Samba, radieuses découvertes, la seule connue, Noémie Merlant (vue entre autres dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, ici co-scénariste), est magnifique. Avec beaucoup de douceur et de générosité, le film les conduit dans l’apprivoisement du sentiment amoureux à l’ombre des tours, qui perdent de leur froideur impersonnelle au fur et à mesure que les cœurs se réchauffent. C’est une formidable réussite.