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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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En collaboration avec l’AFIA dans le cadre du Cinechiacchiere, samedi 11 décembre à 10h15, la séance sera suivie d’une discussion en italien.

TRE PIANI

Nanni MORETTI - Italie 2021 1h59 VOSTF - avec Margherita Buy, Riccardo Scamarcio, Alba Rohrwacher, Nanni Moretti... Scénario de Nanni Moretti, Federica Pontremoli et Valia Santella, d’après le roman Trois étages, de Eshkol Nevo.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

TRE PIANIPremière scène somme toute banale : un accident de voiture comme il y en tant, sans gravité particulière. Juste le visage ébahi d’une gamine qui s’en sort sans la moindre égratignure. « La vie, c’est ce qui vous arrive alors que vous étiez en train de prévoir autre chose » disait Jeanne Moreau. Et c’est exactement ce qui se produit ce soir-là. Andréa, le jeune écervelé au volant, était certainement en train de prévoir de nouvelles fiestas bien arrosées, des lendemains branchés. La petite fille qui le regarde serait sagement allée attendre le marchand de sable dans son lit douillet. La dame qu’il percute projetait de vite rejoindre son gentil mari. Peut-être la seule urgence de la soirée aurait-elle été de conduire à la maternité Monica (Alba Rohrwacher plus sublime que jamais !), grimaçante de douleur sous l’effet des contractions…
Comme par ricochet, cette percutante entrée en matière va bousculer non seulement tous les plans d’Andréa, de ses parents, mais aussi ceux des habitants du bâtiment bourgeois dans lequel est venu s’enchâsser son véhicule. Car, comme l’indique son titre, le film va s’intéresser aux trois étages d’un immeuble romain, et sa partition va se jouer sur plusieurs niveaux, palpables quand il s’agit de ceux de la bâtisse, insaisissables quand il s’agit de saisir les contours flous de l’âme humaine.



Trois étages donc et trois histoires qui s’y déroulent en parallèle sans véritablement faire un tout, comme pour s’émanciper des codes assignés aux films choraux. Avec brio, avec une énergie vitale réjouissante et sans pathos, il est question de ce qui fait société, des conséquences de l’individualisme qui anéantit l’empathie, la considération de l’autre. Bien sûr, tous ici sont civilisés, bien élevés, font montre d’urbanité. Mais le vernis de politesse, illusoire rempart contre nos bas instincts, aura tôt fait de se craqueler. D’abord c’est Andréa qui, loin de faire montre de repentir, somme son daron de le sortir d’affaire. Quoi de plus simple pour un juge d’instruction que de faire jouer ses relations, d’obtenir un passe-droit ? Mais le père (interprété par Nanni Moretti, tout aussi juste devant la caméra que derrière), intransigeant et désabusé, se montre inflexible, malgré les efforts de son épouse pour le convaincre. Y parviendra-t-elle ? Dora fait partie de celles qui se taisent, peu habituées à être écoutées, accoutumées à s’effacer. Ici les rôles de femmes sont touchants et beaux. Elles apparaissent plus lucides que la gente masculine et la mécanique qui s’enclenche les invite progressivement à sortir du rang, à assumer leurs désirs, leur rage, ce qu’elles ont dans le cœur. Et ce dernier semble lourd. Lourd de dualité pour Dora écartelée entre les deux piliers de sa vie. Lourd de lucidité pour Sara qui progressivement prend conscience que son homme est rongé par une obsession irrationnelle. Lourd de silence pour la dame âgée qui vit en face et n’ose avouer que son conjoint perd la boule. Lourd de passion charnelle tue pour Charlotte qui désespère d’être enfin considérée comme une adulte. Lourd d’isolement pour Monica qui rentre seule avec son nourrisson au bras, sans que son mari en perpétuel déplacement professionnel soit venu assister à la naissance… Pourtant flotte au dessus de chaque tête une forme de fraîcheur légère, d’ambiance lunaire. L’humour sous-jacent vient en contrepoint de ce qui est poignant, le rire étant l’élégance ultime qui permet de se rebeller contre la fatalité.

L’onde de choc provoquée par l’accident aura des conséquences totalement imprévisibles en servant de révélateur aux sentiments qui couvaient. Ce qui sépare ces compagnons de palier, ces inconnus à la fois si proches et si lointains, ce n’est pas seulement quelques murs de pierre, c’est une terrible distanciation sociale atavique, fruit de l’incapacité à s’intéresser à autrui, aux bruits du monde… Mais peut-être Tre piani porte-t–il en lui les clés d’une improbable résilience, d’un sursaut salutaire réjouissant…

Cinechiacchiere, que l’on pourrait peut-être traduire par Cinécausette, est un moment après la projection où l’on peut causer du film avec des membres
de l’AFIA (Association Franco Italienne Avignon)... esclusivamente in italiano ovviamente ! Vous pouvez bien sûr tout simplement venir voir le film.