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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LICORICE PIZZA

Écrit et réalisé par Paul Thomas ANDERSON - USA 2021 2h13 VOSTF - avec Alana Haïm, Cooper Hoffman, Sean Penn, Bradley Cooper, Benny Safdie, Tom Waits...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LICORICE PIZZAUn film qui commence au son du génial Life on Mars de David Bowie ne peut pas être mauvais ! Flash back en 1973 dans la San Fernando Valley, le cœur du rêve californien. Nous sommes dans un lycée américain typique et on découvre au fil d’un superbe plan séquence le long rang d’oignons des élèves mâles bien apprêtés (autrement dit, seventies obligent : pat d’eph moules burnes et chemises pelle à tarte un peu trop ajustées) pour la photo annuelle de classe. Et là, remontant la file, s’avance une fille plus âgée que les garçons, dont la mini jupe, le déhanchement nonchalant et le regard dédaigneux font s’écarquiller les yeux et se clouer les becs. Alana est l’assistante du photographe, à qui on le fait pas. C’est alors qu’un des élèves, Gary, pourtant pas forcément le dragueur attendu (il est rouquin et un peu rondouillard) sort du rang et entreprend la belle pour l’inviter au restaurant, lui le morveux de quinze ans alors qu’elle déclare en avoir 25, avec une assurance complètement décalée, déclarant être un jeune acteur prodige, lui faisant un baratin éhonté tandis que le génial travelling se poursuit.



Contre toute attente, Alana va venir au rendez-vous, mi-intriguée, mi-honteuse d’avoir accepté. Il s’avère que Gary n’a pas menti : il est une sorte d’enfant star de séries télés, instrumentalisé par une mère âpre au gain, qui dirige une agence de publicité. Et entre Alana, qui vit coincée entre ses sœurs et ses parents juifs orthodoxes (la famille est proprement hilarante) et a furieusement envie de s’évader, et Gary, qui court les plateaux de tournage et vit de manière autonome alors qu’il est à peine pubère, va naître une relation atypique, à la fois fusionnelle et tourmentée bien que platonique (même si Gary aimerait qu’elle le soit un peu moins), sujette à de multiples rebondissements.

Paul Thomas Anderson, qui nous avait laissés envoûtés par son somptueux Phantom thread (2018) s’offre – et nous offre ! – un double plaisir : décrire avec une imagination foisonnante et nostalgique – un peu à l’image de Tarantino dans Once upon a time in Hollywood – les années 70 hollywoodiennes où tout était possible – y compris le grand n’importe quoi – et dépeindre avec une finesse et une grâce inouïes la naissance d’un amour improbable et sans cesse contrarié mais contre lequel finalement aucun des deux protagonistes ne pourra lutter. Pour faire vivre ces seventies incroyablement libres, excitantes et parfois absurdes, Paul Thomas Anderson irrigue son récit de personnages secondaires formidables : il y a Jack Holden (alter ego de William), incarné par Sean Penn, acteur totalement égocentré et phagocyté par ses personnages de cinéma, qui essaie de séduire Alana et qui est flanqué d’un ami tonitruant joué par Tom Waits, ou, encore plus hilarant, Bradley Cooper qui incarne le passablement cinglé Jon Peters, ex-coiffeur devenu producteur et ancien boyfriend de Barbra Streisand, à qui Alana et Gary viennent livrer un matelas à eau, puisque l’acteur débutant s’est lancé dans ce business incongru pour impressionner son aimée…
La mise en scène de Paul Thomas Anderson est magnifique d’invention et de fluidité : en témoignent ces séquences emballantes où les amoureux courent à travers la ville pour essayer de se retrouver, à une époque où on n’imaginait même pas que le téléphone portable pourrait exister. On est constamment sous le charme de ce boy meets girl qui nous fait croire que c’est la première fois qu’une histoire d’amour est racontée au cinéma comme ça, sous le charme des deux personnages et de leurs interprètes : la musicienne confirmée Alana Haïm et Cooper Hoffman, le fils du regretté Philip Seymour. C’est leur premier rôle au cinéma et ils sont à tomber.

PS : L'intrigant titre, Licorice pizza, renvoie au nom d'une chaîne de boutique de disques des années 70 en Californie du sud : la « pizza au réglisse », c'est le disque vinyle.