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La Paix, éternelle Utopie ?
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LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
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Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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LA LÉGENDE DU ROI CRABE

Écrit et réalisé par Alessio RIGO DE RIGHI et Matteo ZOPPIS - Italie / Argentine 2021 1h45VOSTF - avec Gabriele Silli, Maria Alexandra Lungu, Severino Sperandio, Bruno Di Giovanni...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA LÉGENDE DU ROI CRABE« Et si nous faisions confiance à la fiction ? Depuis le fond des âges, dans toutes les cultures, nous déployons une énergie sans limites pour nous raconter des histoires ; à cette étrange manie, il doit bien y avoir une raison ! » (Michel Le Bris)

Heureusement qu’après des décennies de déconstruction narrative, il existe encore des conteurs qui aiment raconter pour raconter et pour qui cet acte essentiel est demeuré une rampe d’accès privilégiée au monde et à ses mystères. Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis, duo de réalisateurs italo-américains nés en 1986, sont précisément de ceux-là, se penchant depuis leurs débuts, en 2013, sur le legs foisonnant du folklore paysan et de la tradition orale transalpine. Leur premier long-métrage de fiction, La Légende du roi Crabe, en atteste brillamment, en retrouvant cette clarté d’énonciation et ces miroitements enchanteurs propres au registre de la fable.

De nos jours, dans un petit village perdu de Tuscie, en Italie, où gisent encore de nombreux vestiges étrusques, une bande de vieux chasseurs sont attablés pour se dire des histoires. Celle du jour, rejouée comme un vieux standard, concerne Luciano, ivrogne du xixe siècle, resté célèbre pour avoir défié le pouvoir local.
Errant dans la campagne, le Saint Buveur à la barbe folle et au regard perçant noie son spleen et son ennui à longueur de journée. Seule Emma, la plus belle pousse du village, semble le réconforter. Un pendentif, trouvé dans la rivière, devient le symbole de leur amour interdit…(le père de la jeune femme ayant d’autres projets plus rentables en matière de mariage). Le Prince, seigneur de la province, dans cette Italie encore féodale, manifeste son autorité par la suppression d’un droit de passage, un raccourci pourtant utile à tous les villageois, mais longeant son domaine. Luciano, qui refuse cette autorité écrasante, s’oppose alors à la tyrannie du maître et va commettre l’irréparable dans un accès de fureur. À la suite de son héros envoyé en exil pour son geste de lèse-majesté, le film se transporte alors outre-Atlantique, en Terre de Feu argentine.
À la fable paysanne succèdent alors la quête aventureuse et le motif de la perte de soi au cœur de l’immensité, digne du cinéma de Werner Herzog. Entouré de mercenaires et d’orpailleurs, Luciano, sous une fausse défroque de prêtre, cherche un trésor dans les solitudes de paysages arides, avec pour seule boussole un animal totem : un crabe dont la rumeur dit qu’il doit lui montrer le chemin. Animaux légendaires, solitudes hallucinées et changements de costume : c’est cette fois tout un fonds épique et feuilletonesque, de Stevenson à Conrad en passant par Jack London, qui remonte à la surface.

La beauté du film tient d’abord à la sûreté de trait de sa mise en scène, qui cherche à retrouver une âme populaire immémoriale dans les formes de sa tradition, les visages qui s’offrent à la caméra, mais aussi les théâtres de nature où s’ancre le récit. Le grain dense de l’image, les somptueuses compositions des cadres, la picturalité des plans achèvent de faire du film non seulement une joie pour l’œil, mais une formidable agrégation de la réalité et de l’imaginaire. La scène où Luciano et Emma s’étreignent à la discrétion d’un lac dont la surface éclate de scintillements, comme autant de reflets de leur amour, est de celles qui ne s’oublient pas.

(d’après M. Macheret, Le Monde)