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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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RETOUR À REIMS (fragments)

Jean-Gabriel PÉRIOT - France 2021 1h23 - avec la voix d’Adèle Haenel... D’après le texte Retour à Reims de Didier Eribon, parsemé de judicieuses archives cinématographiques et de l’INA.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

RETOUR À REIMS (fragments)« J’avais fui ma famille et n’éprouvais aucune envie de la retrouver » écrit Didier Eribon. Pourtant ce passionnant documentaire sonne le temps des retrouvailles, celui de la réconciliation autant avec sa propre histoire familiale qu’avec l’histoire collective, les deux intimement imbriquées. Et l’on verra vite avec quelle force les deux riment avec la grande oubliée de ce siècle, l’histoire de la classe et de la pensée ouvrières.
« Tant que les lapins n’auront pas d’historiens, l’histoire sera racontée par les chasseurs » constatait Howard Zinn…



Grâce à un montage et une mise en scène impeccables – à ce stade de maîtrise de l’agencement des images d’archives, on peut même parler de haute virtuosité – qui font la part belle aux images et rendent très présent le passé, Jean-Gabriel Périot raconte l’histoire du xxe siècle depuis le point de vue des dominés et cela éclaire toute notre époque, ses dérives extrémistes. Il montre ces corps invisibilisés par les médias, ces corps abîmés par la chaîne, les rudes conditions de travail.
Le réalisateur, en faisant le choix de ne pas rependre l’intégralité du texte originel mais en concentrant le récit sur sa partie plus féminine, rend un bel hommage à toutes celles qui n’avaient d’autre choix que de se taire ou perdre leur emploi, les exploitées, les tondues d’un système de domination patriarcal jadis incontournable et incontesté. Le choix de confier la narration (des extraits donc du texte d’Eribon) par une femme, Adèle Haenel, dont la voix vibre d’une calme révolte, donne au récit une ampleur d’autant plus universelle.
Pourquoi avoir fui sa famille, qui fut sans doute aimante, à sa manière ? Sans doute pour s’en émanciper comme beaucoup. Sans doute parce qu’elle semblait représenter tout ce que le sociologue et philosophe Didier Eribon combattait : le rétrécissement de la pensée, la xénophobie, l’homophobie… Pourquoi alors cette tentation d’y revenir ? Ce retour vers son lieu et milieu d’origine, ses racines, le transfuge qu’il est devenu l’entreprend une fois son père parti, comme si la parole pouvait enfin se libérer, comme s’il lui devenait possible de creuser le passé pour tenter de comprendre pourquoi et comment le vote ouvrier a fini par sanctionner la gauche au profit de l’extrême droite.
En démarrant l’aventure par celle de la grand-mère de Didier Eribon, le film tord le cou aux idées reçues qui voudraient que toutes les femmes des années 30 aient été naturellement dociles et serviles. Il nous raconte la force de volonté de celles qui, humiliées par le système, ont voulu et ont su s’en émanciper. Ce dont rêvaient ces femmes, ce n’est pas tant de richesses, mais d’une liberté qui ne leur était pas accessible faute de moyens, fautes d’études, à une époque où même les ambitions d’ascension les plus modestes restaient hors de portée. Leurs parcours sont représentatifs d’une reproduction sociale implacable à laquelle il est quasiment impossible d’échapper. Critique sans concession d’un système éducatif faisant tout pour que la classe ouvrière reste à sa place, pour qu’elle n’aie pas accès à une culture qui aurait pu lui permettre de s’émanciper. Et puis ce sentiment prédominant de la honte, celui de ne pas être reconnu, de ne pas avoir réussi, celui qui perdure avec le temps, sur les ronds-points des Gilets jaunes. Celui aussi de ne plus savoir à quel saint, à quel parti se vouer, celui qui fait dire que voter à droite ou à gauche, c’est du pareil au même, tant cette dernière a trahi… Non seulement passionnant, mais essentiel !