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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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ÉVOLUTION

Kornel MUNDRUCZO - Hongrie / Allemagne 2021 1h37 VOSTF - avec Lili Monori, Annamaria Lang, Goya Rego, Padme Hamdemir, Jule Böwe... Scénario de Kata WEBER. Co Produit par Martin Scorsese.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ÉVOLUTION« Une confrontation à l’Histoire. Exaltant et libérateur. » (Martin Scorsese, par ailleurs co-producteur du film)

C’est un film hors normes, saisissant, époustouflant, et sa première séquence est probablement une des plus impressionnantes et perturbantes performances de mise en scène qu’il nous ait été donné de voir depuis bien longtemps. Aussi forte que celle qui ouvrait un autre film hongrois inoubliable, Le Fils de Saul, de László Nemes. On y voit trois hommes vêtus de manteaux de cuir noir, armés de grands balais et de seaux lourdement remplis d’eau, pénétrer dans une grande pièce vide, sinistre, qu’on dirait souterraine, en tout cas dépourvue de fenêtres et baignée d’une lumière jaune blafarde. L’air anxieux, tendus à l’extrême, ils se mettent à lessiver frénétiquement les sols et les murs, découvrant dans les lézardes des cheveux qui dépassent, des cheveux qui deviennent des mèches, des touffes puis d’énormes entrelacs formant des cordes inextricables. On comprend vite que cette scène dantesque, passant du réalisme le plus brut au fantastique le plus inquiétant, tournée intégralement en un seul plan séquence vertigineux, est une allégorie de la barbarie nazie. Nous sommes en 1945, au moment de la découverte par l’Armée Rouge des camps d’extermination. Et, apothéose de ce premier mouvement – le film est composé de trois parties distinctes, se déroulant à trois époques différentes –, les soldats soviétiques vont trouver dans les entrailles de la chambre à gaz, miracle au milieu de l’horreur absolue, un enfant...



Dans la deuxième partie, nous sommes à Budapest, plusieurs décennies après la fin de la guerre. Et on découvre Eva, ancienne rescapée des camps, qui reçoit dans son petit appartement tristouille la visite de sa fille : Lena est venue pour essayer de convaincre sa mère de participer à une cérémonie qui pourrait lui permettre de percevoir les dédommagements financiers auxquels elle aurait pu prétendre depuis longtemps. Mais Eva ne veut pas se résoudre à cette démarche, elle veut qu’on la laisse tranquille, qu’on la laisse oublier… et s’ensuit un dialogue de sourdes autour de l’identité juive, de la mémoire, de la peur, de la honte, et ressortent tous les reproches d’une fille qui a le sentiment d’avoir eu son enfance gâchée par les angoisses maternelles.
La dernière partie se situe quelques années plus tard, à Berlin, où vit Lena avec son fils Jonas, un adolescent gentiment rebelle qui voudrait cesser de porter le poids de l’héritage familial. Alors même que se prépare la procession chrétienne de la Saint-Martin, à laquelle participe son lycée, sa mère lui a fabriqué une lampe traditionnelle juive… évidemment source de quolibets de la part de ses camarades…
Servi par le brio incroyable de sa mise en scène, qui se joue d’univers, de sensations, de rythmes très différents, Évolution est une passionnante et libératrice (pour reprendre le mot de Scorsese) réflexion sur la complexité du rapport à l’identité juive et à la mémoire de la Shoah, sur le besoin pour les nouvelles générations de tourner la page – une réalité incarnée par le personnage de Jonas qui noue une relation lumineuse avec une jeune musulmane –, tout en ne niant pas la recrudescence de nouvelles formes inquiétantes d’antisémitisme.

Après les très beaux White god et La lune de Jupiter projetés dans nos salles, nous avions, l’an dernier, eu le plaisir d’accueillir Kornél Mundruczó pour son film Pieces of a woman (condamné malheureusement à n’être vu qu’exceptionnellement au cinéma ou sur Netflix) durant le Festival d’Avignon, où il présentait également une pièce inspirée de la même histoire. Il s’impose définitivement comme un des grands cinéastes à suivre de très près.