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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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MEN

Écrit et réalisé par Alex GARLAND - GB 2022 1h40 VOSTF - avec Jessie Buckley, Rory Kennear, Paapa Essiedu, Rory Kennear, Gayle Rankin, Rory Kennear, Sonoya Mizuno, Rory Kennear...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MENAprès que son petit ami – dont ont apprendra par la suite qu’il était violent envers elle – est mort, passé par la fenêtre, Harper fait retraite dans un cottage de la campagne anglaise, loué à un particulier. Elle est accueillie par le propriétaire, Geoffrey, un gentleman farmer aux dents freddymercuriennes, un tantinet rougeaud et doté d’un accent british presque caricatural. On reconnaît, même si on ne connaît pas son nom, Rory Kinnear – cité plusieurs fois dans le générique, ce n’est pas une erreur. Affable, il se permet toutefois de trouver les bagages de sa locataire assez lourds, de faire une mauvaise blague sur le pommier du jardin et de poser une ou deux questions indiscrètes. Peut-être sommes-nous, de même que Harper, un peu susceptibles… Parce qu’enfin il a l’air sympa, ce Geoffrey, arrêtons donc le mauvais esprit. Harper prend ses quartiers, entreprend de visiter le petit bois derrière la maison et, alors qu’elle fait résonner sa voix sur les parois d’un long tunnel, réveille ce qui a tout l’air d’être un homme tapi tout au fond. Moussu, le corps nu parsemé de feuilles – un peu comme Adam, le coloc d’Ève au jardin d’Eden, mais en beaucoup plus flippant : pas de doute, la créature a bien le visage de Rory Kinnear elle aussi, l’acteur livre une performance à la fois spectaculaire et franchement ingrate. À partir de là, Harper ne cessera de voir le mâle partout. Chaque homme qu’elle croise aura la même tête, avec une perruque, un look, un maquillage différents : le policier qui vient surveiller la propriété, les deux poivrots du pub, le serveur, le gamin sur les marches de l’église et le pasteur aussi. Ce n’est pas tant cette similarité physique qui perturbe la jeune femme que l’escalade de mini-agressions que tous ces hommes lui font subir en quelque jours. La toxicité masculine, elle en a pourtant soupé. Peut-être est-ce ça que ce week-end d’horreur va exorciser…

Quand Harper débarque en campagne, son autoradio chante Love song de Lesley Duncan. « Love is the opening door / Love is what we came here for » dit le morceau, introduction pour l’heure et demie qui va suivre d’une grammaire filmique à base de portes qui s’ouvrent, par erreur ou de force, et se claquent, se cadenassent ou même, sans être fermées à double tour, protègent Harper des assauts de cet effrayant ennemi masculin. Pendant un temps, Men s’approprie les codes du « home invasion movie » – sous-genre du film d’horreur qui se définit par l’intrusion d’individus au sein d’un domicile privé, pour séquestrer et violenter ses occupants : les réussites du genre vont du basique Scream de Wes Craven aux beaucoup plus conscients et politisés Funny games de Michael Haneke ou bien sûr Parasite de Bong Joon-ho. Mais le film relate avant tout le parcours traumatique et cathartique d’une femme hantée par l’homme qu’elle a un jour aimé et les violences qu’il lui a infligées.

Confrontée à des agresseurs plus ou moins dangereux qui ont donc tous le même visage, Harper doit traverser l’enfer des hommes pour transcender le traumatisme et le remettre à sa juste et petite place. C’est en moins de deux heures qu’Alex Garland fait converger la démarche politique, l’écriture érudite et la mise en scène précise pour capter la triste vérité de l’ultra-moderne solitude au féminin. (D’après Emmanuelle Spadacenta, cinemateaser.com)