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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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BUTTERFLY VISION

Maksym NAKONECHNYI - Rép. Tchèque/Croatie/Ukraine 2022 1h47 VOSTF - avec Rita Burkovska, Natalya Vorozhbit, Daria Lorenci, Lyubomyr Valivots... Scénario de Maksym Nakonechnyi et Iryna Tsilyk.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

BUTTERFLY VISIONLe papillon du titre, Butterfly, c’est le nom de code de Lilia, engagée volontaire au Donbass dans la guerre qui oppose à ce moment de l’Histoire l’Ukraine aux forces séparatistes soutenues par la fédération de Russie. Lilia est spécialiste de reconnaissance aérienne. Vigie virtuelle, elle survole par drone interposé les zones de combats, passe sous les radars, surveille les dangers venus des quatre horizons, géolocalise les cibles potentielles. Moins exposé qu’un pilote d’avion, le pilote de drone est néanmoins limité par le rayon d’action de son appareil – et pour plus d’efficacité doit s’aventurer physiquement à sa suite en territoires ennemis. La vision du papillon, c’est donc le regard plongeant et pixelisé, aux couleurs atones et presqu’irréelles, que Lilia porte sur la guerre et les images qu’elle en rapporte : des images de jeux vidéos immersifs, mais en vrai. Le regard du papillon, c’est aussi celui que Lilia, faite prisonnière et relâchée quelques mois plus tard par ses geôliers au gré d’un échange de prisonniers, porte sur la société ukrainienne. Sa famille, son mari – ce pour quoi elle était partie se battre et qu’elle retrouve « à l’arrière » à son retour, le temps d’un débrief avec ses supérieurs, très court pense-t-elle, avant de repartir au combat. Mais ça ne se passe pas tout à fait comme prévu. Notamment parce que, violée en détention, Lilia se découvre enceinte. Et que l’avortement qu’elle envisage d’abord comme une formalité ne l’est pas tant que ça. Que cette situation complique singulièrement sa vie de couple. Que sa famille n’est pas forcément prête à accepter ses choix. Et que la société ukrainienne, finalement, n’est pas si unanimement fière que ça de ses glorieux combattants, qui reviennent du front avec des traumatismes, moraux, physiques, qu’elle préférerait ne pas voir – et en compensation quelques passe-droits mal acceptés.

« Welcome to hell ». Le tag, visible sur une ruine dans les premiers plans, annonce la couleur. Âpre, tendu, Butterfly vision est d’un réalisme des plus crus pour évoquer – non la guerre, ce n’est pas à proprement parler un film de guerre, mais l’idée qu’on s’en fait, loin des combats. Tourné avant que l’Ukraine soit embrasée par les assauts de l’armée russe, Butterfly vision raconte sans angélisme une société appauvrie, abimée par le conflit et en même temps déchirée par ses propres démons, gangrenée par un nationalisme et un racisme difficiles à circonscrire aux seules limites des combats, et dont les communautés Rom font les frais loin du front. Femme, combattante, violée, blessée, souillée, Lilia garde pourtant la tête haute, le regard franc et clair, et une appréciation lucide de sa situation propre – civile comme militaire. Sa détermination sans faille sert de fil conducteur au film.

Rita Burkovska interprète le personnage de Lilia avec une rare puissance, blessée, tout en émotion rentrée, mais qui reste malgré tout encore perméable aux sentiments, les siens et ceux des autres.