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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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EL AGUA

Elena López Riera - Espagne 2022 1h44 - avec Luna Pamies, Barbara Lennie, Nieve de Medina, Alberto Olmo...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

EL AGUAC’est un film étrange et fascinant, qui réussit la prouesse de combiner un naturalisme radical dans l’évocation dénuée de tout exotisme d’un coin rural du Sud-Est espagnol, et une forme de mysticisme païen qui flirte avec le meilleur du fantastique, à savoir celui dont on ne sait s’il est le fruit de notre imagination ou du pouvoir de suggestion de la mise en scène.

Nous sommes à Orihuela, dans le district de Valence, une région qui souffre d’un double problème paradoxal : d’une part le manque cruel d’eau, ce qui n’a pas empêché la culture intensive des arbres à agrumes – fort gourmande en eau – d’y prospérer. Et d’autre part, une fois toutes les décennies, des crues dévastatrices qui sont devenues au fil des siècles une source d’angoisse récurrente pour la population. Ces crues dantesques ont donné naissance à des légendes auxquelles croient dur comme fer les habitants, en particulier celle qui raconte qu’un fleuve jaloux enlèverait à chaque crue les plus belles jeunes filles du village…
Les jeunes, filles et garçons, parlons-en : ici on est bien loin de Madrid, de Barcelone, et même de Valence – distante quand même de plus de 200 kilomètres –, ces métropoles actives et festives. Ici la jeunesse s’ennuie ferme et rêve d’ailleurs, où qu’il soit. Car le Sud d’ici n’est pas celui de carte postale de l’Andalousie voisine : aucun touriste, même l’été, ne vient fréquenter les berges boueuses du fleuve menaçant, et encore moins les bars tristouilles où les locaux trompent l’ennui. Ana, dix-sept ans, d’une beauté incendiaire, est d’ailleurs la fille de la patronne d’un bistro, une non moins troublante quadragénaire, et cet été-là, elle tombe sous le charme du beau José, qu’on appelle « l’étranger » parce qu’il aurait passé quelques années à Londres avant de revenir au pays pour aider son père, propriétaire d’une des principales orangeraies du coin. Mais cet amour naissant contrarie les projets du père en question, qui compte bien que son garçon se stabilise et l’épaule pleinement sur son exploitation, alors qu’Ana ne rêve que de quitter la région…

El agua décrit au plus juste cette jeunesse rurale désœuvrée et en mal d’espoirs que l’on voit peu dans le cinéma espagnol, incarnée exclusivement par des acteurs non-professionnels. Le portrait évite tout manichéisme, toute simplification : on suit ces jeunes dans leur soif d’évasion et de fêtes – scènes de rave électro au milieu de nulle part, où l’on s’enivre pour oublier son terne quotidien ; mais on découvre aussi leur attachement aux traditions et à la famille, particulièrement décrit dans les relations complexes de José avec son père ou d’Ana avec sa grand-mère, fervente adepte de la sorcellerie ancestrale. Ou encore dans la façon dont ils prennent à leur compte les gestes séculaires du travail : quand José apprend à monter des murs de brique ou quand Ana prépare les artichauts avec sa grand-mère… Dans le même temps, la réalisatrice crée une ambiance fascinante en nous faisant partager l’attente angoissante de l’orage et de la crue qui ne manquera pas de suivre, une attente hantée par la légende du fleuve amoureux et cruel – trouvaille originale : des interviews documentaires viennent interrompre la fiction et ancrer cette légende dans le quotidien des habitants. Le sort a voulu que, peu après l’écriture du scénario, la région connaisse en 2019 une crue historique et meurtrière, et la réalisatrice a nourri son film des images terribles filmées par les habitants eux-mêmes, renforçant le poids de la réalité dans cette troublante fiction.