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La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...

LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde  avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...

Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...

Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ? 
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...

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Rencontre à l’issue de la projection du jeudi 8 juin à 20h15. Le film est également programmé du 17 au 25 mai.

TEMPS MORT

Ève Duchemin - Belgique 2023 1h58 - avec Karim Leklou, Issaka Sawadogo, Jarod Cousyns, Johan Leysen, Blanka Ryslinkova, Hassiba Halabi...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

TEMPS MORT« On ne connaît un pays que quand on a vu ses asiles, ses hôpitaux et ses prisons » (Goliarda Sapienza)

C’est une chose de sortir de prison, c’en est une autre de se libérer de la prison. De retrouver, une fois dehors, sa place – juste une place dans une société devenue étrangère, hostile, qui s’est protégée par l’enfermement du danger qu’on pouvait représenter pour elle.

Ainsi Hamousin, Anthony et Colin, trois hommes aux histoires et aux parcours aussi dissemblables que possible, qui n’ont en commun que de les avoir tous trois conduits à purger des peines d’inégales durées dans une prison, suppose-t-on, de la banlieue liégeoise. Et tous trois également à quelques heures de pouvoir profiter d’une sortie de 48h, accordée par la justice belge. Pour chacun, les enjeux de cette (trop) courte « permission » ne sont pas tout à fait les mêmes. Si Hamousin, qui voit poindre la fin possible d’une très longue incarcération, est contraint de mettre ce temps à profit pour faire la preuve de sa capacité à se réinsérer dans la société (concrètement signer le contrat de travail qui lui permettra d’envisager une véritable remise en liberté), Anthony doit retrouver une impossible place au sein d’une famille qu’il a laissée en lambeaux, et qui s’efforce de transformer en fête des retrouvailles sur lesquelles pèsent les non-dits de l’incarcération, ses motifs et ses effets. Fête qu’il manque à tout instant de faire chavirer, malgré le cocktail médicamenteux qui le maintient dans un semblant de sociabilité cotonneuse et le préserve de la peur panique, vertigineuse, du dehors. Quant à Colin, le plus jeune, il est confronté à la fraîcheur de l’accueil de sa famille, à l’enthousiasme de façade de celui de ses anciens complices – et ne parvient pas à arbitrer les tiraillements de ses sentiments et de ses aspirations contraires. Les trajectoires des trois hommes à l’extérieur ne se croisent pas, mais sont racontées de front, rythmées par le décompte horaire qui rappelle impitoyablement que 48h sont vite passées.

À l’injonction qui leur est faite de « rattraper le temps perdu », le film oppose la fuite inexorable du temps, qu’il se mesure en semaines, en mois, en années ou en décennies, l’impossibilité de fait de « rattraper » quoi que ce soit. Les vies, qui se figent à l’intérieur, suivent naturellement leurs cours à l’extérieur, créant des fossés abyssaux impossibles à combler. Venue du cinéma documentaire, Ève Duchemin a précédemment raconté, dans plusieurs films, le milieu carcéral – les détenus, les surveillants, une directrice, les murs, les couloirs, les serrures, la promiscuité, le bruit, les rondes… « Forte d’une expérience de trois années à arpenter la prison de Liancourt (dans l’Oise, ndlr), je ne pouvais pas quitter ce monde carcéral avant d’avoir fait la part belle aux détenus. Chargée de leurs récits, et comme une envie de pied de nez, j’ai voulu cette fois les filmer sortir. Les voir passer enfin cette grande et lourde porte de métal, le temps d’une permission. [Mais] il m’était impossible d’imaginer filmer un détenu dans ses deux seuls jours de liberté conquise. Ma caméra aurait-elle été légitime au moment où il aurait embrassé sa mère ? ». Temps mort est donc une réponse possible, éthiquement acceptable, scénarisée, interprétée, évidemment nourrie d’une multitude de récits très réels, à cette interrogation : comment des corps contraints qui se retrouvent jetés dans la société pour quarante-huit heures peuvent-ils se comporter ? Dans des registres radicalement différents, les trois comédiens incarnent avec puissance et sensibilité ces trois hommes, leurs peurs, leurs fêlures, leurs doutes, leur soif de vivre, leurs renoncements. Karim Leklou, Issaka Sawadogo et Jarod Cousyns, à égalité, portent magnifiquement le film et, devant la caméra généreuse et bienveillante de la réalisatrice, lui confèrent une intensité sidérante.

Retrouver la critique du film par Michel Fladrin et l'interview de Eve Duchemin