Chiche, on achète… Tous ensemble, pour que Rosmerta continue !
L’association Rosmerta est un centre social autogéré pour jeunes réfugiés, qui occupe depuis décembre 2018 un bâtiment du diocèse, au centre d’Avignon. Rosmerta lance une SCI (Société Civile Immobilière) citoyenne pour acheter sa propre maison. Rejoignez l’aventure !L’objectif est de recueillir ...
La LDH, attaquée, appelle au combat pour les libertés et la démocratie
Le ministre de l’intérieur menace de lui supprimer ses subventions, la première ministre lui reproche ses « ambiguïtés », d’autres polémistes de droites extrêmes leur faisant écho.Si on peut reprocher quelque chose à la LDH, c’est la constance de ses positions et de ses combats. Créée en 1...
UTOPIA PALMER LANCEMENT D’UN FINANCEMENT PARTICIPATIF
Pour un cinéma alternatif et vivant, sur les hauteurs du parc Palmer à Cenon, petite ville de 30 000 habitants faisant partie de Bordeaux Métropole.À l’heure où les professionnels cherchent désespérément la recette miracle du « retour du public en salles », entre prestations...
Augmentation en vue…
Voilà, c’est maintenant, on ne peut plus reculer. Tout augmente, Utopia doit s’y résoudre aussi. Plus de cinq ans (octobre 2017, la fois d’avant c’était mai 2013) que nos tarifs sont inchangés. Malgré l’inflation, la crise des subprimes, les sécheresses, les inondations, le mildiou, la dispari...
Également au programme - THE PLOT AGAINST HARRY - VENGEANCE IS MINE
Écrit et réalisé par Michael ROEMER - USA 1964 1h30VOSTF - avec Ivan Dixon, Abbey Lincoln, Julius Harris, Gloria Foster, Yaphet Kotto... Musique : divers artistes de la Motown, dont The Miracles, The Marvelletes, Martha and the Vandellas, Mary Wells – et un certain Little Stevie Wonder.
Du 17/05/23 au 25/06/23
Ils sont une petite bande de cheminots itinérants, qui terrassent, posent des rails et fixent des traverses, sillonnent le pays selon le programme de développement du chemin de fer. Leurs baraquements de fortune se suivent et se ressemblent, de ville en bourgade, du nord au sud et d’est en ouest. Peu de trêves, peu de repos, un travail très physique et pas d’attaches, en contrepartie d’un plutôt bon salaire – et une réputation de bad guys infréquentables qui leur colle à la peau. Noire, la peau. Normal : dans l’Amérique des années 60, et a fortiori dans les états du Sud, un sale boulot, manuel, dur, répétitif, sans perspective d’avenir ni possibilité de concilier une vie de famille ou même sentimentale, c’est fatalement réservé aux moins considérés d’entre les prolétaires. Donc aux Noirs. Duff, la petite moustache avantageuse, est sans doute le plus jeune et le moins bavard du groupe de travailleurs taiseux et solidaires, qui est pour l’heure fixé dans un coin perdu d’Alabama. Tandis que, pour se délasser, ses camarades tapent le carton, vont tuer le temps autour d’une bière au comptoir avec une prostituée fatiguée, Duff dérive jusqu’aux portes de l’église baptiste où se célèbre un office chanté tout ce qu’il y a de vibrant, mené de main et de voix de maître par un prédicateur charismatique. Pourtant, ces célébrations, ces transes, comme l’expression exacerbée d’un besoin viscéral de croyance, « ces cris » comme il dit, ce n’est guère son truc à Duff. Lui, le taciturne à la foi incertaine, ce qui le ferait plutôt vibrer, c’est Josie. Josie, la fille du pasteur, cultivée, institutrice, qui ne quitterait pour rien au monde son école alors que les enfants ont tant besoin d’une instruction de qualité. Josie qui pour autant n’est pas insensible au charme de Duff. Toute la question étant de savoir si, en se sédentarisant par amour, l’indomptable cheminot cabossé par la vie pourrait trouver sa place et se couler dans le moule d’une petite société fermement tenue entre les tenailles de la domination blanche.
Par quelque bout qu’on le prenne, Nothing but a man est enthousiasmant. La photo, superbe, sans affèteries, dont le cadre parfait et le noir et blanc impeccable disent instantanément tout d’une scène, d’un lieu ou d’une situation – la séquence d’ouverture, splendide, qui plante en quelques plans le décor, le contexte et le personnage, est un modèle du genre. La bande son qui mêle sans ostentation mais avec sensibilité et intelligence la musique du film à la musique dans le film, participant à son ambiance particulière. L’écriture, sèche, précise, dégraissée de toute tentation mélodramatique, de toute psychologie de bazar, entièrement concentrée sur les actions et les interactions entre les personnages principaux, en lutte permanente contre les assignations raciales, sociales, sexistes, qui leur sont imposées. Les comédiens, quasi exclusivement noirs (l’immersion dans la vie de Josie et Duff est totale), pour partie amateurs, pour partie professionnels, apportent au film une émotion et une tension palpables – Ivan Dixon, qui a fait ses débuts devant les caméras de Richard Brooks et d’Otto Preminger, et Abbey Lincoln, dont la carrière de chanteuse commence à décoller, militent alors activement dans le mouvement pour les droits civiques.
On n’en revient toujours pas que cette pure pépite de cinéma, qui a tout du chef-d’œuvre instantané, ait pu rester aussi longtemps méconnue – en tous cas de nous. Car d’autres ont su en leur temps déceler son importance : Malcolm X, dont c’était le film préféré, et le jury du festival de Venise de 1964, qui lui décerna le prix de San Giorgio, attribué aux « films particulièrement importants pour le progrès de la civilisation ». De fait, après l’avoir découvert, on ne peut qu’abonder dans ce sens. Important, nécessaire, et d’une puissance d’évocation et d’une simplicité qui forcent le respect. Et on parle ici d’un tout premier film, volontairement réalisé en marge de l’industrie hollywoodienne, par un jeune réalisateur époustouflant qui, en tout et pour tout et au terme d’une carrière pour l’essentiel consacrée à l’enseignement du cinéma, n’aura signé que trois longs métrages – les trois films incroyables qui sortent en 2023 – si tard ! – sur les écrans.