La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Justine Triet parle d’or
Il aura donc suffi de quelques mots, à peine, pour que la Ministre de la Culture, celui de l’Industrie, quelques maires et députés de la majorité, volent dans les plumes et la palme de Justine Triet, réalisatrice couronnée d’Anatomie d’une chute, sermonnant en substance : « ce n’est pas bi...
Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ?
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...
Séance unique le mercredi 4 octobre à 18h30 présentée par Jacques Parsi, collaborateur artistique de Manoel de Oliveira.
Manoel DE OLIVEIRA - Portugal 1981 2h47 VOSTF - avec Teresa Meneses, Diogo Doria, Mario Barroso, Manuela de Freitas...
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Francisca, film magnifique, insolent et classique, expérimental et désuet, auprès duquel n’importe quelle audace d’aujourd’hui fait pâle figure, est le premier film totalement « accompli » du cinéaste, celui qui pose le style en toute rigueur et voit une sombre folie se déployer, jetant les bases solides de la maîtrise propre à Oliveira, ferme et gazeuse, terrienne et éthérée.
Oliveira s’est approché des visages sans se hâter (cent ans d’étude), jusqu’à surprendre dans l’air du cadre, au-dessus des comédiens aux ports altiers, une aura énigmatique et magique, dans un cinéma entièrement conçu à la façon d’un miroir lointain dont les éclats baroques, le romanesque, les postures étudiées nous parviennent comme par réfraction, en souvenirs remontés.
« Qu’est-ce qu’un homme ? » Par deux fois, Castelo Branco, l’un des personnages, s’interroge, invitant une série de questions en écho : « qu’est-ce qu’une âme ? », « que sont les personnes honnêtes ? », articule en traînant Francisca. Le film, sans donner de réponse, finira par exhiber un cœur embaumé. La question plus précise du film serait alors : qu’est-ce qu’un homme amoureux ? Un homme qui dort. « José Augusto est amoureux », dit Castelo Branco attablé, alors qu’au premier plan son ami somnole. Dans ce monde de dandys romantiques citant Byron, le sarcasme et le cynisme fiévreux tiennent la pose, dans l’oisiveté d’un demi-sommeil. José fait feu d’excentricité, introduisant un vrai cheval au petit théâtre des gandins blêmes. C’est à qui ne fera rien, avec le plus grand détachement. Des gravures de mode d’un temps jadis discourent sur l’amour, les femmes, leur destin, la littérature et la mort. Épigrammes, aphorismes, et hauts-de-forme. Un film d’Oliveira semble toujours « en costume », en représentation d’un passé liquidé, fantomatique, bal masqué revenu faire un tour de scène, dans un temps proprement cinématographique où ne subsistent que traces, ombres portées et couleurs sublimes (la scène de la serre aux fleurs), paroles adressées, discours indirects et regards ailleurs, face caméra ou apartés. Tout fait signe et opacité. Le mystère de l’amour reste entier, intact, prélevé comme le cœur de Francisca en objet d’étude anatomique de toute beauté.
Merci à Camille Nevers / Libération