La Paix, éternelle Utopie ?
Pas facile de décrypter le chaos du monde pour les spectateurs, plus ou moins lointains, que nous sommes, face aux faits tragiques qui nous submergent en avalanche via la presse, les réseaux sociaux, vraies ou fausses nouvelles… Et c’est dans ces moments-là que nous avons encore plus envie de croire...
LES SALLES UTOPIA SE METTENT AU VERT
Vous y croyez, vous, au bon sens qui voudrait que partir se bronzer les fesses à l’autre bout du monde avec des avions Macron volant avec du bio kérozène made in France serait bon pour votre corps et la planète ? Cela ne ressemblerait-il pas étrangement au discours tenu il y a quelqu...
Rosmerta continue ! Vous connaissez l’histoire ?
Depuis les débuts, et même avant, Utopia Avignon suit l’histoire de près ! Ça fait presque cinq ans qu’on vous en parle dans nos gazettes, à chaque rebondissement. Ce qu’il s’est passé depuis 2018 : réquisition citoyenne d’une école vétuste appartenant au diocèse, procès et appel...
La Ménardière : un habitat partagé en construction…
À Bérat, à mi-chemin entre l’Ariège et Toulouse, la Ménardière est un beau domaine aux multiples possibilités. Acquis en 2019 par une douzaine de personnes au bord de la retraite qui refusaient le destin peu folichon, que nos sociétés réservent à leurs vieux : ni solution privée au coût e...
Martin SCORSESE - USA 2023 3h26 VOSTF - avec Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone, Robert De Niro, Jesse Plemons... Scénario d’Eric Roth et Martin Scorsese, d’après le livre de David Grann (première publication française sous le titre La Note américaine, réédition en poche sous le titre original qui est aussi celui du film).
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Oklahoma, années 1920. Une vague de meurtres secoue la communauté des Indiens Osages, sur fond de tensions raciales. Entre western et film noir, Scorsese délaisse ses accents baroques pour signer trois heures et demie d’une fresque historique vibrante.
Martin Scorsese, le plus cinéphile des cinéastes américains, aura attendu d’avoir 80 ans pour réaliser son premier western. La formidable enquête de David Grann sur la tragédie des Indiens Osages lui a permis de concrétiser son rêve. Killers of the Flower Moon remet ainsi en lumière ce peuple devenu immensément riche au début du xxème siècle après qu’ont été découverts d’importants gisements de pétrole sous la terre de l’Oklahoma, a priori misérable, que le gouvernement américain lui avait attribué de force. Un afflux d’argent soudain qui a très vite excité les convoitises…
C’est dans ce contexte tendu que, au lendemain de l’armistice de 1918, Ernest Burkhart (Leonardo DiCaprio), un petit Blanc du coin, revient au pays auréolé d’un prestige de pseudo-héros de guerre. Il est accueilli par son oncle, William Hale (Robert De Niro), un riche fermier qui admire la civilisation des Osages et se dit proche d’eux. Hale persuade son neveu qu’il aurait tout intérêt à épouser une de ces « millionnaires rouges » pour assurer sa situation. Ernest jette son dévolu sur Molly (Lily Gladstone), qui devient rapidement sa femme. Peu de temps après, une série de meurtres commence à toucher les Osages et, notamment les sœurs de Molly…
Les trois heures et vingt-six minutes du film (très long générique final inclus) ne sont pas de trop pour développer une intrigue complexe aux ramifications sociologiques et historiques nombreuses. Avant les premières morts suspectes, Scorsese prend le temps nécessaire pour planter le décor, montrer comment les Osages tentaient de rester fidèles à leurs traditions tout en vivant en nababs dans des manoirs de maître, avec des Blancs comme domestiques – de quoi aviver le ressentiment et la jalousie de ces derniers. La dernière partie se concentre sur l’enquête patiente menée par l’inspecteur fédéral Thomas Bruce White (Jesse Plemons) qui marqua les débuts du FBI fondé par J. Edgar Hoover – lequel se montra par la suite beaucoup moins sensible au sort des minorités aux États-Unis, mais c’est une autre histoire…
Le western se teinte de film noir quand Scorsese chronique la succession des meurtres avec une précision sèche, clinique – on est loin de sa mise en scène baroque de la violence dans Les Affranchis ou Casino. Killers of the Flower Moon s’enfonce progressivement dans les ténèbres par la grâce des éclairages superbes mais parcimonieux de Rodrigo Prieto. Cette tonalité crépusculaire, qui rappelle les plus beaux films de Clint Eastwood, est d’autant plus saisissante que Martin Scorsese semble, lui, avoir retrouvé une créativité de jeune homme – on vous laisse découvrir l’astuce géniale qu’il a trouvée pour remplacer les cartons qui, dans tous les autres films hollywoodiens, détaillent aux spectateurs l’avenir des protagonistes une fois l’intrigue bouclée. (S. Douhaire, Télérama)