Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

COMPRAME UN REVOLVER

Écrit et réalisé par Julio HERNANDEZ CORDON - Mexique/Colombie 2018 1h24mn VOSTF - avec Matilde Hernández Guinea, Rogelio Sosa, Sostenes Rojas, Wallace Pereyda, Angel Leonel Corral...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

COMPRAME UN REVOLVERQuelque part au Mexique, dans un décor aride de fin du monde, aux portes du désert, Huck (c'est une fille) vit – survit devrait-on dire – avec son père dans une caravane, parmi les derniers vestiges d'un village fantôme qui jouxte un immense terrain de baseball posé au milieu de nulle part. Huck a 10 ans, un caractère bien trempé et la certitude d'appartenir à une famille marquée par la chance. D'ailleurs, s'ils n'étaient pas chanceux, de père en fils (« mais ça se transmet par la mère », précise Huck), impossible d'expliquer que son père, junkie, musicien, chargé de l'entretien du terrain, ait survécu tant d'années dans ce territoire de désolation mis en coupes réglées par un gang de narcotrafiquants, qui viennent de temps en temps y organiser des matches, boire des bières, fumer du crack… Ces jours-là, Huck porte un masque de catcheur sur le visage et une chaîne en acier, solidement reliée à la caravane, lui enserre la cheville. C'est le subterfuge qu'a trouvé son père pour cacher aux yeux du monde l'existence de sa fille, la protéger et la garder près de lui. Car dans ce Mexique post ou pré-apocalyptique en proie à la violence, comme une denrée rare, femmes et filles sont enlevées et séquestrées par les gangs qui se livrent une guerre sans merci. Le reste du temps, Huck rejoint une bande de gamins plus ou moins éclopés, passés maîtres dans l'art du camouflage et avec qui elle rêve d'évasion et s'efforce de vivre une vie insouciante d'enfant faite de jeux et d'aventures.

Au croisement de Mad Max, de Peter Pan et des Aventures de Tom Sawyer, western initiatique aux accents fantasmagoriques, Comprame un revolver (littéralement « offre moi un revolver ») tient tout à la fois du terrifiant conte pour enfants, de la fable réaliste, de l'allégorie stylisée du Mexique contemporain et de la bouteille jetée à la mer, à destination des générations futures. On a beau nous prévenir d'emblée que l'action se situe au Mexique « dans un temps indéterminé », on sent, on sait que le film n'anticipe que de très très peu une réalité où l'enfance n'a pas sa place et où l'avenir est un concept difficile à appréhender. Et pourtant, nous dit le réalisateur avec modestie mais une force profonde évidente, les gamins, frondeurs, débrouillards, ont des ressources insoupçonnables qui leur permettent de retourner à leur avantage les pires situations. En se plaçant systématiquement à leur hauteur, en épousant leur point de vue, instillant une étrange poésie dans les images, il désamorce le glauque et le sordide des situations. Et si ses effets, comme le climat d'insécurité dans lequel baigne le film, nous sont montrés, sans fards mais sans complaisance, la violence elle-même est systématiquement suggérée ou stylisée. L'imaginaire restant, à l'image de la petite armée à la Spielberg constituée par Huck et ses amis, l'arme la plus efficace que les enfants puissent opposer au monde des adultes qui les opprime.

Comprame un revolver est bien un film sur l'enfance, l'innocence, la solidarité et l'espoir dans un monde qui en semble totalement dépourvu. Huck – on pense évidemment au Huckleberry Finn de Mark Twain – et sa bande profitent de la fête donnée au milieu du désert en l'honneur du caïd local, du massacre qui est perpétué, pour tenter de fuir loin, le plus loin possible de cette représentation possible des avants-postes de l'Enfer. Au cours de cette fuite acharnée vers la mer et la lumière, laissant derrière elle la sécheresse oppressante du désert, Huck, d'enfant victime, devient femme héroïne de son histoire – et la fable cruelle se fait peu à peu conte initiatique, ample, optimiste et apaisé.