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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

L’HOMME QUI A SURPRIS TOUT LE MONDE

Écrit et réalisé par Natasha MERKULOVA et Aleksey CHUPOV - Russie 2018 1h44mn VOSTF - avec Evgeniy Tsyganov, Natalya Kudryashova, Yuriy Kuznetsov, Pavel Maykov... Film découvert lors du FIFIB 2018.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

L’HOMME QUI A SURPRIS TOUT LE MONDESurprenant, le film l’est plus encore que l'homme de son titre, sans nul effet de manche superfétatoire, sans fard, contrairement à son protagoniste. Rien de clinquant, tout y est sobre, pourtant on en ressort un peu abasourdis, déroutés et plein de questionnements intro et rétro-spectifs. C’est qu’il pénètre profondément dans les strates d’une société conservatrice rétrograde et de ses incohérences.
Les étendues sibériennes, à perte de vue, ne laissent guère envisager le sentiment d’enfermement que l’on peut ressentir à l’intérieur des communautés qu’elles abritent dans la lumière pauvre de l’hiver. C’est qu’ici, dans ce climat rude, on peut difficilement survivre sans les autres. Pourtant les gens du coin ne sont guère tendres. C’est un monde de chasseurs, de bûcherons, d’anciens exilés et criminels à la gâchette rapide, du moins on l’imagine. Ils ont le geste rugueux au travail comme en amitié, la descente rapide question Vodka quand il s’agit de se réchauffer ou de montrer qu’on n'a pas froid aux yeux. Egor Korshunov, dans cette peinture naturaliste, ne dépare pas. Il suffit de le voir mettre une poignée de braconniers en déroute, seul dans l’immense forêt, pour constater qu’on n’a pas affaire à un couard. Sur lui on peut compter, solide comme un roc immuable. Mais ne croyez pas qu’il soit bourrin, loin de là. Ce beau gosse bien charpenté est tout à fait tendre et attentif aux siens, dans l’intimité de son foyer. Bon père pour son fiston, bon époux. Le ventre de sa femme, Natalia, qui se gonfle un peu plus chaque jour, présage de nouvelles années de bonheur simple. Elle est si jolie, si douce sous ses mèches rousses, Natalia, quand elle le bécote, l’emprisonne dans ses rondeurs.

La vie pourrait couler ainsi des millénaires, sans ce mauvais scanner qui annonce le pire à Egor : deux mois de faux répit, lui pronostique la faculté. Deux mois et puis la fin… Mais rien ne va se passer comme prévu, tout va devenir étrange et intrigant… En attendant, notre homme ne scille pas et, après un court passage à la banque, le voilà de retour dans son quotidien, sans mot dire. Il planque le traitement de choc que l’hôpital lui a fourni, supporte sans broncher les bougonnements déplaisants du grincheux aïeul lors du repas familial, les fous rires de son mioche et les babillages de son épouse. Nul ne se doute, nul ne se doutera du précipice intérieur qui l’engloutit, jusqu’à une mauvaise chute, qui conduira chacun à s’inquiéter.
Dès lors Natalia, d’abord prête à tout pour sauver son époux, l’entraine à nouveau chez un spécialiste qui ne peut que confirmer le funeste diagnostic, puis chez une chamane qui se livre à d’abracadabrantesques rituels. Mais c’est une légende venue du fond des âges qui ouvre une piste folle à Egor, qui la va la suivre en véritable jusqu’au boutiste, bousculant tout son village à la mentalité patriarcale étriquée. Chacun révèlera dès lors un tout autre visage, inattendu, sauvage… Alors que notre héros bascule en terre inconnue, l’humanité autour de lui bascule simultanément dans une violence bestiale, perturbante.

On comprend aisément pourquoi l’actrice Natalya Kudryashova a remporté le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise, un peu moins pourquoi son comparse n’a pas reçu celui de l’interprétation masculine : il est bluffant de bout en bout. Ce film de rédemption, qui glace parfois les sangs, use d’un humour russe grinçant, sans concession. Dérangeant mais salutaire.