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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

M

Yolande ZAUBERMAN - documentaire France/Israël 2018 1h46mn VOSTF - Plusieurs fois primé par les jurys des festivals de Locarno, Namur, Séville, Bruxelles….

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MUn seul regret : que ce film percutant ne soit pas mieux servi par son titre, auquel il ne faut surtout pas s’arrêter. Un « M » guère représentatif de ce qu’est cette magnifique réussite de la trop rare Yolande Zauberman (Moi Ivan, toi Abraham, Would you have sex with an Arab ?). Pourtant ce ne sont pas les lettres qui manquent à la réalisatrice, ni le style, dès qu’elle s’empare du verbe, avec sa voix chaleureuse, délicieusement froissée, entamant le long cheminement qui ouvre la voie à ses personnages. Comment résister à la beauté de ses mots quand elle nous confie : « J’entre dans le monde de mes ancêtres à travers une blessure, celle de Menahem. » ? Le monde de ses ancêtres ? Celui des hommes en noir, juifs, ultra-orthodoxes, ceux de Bneï Brak, la capitale mondiale des haredim, littéralement les « Craignant-Dieu », plus composite et complexe qu’il n’y parait sous les tenues faussement uniformes. Un monde effarant, qui n’ose pas regarder une femme dévêtue, où chaque moment d’intimité avec ces êtres impurs est calibré, enseveli dans la plus sombre obscurité. On part à la chasse de la moindre miette de lumière, du moindre reflet. On colmate serrures, interstices, fentes… Chacun, avant d’entreprendre sa légitime épouse, se livre à une logistique impressionnante qui prend souvent plus de temps que l’acte lui-même, tuant dans l’œuf la moindre possibilité d’un semblant d’érotisme. D’ailleurs, si on pouvait procréer sans jouir, sans doute le ferait-on, ainsi le veut le Talmud…

Ce monde qui suffoque à force de ne pouvoir respirer, prêt à imploser à la moindre étincelle, c’est aussi celui de l’enfance de Menahem. Celui vers lequel le jeune homme retourne comme pour une impossible réconciliation. Il se souvient de la moiteur des bains, des ablutions entre hommes, soudain troublés, propulsés par un irrépressible tourbillon de sensualité, de désirs inavouables. Il se souvient de ces membres virils, comme aimantés par la chair fraîche, incapables de dominer leurs pulsions… Trop forts pour être repoussés par un petit garçon. 
Menahem Lang était alors cet enfant dont la voix cristalline semblait pouvoir élever les plus belles prières vers l’infini. Devenu homme, tout son être parait vibrer tant il module son chant bouleversant avec maestria. Mais dans les mélodies liturgiques qui le transportent, on perçoit comme une faille vertigineuse où se tapit un monstre vorace. Menahem est un personnage haut en couleur, drôle, extraverti. Pourtant sous ses allures un brin délurées, on devine les cicatrices mal refermées. D'abord intimidé, il gagne peu à peu en assurance au contact de Yolande Zauberman. Cet être assoiffé de justice vient réclamer à sa communauté la reconnaissance de sa souffrance, l’obliger à entendre sa vérité d'enfant abusé.

L’homme progressivement nous épate, par sa liberté de ton, par son courage. La réalisatrice par la qualité de son attention, par sa douceur tranchante. L’un et l’autre non violents, malgré la rage rentrée, le venin qui les ronge. L’un et l’autre dignes, admirables. Ne cédant pas à la haine, ne refoulant pas la tendresse qui monte envers cette communauté malgré tout aimée. La caméra pénètre toujours plus profondément dans l'intimité de Menahem, respectueusement, sans la violenter. On s’étonne de découvrir ce microcosme masculin, tellement tactile, ses danses endiablées, très éloignées des clichés réchauffés qu’on peut s’en faire. Une parole jubilatoire, libératrice qui va en entraîner d’autres, réparer les vivants, du moins leur permettre de relever la tête pour conjurer la honte qui les empoisonne, briser les cercles vicieux qui les entravent. Laver les enfances souillées…