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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LA MISÉRICORDE DE LA JUNGLE

Joël KAREKEZI - Rwanda / France / Belgique 2017 1h31mn - avec Marc Zinga, Stéphane Bak, Ibrahim Ahmed « Pino », Nirere Shanel... Grand Prix (Etalon d'or) et Prix d'interprétation masculine pour Marc Zinga au Festival panafricain de Ouagadougou 2019 (FESPACO).

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA MISÉRICORDE DE LA JUNGLEJoël Karekezi, jeune réalisateur trentenaire, est rwandais, tutsi, originaire de Gisenyi, ville frontalière du Congo, dans la région du Kivu devenue tristement célèbre. En 1994, il avait 8 ans, il a vu les rues jonchées de cadavres, le lac couleur sang déposer le corps de nouveaux nés, ses voisins se vanter d'avoir tué à la machette d'autres voisins. Son père a été tué, il a dû fuir avec sa petite sœur de l'autre côté de la frontière, à Goma. Il a dû se cacher, affronter la faim, la peur, la soif au cœur de la jungle… Survivant de l'horreur, il aurait pu nourrir une haine inextinguible pour les descendants de ceux qui ont dévasté son enfance. Tout au contraire, il s'est forgé l'indéfectible conviction qu'il devait à son petit niveau contribuer à dénoncer coûte que coûte l'escalade de la haine, à combattre toutes les armées et leurs intérêts souvent bien peu avouables.

Car après le génocide rwandais, la région des Grands Lacs ne s'est pas apaisée. De l'autre côté de la frontière, au Congo voisin, la fin du régime Mobutu et les guerres de succession qui ont suivi ont encore causé, sur une décennie, 6 millions de morts, essentiellement par leurs conséquences indirectes : famines, épidémies, 4 millions de déplacés…
Face à tout cela, Joël Karekezi a appris en autodidacte le cinéma et avec son premier long métrage, au lieu de se contenter de perpétuer la mémoire du génocide entretenue voire instrumentalisée par le pouvoir rwandais en place, il a, inspiré par le vécu d'un de ses cousins – soldat rwandais pendant cette deuxième Guerre du Congo, égaré dans la jungle durant plusieurs semaines –, imaginé un scénario étonnant, qui dit bien l'absurdité de ces conflits sans fin. Le récit suit deux soldats rwandais, un vétéran qui a vécu le génocide et un jeune troufion naïf pétri de convictions nationalistes, qui perdent le contact avec leur bataillon dans la jungle frontalière. Au bout d'un moment, leur errance les conduit vers des villages où plus personne ne sait vraiment qui est allié avec qui, pour qui et pourquoi on combat, les seules éternelles victimes étant les populations civiles, victimes des armées régulières et des milices avides de sang et de profit…

Joël Karekezi filme magnifiquement la jungle, protectrice et meurtrière à la fois, cette jungle qui, elle, n'a pas de frontières ni de nationalité, cette jungle d'où peut surgir à tout instant le danger mais qui réserve aussi des moments magiques, comme cette rencontre avec un gorille.
L'authenticité du récit et la force du message, profondément humaniste et antimilitariste, ont conquis le jury du Festival panafricain de Ouagadougou qui a décerné au film la récompense suprême.