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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LE MARIAGE DE VERIDA

Michela OCCHIPINTI - Italie / Mauritanie 2019 1h34mn VOSTF - avec Verida Beitta Ahmed Deiche, Amal Saab Bouh Oumar, Aichetou Abdallahi Najim, Sidi Mohamed Chighaly... Scénario de Michela Occhipinti et Simona Coppini.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LE MARIAGE DE VERIDAMême en faisant preuve d'optimisme, on ne peut pas dire que la situation des femmes s'améliore de par le monde ! On ne peut pas dire que leurs droits soient mieux établis et respectés. On ne peut pas dire que diminuent les violences qu'elles subissent. Ce film en apporte un nouveau témoignage, en mettant en lumière une pratique très peu connue, une pratique ubuesque et archaïque réservée une fois de plus aux femmes.
Verida est une jeune Mauritanienne qui vit à Nouakchott, la capitale du pays. Elle exerce le métier d'esthéticienne, elle fait partie d'une bande de copines qui ont des rêves et espèrent les voir se réaliser (l'une veut étudier au Caire, l'autre rejoindre des proches en France…), des jeunes femmes connectées sur le reste du monde à travers les magazines, les réseaux sociaux, qui connaissent leurs premiers émois amoureux, qui ont leurs crises de rires, leurs déceptions… comme toutes les filles de leur âge. Mais voilà, la famille de Verida a décidé de la marier sans lui demander son avis sur le choix de l'élu. Et elle a décidé de suivre les coutumes ancestrales jusqu'au bout en lui faisant subir la tradition du gavage, afin de la faire grasse comme un loukoum pour mieux plaire à son futur époux, selon les critères de beauté locaux. C'est un peu l'inverse de ce qui peut se passer chez nous, où la sveltesse s'impose comme un impératif de séduction.
Commence alors pour Verida un éprouvant marathon qui l'oblige à quotidiennement s'empiffrer : dès l'aube et à plusieurs reprises dans la journée, sa mère lui apporte des saladiers entiers de bouillie consistante et des plats de viandes bien grasses afin d'atteindre l'objectif souhaité…

Très honnêtement, la lecture de l'argument du scénario pouvait laisser craindre un de ces films occidentaux observant avec un chouia de condescendance l'oppression des femmes par une société musulmane obscurantiste… Mais ce qui fait l'intelligence du film – signé d'une réalisatrice plusieurs fois primée pour ses documentaires – c'est justement de nous montrer, tout en ne sous-estimant pas l'horrible absurdité de cette affaire de gavage, toute la complexité des normes imposées aux femmes, y compris en nous renvoyant en miroir celles que notre propre culture véhicule. Car à côté de la prise de poids contrainte de Verida, il y a l'idéalisation de la blancheur occidentale que voudraient acquérir certaines de ses copines, au prix de traitements extrêmement dangereux, ou encore la volonté de défriser leurs cheveux, sans compter l'obsession de la ligne à l'opposé des critères mauritaniens.
Une autre grande force du film réside dans la richesse des personnages. Verida n'est jamais présentée comme une victime, mais comme une jeune femme espiègle, battante, qui tente de composer avec les contraintes sociales, flirte avec l'homme en charge de sa prise de poids dans des scènes assez cocasses. Et à l'opposé, son entourage n'est pas montré comme un ramassis de bourreaux inhumains mais comme des parents, des proches incontestablement aimants mais enfermés dans une tradition immuable.

Pour terminer, il faut dire que le film doit beaucoup à sa formidable interprète principale, Verida Beitta Ahmed Deiche, que la réalisatrice a rencontrée à Nouakchott quatre ans avant le tournage et dont elle a gagné peu à peu la confiance : le regard perçant et la gouaille jubilatoire de Verida resteront inoubliables. Pour la petite histoire, alors que le film était présenté en avant-première mondiale au Festival de Berlin, la jeune actrice a dû attendre la veille de la projection pour obtenir enfin le visa qui lui permettait de faire le voyage jusqu'en Allemagne ! Une épreuve de plus pour Verida…