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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Dimanche 29 SEPTEMBRE 2019 à 20h

LUNE NOIRE SPÉCIALE 20 ANS : DOUBLE PROGRAMME
ANGOISSE + DERNIÈRE SÉANCE


Tarif unique : 9 euros pour les deux films

Comme le Cinéma Utopia, Lune Noire, dont la toute première séance eut lieu le 13 février 1999, souffle ses 20 bougies. Poursuivant et concluant le programme « Lumières » concocté par Monoquini dans la présente gazette, cette Lune Noire spéciale revisite au travers de deux films emblématiques le « pays des salles obscures », ce refuge peuplé de fantômes et de fantasmes. Le Cinéma Utopia est « garanti sans 3D » ? Le double programme de ce soir pourrait pourtant bien contredire cette affirmation et ouvrir une dimension insoupçonnée.

DERNIÈRE SÉANCE

Écrit et réalisé par Laurent ACHARD - France 2011 1h21mn - avec Pascal Cervo, Karole Rocher, Charlotte Van Kemmel, Brigitte Sy, Nicolas Pignon, Mireille Roussel, Noël Simsolo...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

DERNIÈRE SÉANCEEn dépit de son titre, le nouveau film du trop rare Laurent Achard (l’excellent Le Dernier des fous, récompensé par le Prix Jean Vigo, a tout de même 5 ans) n’a pas grand chose à voir (à part le velours rouge des fauteuils) avec la vision surannée de la cinéphilie façon Eddy Mitchell, un monde où des filles en couette et jupes à volants et des garçons à la coiffure gominée allaient au cinéma du coin voir un western d'Henri Hathaway.

Il est pourtant bien question ici de cinéma, et même d’un cinéma de quartier, en l’occurrence L’Empire, installé dans la grand'rue d'une petite ville de province (la salle existe bel et bien, à Paray Le Monial en Bourgogne), une de ces salles qui périclitent doucement en montrant des chefs d’œuvre dans l’énergie des derniers instants : on comprend vite en effet que L'Empire vit ses derniers jours, vaincu par le monde qui l’entoure, ses multiplexes, ses spectateurs de plus en plus rares et de moins en moins curieux, ses sites de téléchargement pour cinéphiles solitaires consuméristes et fainéants. Sylvain est l'âme des lieux, un garçon discret, timide et solitaire qui y officie en tant que programmateur, caissier et projectionniste. Son métier, passion et sacerdoce, l’a conduit à vivre sur place, dans la cave-débarras, reconvertie en appartement sommaire au fond duquel trône un mystérieux portrait de femme. Mais quand le projecteur s’est éteint, que le dernier spectateur est rentré chez lui, après avoir vécu par procuration d’autres vies que la sienne, Sylvain sort dans la ville endormie, et ce n’est pas juste pour prendre l’air frais de la nuit tombée, ni même pour aller boire un verre, ou courir la gueuse. Des femmes, qu'il assassine consciencieusement, Sylvain ne collectionne que leurs oreilles, qu’il découpe soigneusement sur leur corps avant de les coller sur les photos d’actrices hollywoodiennes qu’il affectionne particulièrement et dont il a décoré les murs de son refuge…

Dernière séance est un pur moment de cinéma, un pur acte de foi dans la mise en scène : il ne s’embarrasse pas de message social, de récit complexe et alambiqué, de dialogues explicatifs. Laurent Achard a choisi de respecter à la lettre les règles du film de genre, de suivre sans aucun jugement ni recul les agissements de son meurtrier à l'arme blanche. Tous les code sont là : le psychopathe solitaire, un lieu inquiétant repaire des névroses du meurtrier (la cave du cinéma), et l’incontournable enfance tourmentée sur laquelle on revient en flash-back. Sauf qu’au-delà de ces figures imposées, superbement exécutées en une mise en scène de toute beauté, où se mêlent les influences de Fritz Lang ou l’esthétique du giallo, cette forme de polar baroque italien immortalisé par Mario Bava et Dario Argento, Laurent Achard livre une passionnante vision de la cinéphilie morbide et destructrice, avec des scènes envoûtantes, notamment celle où le projectionniste / serial-killer flashe sur une chauffeure de taxi en train de chanter en karaoke sur Emmène moi danser ce soir, insubmersible chef d’œuvre de Michelle Torr, ou celle où il se revoit enfant, dansant avec sa mère au son de La Complainte de la Butte, titre fétiche de leur film préféré, French Cancan de Jean Renoir. Un film superbe dont la projection scande d’ailleurs le film.

Et à l’issue de ce brillant Dernière séance, on se dit que tant pis… si nous sommes cinéphiles, nous sommes probablement des psychopathes en puissance… Notre programmateur/directeur/caissier Patrick T. nous le prouve tous les jours.