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Stop Bolloré ! L'appel du collectif
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Jeudi 20 Février 2020 à 20h15

LA CLASSE OUVRIÈRE C’EST PAS DU CINÉMA


en association avec le Collectif pour un contre-sommet de la Françafrique

ATLANTIQUE

Mati DIOP - Sénégal/France 2019 1h45mn VOSTF - avec Mama Sané, Amadou Mbow, Ibrahima Traoré, Nicole Sougou... Scénario de Mati Diop et Olivier Demangel. Festival de Cannes 2019 : Grand Prix du Jury.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

ATLANTIQUEIl est des films qui marquent d’emblée la rétine et occupent l’esprit longtemps après l’avoir touchée. Atlantique est de ceux-là qui fait son effet puis chemine à pas feutrés vers une digestion lente de ce qu’il a distillé. La beauté pure d’une histoire d’amour, la puissance d’une fable politique, le trouble d’un conte peuplé de fantômes réunis en un seul geste, dirigé par un élan vital qui a valeur de signature. Le film de Mati Diop s’est bâti sur le temps et l’intimité d’un parcours. Il en porte la trace avec élégance.
La rencontre, en 2008, avec le pays de ses origines qu’elle avait connu, enfant, seulement durant les vacances. Mais aussi, les confidences que lui livrèrent les hommes et les femmes à chacune de ses venues à Thiaroye, en périphérie de Dakar, ont conduit la réalisatrice à plusieurs courts et moyens-métrages, dont Mille soleils en 2013 et avant lui Atlantiques, en 2009, court métrage documentaire dans lequel un jeune homme, Serigne, raconte sa traversée ratée vers l’Espagne. Il mourra de maladie quelques mois plus tard, avant d’avoir pu retenter sa chance. Cette tragédie a posé une première empreinte sur Atlantique. Lequel s’est chargé, entre-temps, de nombreuses autres histoires.

Elles apparaissent d’abord en nombre, indistinctes les unes des autres, à travers un groupe d’ouvriers qui s’expriment d’une seule voix. Dans cette banlieue populaire de Dakar, sur le chantier de la tour futuriste baptisée « Atlantique » à la construction de laquelle ils travaillent sans être payés depuis plusieurs mois, ils réclament leur dû. Une peine perdue qui encourage certains à prendre la décision de partir en Europe. Parmi eux Souleyman, dont le visage apparaît dans l’éclat de son jeune âge et, cependant, grave. On le découvre mieux, l’instant d’après, dans les bras d’Ada. Celle-ci est promise à un autre, mais l’amour qui l’unit à Souleyman éloigne tous les tourments. Ils se donnent rendez-vous pour le soir même.
Souleyman ne viendra pas. Ada apprend qu’il est parti. Puis que la pirogue sur laquelle il avait embarqué avec une poignée d’hommes a disparu. Ada perd le goût de vivre. Elle ira cependant à son mariage, poussée par une famille et des amies qui lui rappellent le sort qui l’attend si elle s’y refuse : la pauvreté, le combat pour survivre, la solitude dans un pays où l’émigration clandestine emporte les hommes au loin. La fête occupe les invités entre lesquels Ada semble glisser comme une ombre, prémisse à ce qui va advenir. Car un feu se déclare soudain dans la maison à partir duquel certains phénomènes étranges se produisent. Une forte fièvre frappe les filles du quartier et le policier chargé de l’enquête sur l’incendie, une autre vie prend possession de leur corps. Laissons ici le récit à sa part de mystère, qu’il reviendra à chacun d’interpréter…

Le jeune Serigne avait dit à Mati Diop : « Quand tu décides de partir, c’est que tu es déjà mort. » La phrase n’a jamais quitté la réalisatrice. Elle la met en quelque sorte en scène dans Atlantique, à travers cette Afrique meurtrie qu’elle a choisi d’illuminer par la présence de deux amoureux aux allures de Roméo et Juliette, Ada et Souleyman, à qui il faudra bien plus qu’une mer et des flammes pour être séparés. Tous deux magnifiques et comme éternels dans ce cadre où reviennent régulièrement une tour futuriste, symbole d’un monde moderne qui se dresse au dépend des hommes, et un océan à l’horizon infini, promesse d’un ailleurs plus radieux. Mati Diop n’en a pas fini – et c’est heureux – avec les sentiments qu’elle éprouve pour ce pays où les femmes, comme elle, portent dans leur chair la mémoire de leurs disparus.

(V. Cauhapé, Le Monde)