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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

MANO DE OBRA

Écrit et réalisé par David ZONANA - Mexique 2020 1h23mn VOSTF - avec Luis Alberti, Hugo Mendoza, Jonathan Sánchez, Horacio Celestino...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MANO DE OBRAVoici un premier long métrage qui trompe son monde, qui surprend ses spectateurs, et on ne peut que s’en réjouir. S’il débute comme un film social aux codes classiques, il va rapidement bifurquer vers des voies plus sombres, plus malaisantes. Le tout forme une sorte de fable contemporaine à la morale acide, qui ne laisse pas la place à la rédemption.
C’est un chantier parmi tant d’autres. L’un de ceux certainement pas très règlementaires, où le patron ne prend pas la peine d’investir pour la protection des travailleurs (les a-t-il seulement déclarés ?). Pourquoi s’embarrasser avec des complications et des dépenses inutiles ? Les misérables se ramassent à la pelle, une main d’œuvre (la traduction du titre) tellement bon marché que le calcul est vite fait : à quoi bon assurer les travaux, mettre des filets de sécurité, des barrières, leur fournir des casques, des tenues adaptées ? Sitôt qu’un ouvrier est blessé, il sera remplacé pour quelques pesos.

Ce jour-là, ils sont une bonne dizaine à bosser consciencieusement dans tous les recoins d’une prétentieuse maison bourgeoise que nul d’entre eux évidemment n’aura jamais les moyens d’acheter. Mais sans doute n’y pensent-ils même pas. On plâtre, on gâche, on perce, on peint… Avec en bruit de fond le son nasillard d’un transistor qui massacre une chanson romantique racontant combien la vie est précieuse… Tout est tranquille et on n’y croit à peine quand on voit une masse tomber depuis le toit dans la cour intérieure, presque sans bruit, sans faire de vague. « Claudio, le frère de Francisco, a eu un accident ! » crie l’un, « Appelez une ambulance ! » supplie un autre… Tous restent interdits devant le jeune corps qui ne bouge plus et ne bougera plus jamais.
La mise en scène ne s’attarde pas sur l’enterrement, comme pour souligner qu’on n’accorde même pas à Francisco le temps du deuil. Il est déjà sur le chantier. Il continue sa tâche, avec ses comparses, sans broncher, le regard perdu dans le vague. Quelques rares mots de réconfort sont prononcés. Pâle consolation qui n’aidera pas Lupe, la veuve de Claudio, enceinte jusqu’aux yeux, à survivre. À l’heure de la paie, pas folichonne, Francisco s’enhardit : quand arriveront les indemnités pour sa belle sœur ? On découvrira alors ce qu’un patronat sans vergogne, ni remord, est prêt à raconter pour ne pas voir sa responsabilité engagée, ouvrir les cordons de sa bourse. Nul ne bronche, nul ne proteste, comme si chacun était condamné à subir dans son coin. Les jeux sont perdus d’avance. Chacun rentre alors dans sa tanière, dans sa piaule minimaliste aux allures de bidonville. Il pleut dans celle de Francisco, prédestiné à patauger dans son maigre réduit comme il patauge dans la vie.
De guerre lasse et désabusée, à force de taper à des portes qui ne s’ouvrent jamais tout à fait, à force de parcourir les bureaux à travers lesquels on trimbale les pauvres ères pour éviter de les aider à résoudre leurs problèmes, Francisco renoncera à obtenir justice et réparation pour la mort de son frère. Et de fil en aiguille, puisqu’il n’a plus rien à perdre, lui viendra une drôle d’idée dangereuse dans laquelle il va entraîner bien du monde…

Au fur et à mesure que l’intrigue évolue, notre héros devient méconnaissable. Et la morale de l’histoire pourrait bien devenir : « prenez un honnête homme, marquez-le d’injustice, détruisez en lui tout espoir, vous en ferez un Ténardier à l’image de ses bourreaux. »