Soutenez Utopia Palmer LA GAZETTE
(à télécharger au format PDF)

NOUS TROUVER
(et où trouver la gazette)

NOS TARIFS :
TARIF NORMAL : 8€
CARNET D'ABONNEMENT : 55€ (10 places, non nominatives, non limitées dans le temps, et valables dans tous les Utopia)
Séance sur fond gris : 5€
Moins de 18 ans : 5€

RSS Cinéma
RSS Scolaires
RSS Blog

(Quid des flux RSS ?)

EN DIRECT D'U-BLOG

Le blog des profondeurs...
(de champ)

30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

LES VOLEURS DE CHEVAUX

Yerlan NURMUKHAMBETOV et Lisa TAKEBA - Kazakhstan / Japon 2019 1h24mn VOSTF - avec Mirai Moriyama, Samal Yeslyamova, Madi Menaidarov, Dulyga Akmolda...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LES VOLEURS DE CHEVAUXComme les garçons-vachers qui convoyaient leurs troupeaux dans les vastes plaines nord-américaines encore peu habitées, l’immensité des steppes du Kazakhstan, bordées de montagnes qu’on croirait infranchissables, sont lentement traversées par de paisibles éleveurs de chevaux, plus tellement nomades mais toujours pas tout à fait sédentarisés. L’histoire se passe à la fin du siècle dernier, quelques temps après la chute du bloc soviétique qui a si profondément ébranlé la société kazakhe mais, tout comme le lieu, l’époque, le genre – western, eastern –, elle est intemporelle et universelle.

Elle nous est contée à hauteur d’enfant : celle d’Olzhas, 12 ans, qui vit avec sa famille dans les steppes kazakhes. Les paysages qui l’entourent sont d’une beauté époustouflante mais la vie y est rude. Son père, Odasyn, est éleveur de chevaux et part vendre quelques têtes de son troupeau dans un village voisin. Olzhas l’accompagnerait bien, mais il doit rester pour aider sa mère dans les travaux des champs. Il sait cependant qu’avec d’autres gamins de son âge, il pourra échapper à la vigilance des adultes pour espionner un couple de jeune amants qui se retrouve à la cascade. Et tandis qu’Olzhas vit sa vie d’enfant, faite d’insouciance et de découvertes, son père Odasyn et les deux paysans qui l’accompagnent tombent dans une embuscade, sont trahis et exécutés par des voleurs. Tout va très vite : rapatriement des corps, obsèques, la famille est mise au ban de la petite société et contrainte à l’exil. Le jour-même de l’enterrement d’Odasyn, un inconnu énigmatique arrive au village. Seule Aigul, la mère d’Olzhas, semble connaître cet homme dont le retour, après huit années d’absence, ne semble pas la remplir d’une joie extrême. Il se propose cependant pour aider au déménagement d’Aigul et de ses enfants – et s’intéresse particulièrement au petit Olzhas. Escortée par les chevaux rescapés du troupeau d’Odasyn, eux-même guidés par le nouveau venu, la petite troupe se met doucement en chemin, au travers des steppes arides.

Des cavaliers taiseux, d’immenses paysages poussiéreux trop grands pour les personnages qui les habitent, quelques échanges de coups de feu, un drame et une possible soif de vengeance : tous les ingrédients du western classique seraient réunis. Mais si le cadre, austère et sublime, est bien là, le far-east n’est pas exactement le far-west, et le récit du film de Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba prend subrepticement des chemins de traverse, donnant autant d’importance à l’évocation des travaux des champs ou des rites funéraires musulmans qu’à des scènes d’action sèchement expédiées. Brinquebalés par des adultes qui ne savent que taire des vérités trop douloureuses, les enfants, Olzhas en tête, s’efforcent de raccrocher des bribes de conversations, des fragments de scènes entrevues par les fenêtres, pour comprendre ce qui leur arrive – comme ce qui leur est pris. De vengeance, tout compte fait, il ne sera pas vraiment question. Les grandes chevauchées se feront plutôt lentement, au pas tranquille des animaux. Aux yeux d’Olzhas, la mort de son père est presque effacée par cet autre événement que constitue l’entrée d’un homme inconnu dans sa vie, avec lequel il se trouve une certaine complicité – forcément mystérieux, forcément fascinant. Et s’il doit y avoir une résolution au meurtre d’Odasyn, tout l’enjeu pour l’enfant tient d’abord dans l’évocation, teintée d’un discret onirisme, des origines de ce mystère.

Magnifiquement filmé à quatre mains par la rencontre improbable d’un cinéaste kazakh et d’une réalisatrice japonaise, âpre et grandiose, tout en émotion contenue, Les Voleurs de chevaux est une magnifique découverte et une grande réussite.