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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

HARKA

Écrit et réalisé par Lofty NATHAN - Tunisie 2022 1h22mn VOSTF - avec Adam Bessa, Salima Maatoug, Ikbal Harbi, Najib Allagui...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

HARKATunisie, dix ans après le printemps arabe, dans la ville de Sidi Bouzid. C’est ici que le 17 décembre 2010, le suicide d’un jeune marchand ambulant déclenchait la révolution et faisait renaître l’espoir de lendemains meilleurs. L’acte désespéré de Mohamed Bouazizi devenait le symbole d’une jeunesse arabe sans perspective et privée de liberté. Le temps a passé, les tyrans sont tombés, mais l’espoir n’a jamais vraiment porté ses fruits…

Aujourd’hui, à Sidi Bouzid, le jeune Ali survit grâce à la contrebande d’essence. Il planque dans son logement de fortune sans lit et sans fenêtre le peu d’argent qu’il gagne, espérant économiser pour partir. Un aller simple pour l’Europe, là où tout sera forcément plus lumineux. Ali ne peut se résoudre à « vivre avec » ce pays qui l’ignore et le maltraite, comme lui conseille, résigné, son pote de toujours. L’exil, quoi qu’il en coûte, s’impose à lui comme la seule manière de fuir la prison à ciel ouvert qu’est devenue cette ville qui l’a vu naître et grandir. La misère et la corruption poussent de plus en plus de jeunes Tunisiens à mettre en péril leur vie dans l’espoir d’une vie qui soit un peu plus que de la survie. Alors Ali s’active, besogneux et docile, et compte les jours. Il courbe l’échine et glisse les billets quand il faut dans la poche de qui il faut, de l’uniforme qui passe dans la rue où il travaille. Un jour, viendra son heure.
Mais la mort soudaine de son père bouleverse les plans du jeune homme. Il doit renouer avec une famille qu’il avait quittée, et s’occuper de ses deux jeunes sœurs. Et il va prendre un nouveau coup au moral quand arrive l’avis de saisie de la maison paternelle, le seul repère stable, le havre de paix où subsistaient encore un peu de douceur, une bribe d’espérance. Une injustice en chassant une autre, la tristesse va peu à peu envahir le cœur d’Ali, le consumant de l’intérieur comme un cri sourd restée trop longtemps enfoui. Autour de lui, rien n’a changé : les flics corrompus tirent toujours les ficelles d’un même jeu de dupes, les touristes en bord de mer achètent les mêmes souvenirs aux vendeurs ambulants pour s’acheter une conscience et les autorités restent éternellement sourdes aux cris de détresse de la rue. Ali, lui, n’est plus le même. Quelque chose s’est définitivement cassé et une nouvelle passion hautement inflammable va apparaître : la colère.

Ce premier film d’un réalisateur américain d’origine égyptienne est d’une force et d’une beauté impressionnantes. Avec une logique implacable et un sens millimétré de la mise en scène, il nous plonge au cœur d’une souffrance intime venue se fracasser sur les parois brutes d’un pays qui a perdu toute forme de compassion pour ses citoyens. En suivant les aller-retours d’Ali à la frontière libyenne, source de ses approvisionnement illicites, la caméra du réalisateur explore le vaste territoire tunisien. Il trace aussi une cartographie horizontale dans de larges plans d’ensemble où vient s’évanouir la frêle silhouette d’Ali, remarquablement interprété par Adam Bessa. Cet effacement physique n’a rien de métaphorique : le réalisateur fait de l’invisibilisation du corps d’Ali dans l’espace public le moteur de sa colère grandissante. Ali est un anti-héros et il n’a d’ailleurs aucun adversaire identifiable à combattre puisque les racines de la corruption resteront définitivement en hors champs d’Harka. Plus que la misère, c’est l’indifférence et l’impuissance qui consumeront peu à peu le jeune homme, pris dans les filets de la mécanique impitoyable d’un système fracturé depuis des décennies et dont les victimes sont toutes celles et ceux que l’on ne veut pas voir. Une claque magistrale et essentielle en mémoire de tous les Mohammed Bouazizi de Tunisie et d’ailleurs.