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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

Mardi 14 MARS 2023 à 20h15

MAESTRA #9


Un mardi par mois, Maestra met à l’honneur une réalisatrice. Un cycle de programmation pour découvrir toute la richesse de notre matrimoine cinématographique mondial et mettre en lumière des cinéastes bien trop souvent effacées du récit historique.

MON XXe SIÈCLE

Écrit et réalisé par Ildiko ENYEDI - Hongrie 1989 1h42mn VOSTF - avec Dorota Segda, Oleg Yankovskiy, Paulus Manker, Péter Andorai...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

MON XXe SIÈCLERéalisatrice de Corps et âme, Ours d’or au festival de Berlin en 2017, et L’Histoire de ma femme, présenté en compétition au festival de Cannes en 2021, Ildiko Enyedi a débuté sa carrière avec Mon XXe siècle, un premier long métrage qui remporta la Caméra d’Or à Cannes en 1989.

Nous sommes dans le New Jersey à Menlo Park en 1880. On assiste, au milieu de la foule, à une parade nocturne d’un genre insolite. Cirque de plein air où l’attraction est une technologie qui va bientôt changer le cours du monde : l’ampoule électrique de Thomas Edison. Danseuses, fanfare et cavaliers évoluent dans la nuit, parés de lampes incandescentes. Mon XXe siècle débute ainsi. Par une féerie à grand spectacle en noir et blanc…
À Budapest, sous un ciel étoilé de cinéma naissent au même moment des jumelles, Dora et Lili. Elles sont transportées à dos d’âne dans la neige. La veille de l’année 1890, on les retrouve en petites marchandes d’allumettes grelottantes, qui cherchent à se réchauffer, comme dans le conte d’Andersen. Deux hommes en frac, fumeurs de cigares, les remarquent et les séparent. Dora et Lili prennent alors des chemins différents.
Mais par un de ces hasards qui n’existent que dans les romans ou les films où la vie est un roman, Dora et Lili, qu’interprète la même actrice – la merveilleuse Dorota Segda, une Bulle Ogier hongroise (qui joue aussi la mère) –, reviennent en Hongrie avec le XXe siècle. Toutes deux passagères, le jour de l’an, du même train, l’Orient-Express, sans le savoir. Enfants, elles se ressemblaient, tout paraît maintenant les opposer, mais ce n’est pas si simple : l’une est une anarchiste sans le sou chargée d’une mission secrète. L’autre est une sorte de cocotte, prostituée de salon, aussi élégante qu’intrigante…
Dora est aussi sensuelle, enjôleuse et à l’aise partout que Lili est timide, discrète et maladroite. Lili lit Pierre Alexeïevitch Kropotkine mais elle perd tous ses moyens (on le constate lors d’une scène d’anthologie) lorsqu’il s’agit de lancer une bombe dont la mèche se consume dans sa main tremblante. Une bombe noire et ronde de bande dessinée, aussi factice que la neige de studio qui colle aux jupons des femmes et aux ourlets de pantalon des hommes.
Il faut dire que Mon XXe siècle a un côté farces et attrapes. C’est un cinéma bricolé, plein d’effets et de ficelles visibles, de numéros de transformisme, de trucages énormes, qui viennent bousculer cette fresque qui pourrait être édifiante, simpliste, mais qui ne l’est jamais… L’usage du son non synchrone, avec des zooms sonores, du babil inintelligible ou des effets de brouillages, comme chez Tati ou le Fellini de Huit et demi, contribue également au burlesque de plusieurs scènes. Sans compter les singes et les étoiles qui parlent…

On rit. On a parfois le vertige. On veut arrêter la locomotive, éteindre le projecteur de cette séance de cinéma qui s’emballe… Mais la narration est elle-même faite de zigzags, d’ellipses, d’ombres, de reflets trompeurs, d’apparitions, disparitions qui évoquent les films de fantômes. Apparaître, disparaître, n’est-ce pas du reste l’essence même du cinéma, cette autre grande invention du siècle ?…

(C. Houdart, Libération)