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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma :)Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de ...

Stop Bolloré ! L'appel du collectif
Le collectif Stop Bolloré a vu le jour en décembre 2021 et rassemble des membres et des organisations de la société civile qui s’inquiètent de la concentration des médias et de l’édition en France et des dangers que cela représente pour la démocratie. Le projet du collectif, qui est poli...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°101 au n°117
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°101 au n°117   Samedi 17 avril Hier, fin N° 101. Juliette Binoche, 30 ans plus tard, et magnifique, dans un autre de ses plus beaux rôles. La musique, c’est le célébrissime Canon en ré majeur de Johann Pa...

Quiz des "trente dernières secondes" du n°51 au n°100
Ici sont archivées les publications du quiz des “trente dernières secondes” du n°51 au N°100 //////////////////////////////////////// Vendredi 26 février  Hier, fin N° 51. Saisissante. Tout comme l’est la séquence d’ouverture du film, qui montre la jungle s’enflammer sous les bombes a...

QUAND LES VAGUES SE RETIRENT

Écrit et réalisé par Lav DIAZ - Philippines 2022 3h07mn VOSTF - Avec John Lloyd Cruz, Ronnie Lazaro, Shamaine Centenera-Buencamino, Don Melvin Boongaling, Aryanne Gollena...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

QUAND LES VAGUES SE RETIRENTBien que prolifique, le cinéaste Lav Diaz – Léopard d’or du Festival de Locarno en 2014 pour From what is before et Lion d’or à Venise en 2018 pour La Femme qui est partie – reste souvent invisible, la faute essentiellement à des productions aux durées hors-norme (onze heures pour son Evolution of a filipino family en 2004, par exemple !). C’est pourtant cette durée qui fait la force des films du cinéaste philippin. Son cinéma, déjà affranchi des canons de production de par son format, ne semble obéir qu’à la logique inhérente à chaque projet. D’une durée plus conventionnelle (3h10), Quand les vagues se retirent est donc un film forcément plus accessible, mais le cinéaste n’y fait pas de concessions pour autant. Si le film appartient assez clairement au polar, les codes inhérents au genre sont immédiatement mis à mal par le dispositif de Lav Diaz. Formellement somptueux, le film bénéficie d’une image singulière due à l’utilisation d’une caméra 16 mm, offrant des images en noir et blanc saisissantes, construites sur de forts contrastes donnant à voir la matière de l’image, cette texture sale et granuleuse qui donne à l’ensemble une dimension organique.

On débarque sans introduction dans la vie du lieutenant Hermes Papauran, l’un des meilleurs enquêteurs des Philippines, qui se trouve aux prises avec un profond dilemme moral. En tant que membre des forces de l’ordre, il est un témoin privilégié de la campagne meurtrière anti – drogue que son institution mène avec dévouement. Les atrocités corrodent Hermes physiquement et spirituellement, lui causant une grave maladie de peau qui résulte de l’anxiété insidieuse et de la culpabilité. Alors qu’il essaie de guérir, un sombre passé le hante et finit par revenir au premier plan en la personne de Primo Macabantay, ancien supérieur d’Hermes envoyé en prison par ce dernier.
C’est sur l’antagonisme entre les deux personnages que se structure le film. On suit les deux hommes au travers de deux récits distincts, dont on sait qu’ils vont inévitablement se recouper. Alors qu’Hermes semble rechercher une sorte de paix ou de pardon, il est inéluctablement ramené à son inévitable confrontation par le biais quelque peu menaçant de son téléphone. De son côté Primo, fraîchement sorti de prison, traverse le pays en prêchant la parole divine, louant le seigneur et sa miséricorde tout en ne pouvant réprimer sa violence.
Ce face-à-face prend toute son ampleur et sa singularité au travers de la mise en scène de Lav Diaz : les longs plans qui constituent le film sont autant de tableaux où se mélangent documentaire et fiction. Par le biais de ses personnages, tour à tour absurdes, violents ou simplement pathétiques, se dessine un contexte politique bien réel. Le personnage de Primo et sa dévotion théâtrale sont une résurgence de la figure de l’ancien président des Philippines, Rodrigo Duterte, à la tête du pays de 2016 à 2022. C’est sous son administration qu’a eu lieu l’opération Tokhang, qui sert de toile de fond au récit, cette authentique guerre des drogues ayant entraîné depuis 2016 la mort de milliers d’innocents sur le territoire philippin.

Distance avec le réel, en même temps que perspective pour le voir au plus près, récit fluide dont la gestion du rythme tient comme toujours du miracle : politique, actuel et cinglant, Quand les vagues se retirent confirme, si besoin était, le talent de cinéaste hors pair de Lav Diaz.