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À LA VIE À LA MORT
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LOS SILENCIOS

Écrit et réalisé par Beatriz SEIGNER - Colombie / Brésil 2018 1h29mn VOSTF - avec Doña Albina, Yerson Castellanos, Enrique Díaz...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LOS SILENCIOSC’est une nuit organique, peuplée de croassements, de soupirs étranges qui encerclent la fragile embarcation glissant silencieusement au milieu de la végétation luxuriante et sombre. Pourtant rien n’est complètement inquiétant. C’est juste la vie qui grouille, exigeant l’attention des humains. Il pourrait y avoir des fantômes ici qu’ils ne seraient pas malveillants. Les véritables fauves sont ailleurs, la véritable jungle impitoyable est un no man’s land bureaucratique qu’Amparo, flanquée de ses deux enfants, va bientôt découvrir. Ces trois-là comme tant d’autres n’ont eu d’autre choix que de fuir le conflit armé de leur pays, la Colombie, pour venir s’échouer sur cette île perdue entre trois eaux territoriales, aux frontières du Brésil et du Pérou, espérant franchir l’une ou l’autre. Une île d’attente, d’espérance, un brin mystérieuse, comme les limbes d’un avenir dont on ne sait s’il conduira aux enfers ou au paradis.

Toujours est-il que leurs premiers pas sur cette terre sont rudes. Les voilà certes à l’abri dans une modeste masure sur pilotis au cœur d’un humble village, mais pour le reste… Il n’est pas facile pour une femme de se faire entendre sans le soutien de l’homme de la maison, ce père disparu, tenu pour mort. Mais encore faudrait-il le prouver : le fonctionnaire borné qui accueille Amparo, les patrons de la mine où travaillait son mari, l’avocat censé la défendre… tous ceux-là n’ont de cesse de s’engouffrer dans le vide juridique laissé par une disparition de plus. Sans corps, pas d’aides financières, pas de prime de l’ex-employeur. Sans corps, non seulement aucune commémoration pour ceux abattus par les paramilitaires, mais la vie qui se complique pour leurs proches. Tout devient un silencieux parcours du combattant. Difficile de faire admettre à l’école un enfant réfugié, difficile sans argent de lui procurer l’uniforme en vigueur ou même de quoi manger. Mais Amparo, vaillante et courageuse, est loin de baisser les bras, patiemment elle avance, poussant son fils Fabio, neuf ans, à faire de même sous le regard observateur de Nuria, sa fille de douze ans. C’est d’ailleurs presque à travers ses yeux noirs que semble se construire le paysage de cette fable contemporaine, colorée, tout aussi poétique que politique. Tandis que la télé prédit la fin de l’affrontement meurtrier entre le gouvernement colombien et les FARC, le petit peuple de l’île écoute la nouvelle, dubitatif, désabusé, incapable d’y croire. Rien ne pourra sans doute jamais cautériser complètement certaines de ses blessures, ni l’obliger au pardon.
C’est alors que, contre toute attente, réapparait étrangement le père des deux enfants… Peut-être se cachait-il depuis le départ dans le grenier ? Mais est-ce aussi simple que cela ?

D’abord très naturel et réaliste, Los Silencios opère peu à peu comme un envoûtement que l’on emporte avec soi bien après être sorti de la salle. Une petite musique inattendue, qui se poursuit jusque dans les silences qui lui succèdent, nous accompagne tout au long de ce film qui reste lumineux malgré la saleté de la vie. Los Silencios ne cesse de naviguer avec élégance dans un univers bien à lui, entre fantasmagories et réalité abrupte des familles déplacées. Jamais les ténèbres et le désespoir ne noient ces humains assoiffés de consolation, cernés par la matrice liquide qui porte loin le moindre souffle et les moindres lueurs. Chaque prise de vue est d’une beauté saisissante.
L’île sur laquelle le film est tourné existe bel et bien, les croyances des habitants également, les assemblées entre morts et vivants, tout autant. C’est à la fois simple, déroutant, plein d’une sobre tendresse. En deux mots, inventif et captivant.