UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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SÉANCES BÉBÉS
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30237
Et voilà, Vidéo en Poche c’est fini, le compteur s’arrête à 30237 copies vendues sans DRM sur clés USB ! À bientôt dans le cyberespace indépendant et surtout IRL dans les salles de cinéma Le 30 novembre à minuit, Vidéo en Poche a tiré sa révérence et retourne dans sa bouteille de la...

À LA VIE À LA MORT
Quelle joie de se retrouver sous les étoiles hier à Berat, en Haute-Garonne!Expo, rencontre et ciné avec Nevada. Quel bonheur.Déjà 200 personnes pour les prémisses d’un nouveau lieu vivant et pluridisciplinaire co animé par les habitants. Ce sont les premières festivités de l’été d’Utopia et du ...

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NEVADA

Laure de CLERMONT-TONNERRE - USA/France 2019 1h36mn VOSTF - avec Matthias Schoenaerts, Jason Mitchell, Bruce Dern, Gideon Adlon... Scénario de Laure de Clermont-Tonnerre, Mona Fastvold et Brock Norman Brock.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

NEVADAC'est une terre ocre, aride qui s'étend à perte de vue des reliefs accidentés, un paysage dur, sec et violent comme l'enfer, à se demander comment il est possible d'y survivre. Dans ce trou perdu du Nevada, totalement isolée, on découvre une prison, ses barbelés, ses chevaux sauvages et ses prisonniers qui ne le sont pas moins. Roman est un paquet de muscles et sa belle gueule tendue donne l'impression qu'il est constamment prêt à bondir, l'œil sur la défensive : les douze années qu'il a déjà passées en prison ne l'ont pas rendu moins méfiant. Il vient d'accepter, sur les conseils d'une psy chargée du suivi des prisonniers violents, d'être muté dans cette contrée ingrate où s'est monté un programme de rééducation par le dressage des chevaux sauvages. Du gagnant-gagnant, comme dirait l'autre : bon pour le prisonnier et bon pour l'économie de la prison qui revend les chevaux une fois dressés. Les mustangs sont les descendants des chevaux amenés par les conquistadors lors de la conquête de l'Amérique… ils se sont enfuis ou ont été abandonnés et sont retournés à l'état sauvage, formant des troupeaux de bêtes d'une puissance magnifique, au pelage fauve et qui n'ont guère de prédateur (à part le puma). Certains états ont mis en place des programmes de capture pour réguler la population des mustangs et éviter leur massacre par des agriculteurs furieux des dégâts qu'ils sont supposés provoquer.

Roman ne connaît pas les chevaux, mais il comprend au premier regard ce que peut éprouver ce cheval fraichement capturé qui se débat dans un enclos, affolé et en colère. Il piaffe, il rue, se cogne contre les bois. Difficile de ne pas faire le parallèle entre ce cheval fou et ce qu'il a pu éprouver, se cognant contre les murs de sa prison autant que contre lui-même.
C'est un très vieux bonhomme, que personne ne semble contester, qui le reçoit. Il connait les chevaux comme personne et de sa voix cassée oriente, apostrophe, provoque, usé et néanmoins vaguement chaleureux. Dès le premier regard, il a compris qu'entre ce Roman et la bête, les choses devraient bien se passer, pour une sorte de thérapie mutuelle. Il le sait : ce cheval n'est pas méchant, cet homme non plus : ils ont seulement peur. Un mustang ne saurait se dresser par la violence et les coups, énonce-t-il, mais par une compréhension qui le rassure et fait de l'homme son complice : apprendre à observer l'animal, canaliser ses propres pulsions pour parvenir à gagner sa confiance. Confiance, le maître mot du programme qui ne va pas sans l'apprentissage d'une confiance en soi, gage d'une relation plus apaisée avec les autres. Il en ira ainsi pour ses relations avec sa fille avec qui les parloirs sont souvent houleux.

C'est fichtrement beau à voir et le film respire une sorte d'authenticité : peut-être le fait d'avoir été tourné dans une partie désaffectée d'une prison en activité, avec des ex-détenus qui avaient suivi un programme similaire, peut-être aussi d'avoir été adoubée par Robert Redford, l'homme qui parle à l'oreille des chevaux et possède lui même des troupeaux de chevaux sauvages qu'il protège… Matthias Schoenaerts est impressionnant de puissance physique et pourtant il accroche l'émotion par sa capacité à exprimer à fleur de regard et de peau une émotion, une fragilité qui séduit et attache. Bruce Dern porte délicieusement ses 82 ans, dans un rôle de vieux sage qui comprend tout et ne se lasse ni de l'humain, ni de l'animal… ni du cinéma.