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30237
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À LA VIE À LA MORT
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LA BEAUTÉ DES CHOSES

Écrit, réalisé et monté par Bo WIDERBERG - Suède 1995 2h05mn VOSTF - avec Johan Widerberg, Marika Lagercrantz, Tomas Von Brömssen, Karin Huldt... Inédit en France.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

LA BEAUTÉ DES CHOSESIl est incroyable que ce très inspirant, ce très exaltant La Beauté des choses, Ours d’argent au Festival de Berlin en 1996, ait mis tant de temps pour venir jusqu’à nous. Réalisé par Bo Widerberg (« l'autre » cinéaste suédois, dit-on parfois en référence évidemment à Bergman) tout juste deux ans avant sa mort d'un cancer, La Beauté des choses nous arrive dans toute sa splendeur, épargné par l'usure des ans. Un film d'une force de conviction et d'expression peu commune, qu'il ne faut surtout pas se refuser, surtout en ces temps bousculés par un retour de l’ordre moral. Un film qui nous rappelle qu’il n’est rien de meilleur que la liberté de pensée, la liberté d’expression et le goût de l’interdit. Qui n’est pas tombé un peu amoureux ou amoureuse d’un(e) de ses professeurs, ne serait-ce qu’une fois dans sa scolarité ? Qui n’a rêvé de voler un baiser à un de ces êtres inaccessibles perchés sur leur chaire, au lieu de se contenter de ne boire que leurs paroles ?

L’affaire nous plonge en 1943, s’ancrant ainsi en filigrane dans les souvenirs d’adolescence du cinéaste, ce qui confère à la reconstitution une incontestable authenticité et nous fait bien ressentir l'ambiance malsaine de l'époque, de cette Suède prisonnière de sa « neutralité ». Les adolescentes en ces temps-là étaient scolarisées loin des adolescents, ce qui permettait à ces derniers de laisser libre cours à leurs stupides fanfaronnades, sans qu’aucune ne les remette à leur place. Dans son lycée, Stig (brillamment interprété par le propre fils du réalisateur) reste en retrait de tous ceux qui se vantent peu ou prou de leurs soi-disant exploits sexuels, avec ce vocabulaire lourd et grossier typique des bandes de garçons. Quand le damoiseau rentre le soir, sa jolie voisine pleine de tâches de rousseurs craquantes le guette dans un recoin de l'escalier, dans l’espoir qu'un jour il pose un regard sur elle, ce qui n’arrive jamais. Elle met trop aisément cela sur le compte de l’inexpérience, de la timidité. Si elle savait ! Si tous savaient les fascinants fantasmes qui le hantent jusque dans son lit ! Notre jeune blondinet, tellement séduisant avec son regard d’acier intense, sa peau diaphane, ses lèvres à croquer, n’a d’yeux que pour Viola qui lui enseigne l’anglais. Celle-ci, d’une bonne vingtaine d’années son aînée, remarquant le manège, adopte l’attitude d’une adulte bienveillante qui maîtrise la situation. D'abord amusée, puis de plus en plus troublée. D’œillade profonde en œillade gourmande, les heures de classe deviennent de délicieux supplices. Le temps suspend son vol… Un ange passe… puis un autre… Les doigts par inadvertance se frôlent, se glissent et se lovent dans les replis d’un dictionnaire, faute de pouvoir tendre vers ceux d’un décolleté. Puis viendra le moment fatidique, une trop grande promiscuité dans un escalier… Il sera fait fi de la morale, des bonnes mœurs et des convenances.
À compter de cet instant, Stig viendra prendre des leçons un peu particulières chez l’enseignante, sans pour autant jamais progresser en anglais. L’un et l’autre assoiffés de douceur, de caresses, d’espoir. Le désir attisé par le risque, la crainte que leur liaison soit percée à jour, jouant avec le feu avec la même candeur libertine. Tout serait simple et doux, tant les parents de Stig lui laissent la bride sur le cou, ouverts et confiants, s’il n’y avait Frank, le mari de Viola. Jamais très loin bien que voyageur de commerce, souvent ivre, il finira fatalement par tomber sur Stig, pas encore parti, pas encore rhabillé… Malaise… Mais l’embarras cédera vite la place à un maelstrom de sentiments contradictoires. Notre jeune amoureux sera bouleversé par cet homme bricoleur et inventeur raté, exubérant, philosophe, amateur de musique classique autant que d'alcool, joyeusement désespéré. Magnifique personnage qui fait définitivement décoller le film, le hisse à des hauteurs insoupçonnées, à mille lieues de la bluette ou du vaudeville…

La belle histoire sensuelle s’évanouit au fur et à mesure que les relations entre les personnages deviennent troubles, complexes, insaisissables. Elle se transforme en prise de conscience morale, politique et avec cet œuvre magistrale, Bo Widerberg, réalisateur autodidacte issu d’une classe modeste, confirme avec éclat qu’il était bien devenu le héraut de la rébellion cinématographique qu’il rêvait d'être. Une découverte majeure, un des plus beaux derniers films de l'histoire du cinéma, jusqu'à rivaliser avec le sublime Gens de Dublin de John Huston, c'est dire ! Une découverte majeure, qui valait bien une première page de gazette !