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À LA VIE À LA MORT
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THE INTRUDER

Roger CORMAN - USA 1962 1h23mn VOSTF - avec William Shatner, Frank Maxwell, Beverly Lunsford, Robert Ermhardt, Leo Gordon... Scénario de Charles Beaumont d'après son roman (en français, Un intrus).

Cette semaine, nous sommes heureux de vous annoncer qu’Utopia s’est associé à l’excellent distributeur Carlotta Films pour proposer aux spectateurs d’Utopia une pépite cinématographique rare en accès libre sur le Vidéo Club Carlotta : The Intruder de Roger Corman.
Pour en profiter il suffit de cliquer ici pour se rendre sur la page dédiée au film sur Vidéo Club Carlotta. Il sera disponible en accès libre jusqu'au mardi 26 mai inclus.

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

THE INTRUDERPendant longtemps, Roger Corman a fait partie des réalisateurs de prédilection d’Utopia... enfin... jusqu’à ce que ses films comme des milliers d’autres disparaissent des radars et qu’il devienne impossible de trouver des copies. Il a réalisé une cinquante de films, en a produits plus de 400... il a mis le pied à l’étrier à bon nombre d’acteurs et de réalisateurs (Scorsese, Coppola, Vincent Price, Nicholson....) et bon nombre de réalisateurs de notre continent lui doivent d’avoir pu se faire connaître aux USA (Truffaut, Fellini, Bergman...).
Un grand monsieur qui, malgré des petits moyens, parvint en des temps de tournage record à boucler des petits trésors d’inventivité, qui ont comblé de tout temps les amateurs de « séries B ». Vous savez : ces films à tout petit budget, sans promotion publicitaire, qui étaient projetés en première partie d’un double programme (deux films pour le prix d’un) et qui étaient parfois plus intéressants que le film principal, parce que moins formatés. Corman s’en était fait une spécialité, bouclant en deux temps, trois mouvements des films dont il gérait au quart de poil les maigres financements, récupérant même les décors d’un film à l’autre, chinant des meubles et des tableaux dans les salles des vente des alentours.... La décoration d’Utopia puise d’ailleurs son inspiration initiale dans l’ambiance très baroque de ses films, inspirés par les histoires fantastiques d’Edgard Poe : La Chute de la Maison Usher, La Chambre des tortures, Le Masque de la mort rouge... etc. Autant de films qui ont influencé des réalisateurs comme Tim Burton : on se rappellera du rôle superbe de Vincent Price, acteur fétiche de Corman, dans Edward aux mains d’argent, une forme d’hommage émouvant au maître.... (Aparté : j’adorerais pouvoir revoir Les Gladiateurs de l’an 2000... alors si quelqu’un pouvait me trouver ça).
Mais l’œuvre de Corman ne se résume pas à ses adaptations d’Edgard Alan Poe, et sa filmographie est éclectique. The Intruder est un de ses plus beaux films, celui sans doute où il révèle le plus de ses propres engagements. Il nous plonge dans le sud raciste américain, peu après que Earl Warren, Président de la Cour Suprême, ait bousculé les lois ségrégationnistes en prenant, entre autres, des arrêtés autorisant un quota de Noirs dans les écoles. C’était en 1954 et lorsque Corman réalise son film, en 62, le sujet est toujours brûlant. Tout au long du tournage en décors naturels dans le Missouri, Corman dut d’ailleurs, à plusieurs reprises, changer de ville tant le sujet était explosif : tracasseries diverses, insultes, menaces... Il fallut même faire appel aux polices locales (pas toujours très coopérantes) pour protéger les équipes de tournage. Il faut dire que la plupart des figurants du film étaient recrutés parmi les autochtones, tellement bien dans leur jus raciste qu’il leur fallait un certain temps pour comprendre quel était le propos du film, tant ils n’imaginaient pas une seconde qu’on ne puisse pas penser comme eux.
Et c’est sans doute une des forces du film : ces gueules de racistes marqués par la haine sont bien réelles, comme est réelle l’inquiétude de ceux qui jouent dans l’autre camp. Le savoir faire de Corman, la virtuosité de la caméra qui plonge dans la mêlée et capte, plein écran, les visages aux regards chargés, les images d’un noir et blanc splendide... rendent encore plus dense un climat d’un réalisme époustouflant. Ça a de l’ampleur, du suspense, de l’émotion... il sait y faire le bougre ! Et dans ce climat âpre, il donne néanmoins à comprendre des personnages qui ne sont pas manichéens et se révèlent peu à peu au long de la progression de l’action jusqu’à son paroxysme : le phallocrate bonimenteur de métier surprend par sa subtilité et son courage, les faux courageux se révèlent pleutres, tandis que l’affirmation des positions des uns influent sur celles des autres : ces « nègres » qu’ils confinaient dans leur quartier sans les voir autrement que comme un groupe de primates incultes, révèlent une dignité et un courage que certains finissent par percevoir, découvrant qu’ils sont en face d’êtres tout aussi humains qu’eux-mêmes... mais les foules ont rarement brillé par leur intelligence...

Le point de départ ... Une petite bourgade du sud des États-Unis, dans les années cinquante : un beau jeune homme en complet blanc descend d’un bus, valise à la main, et dit « travailler pour une organisation sociale »... Si Adam Cramer déboule dans ce trou perdu, ce n’est pas par hasard : le lundi suivant, pour la première fois de l’histoire, une dizaine de « jeunes gens de couleur » vont pouvoir suivre les cours du lycée avec les jeunes blancs. Côté Noirs, les volontaires ne sont pas nombreux et les vieux redoutent que les réactions se traduisent par des violences contre le quartier noir... Côté Blancs, ils ne sont pas nombreux non plus ceux qui plaident pour le respect de la loi, mais la plupart de ceux qui ne sont pas d’accord n’oseraient pas l’exprimer trop fort... si Adam Cramer, qui séduit au passage toutes les femmes qui l’approchent, ne venait mettre le feu aux poudres en disant haut et fort ce qu’ils ne chuchotent qu’entre eux.
Sorti en 1962, le film eut un grand succès critique, mais fit un bide commercial aux USA... Corman avait hypothéqué sa maison et celle de son frère parce qu’il ne trouvait personne à Hollywood pour participer au financement... ce fut le seul film de sa carrière où il perdit des sous, mais, à l’entendre aujourd’hui, c’est aussi celui dont il est le plus fier.