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A CHIARA

Écrit et réalisé par Jonas CARPIGNANO - Italie 2021 2h01mn VOSTF - avec Swammy Rotolo, Claudio Rotolo, Grecia Rotolo, Carmela Fumo, Giorgia Rotolo, Antonio Rotolo (tous non professionnels)...

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

A CHIARAIl y a quelques semaines, un héros du quotidien venu de Calabre faisait un tour de France à l’invitation de différentes organisations de gauche, de défense des droits de l’homme et de soutien aux populations migrantes. Il faut dire que Domenico Lucano, maire de la petite ville de Riace, est un symbole. Dès la fin des années 90, il avait compris que l’arrivée des migrants était une chance pour sa région, frappée par l’exode rural. Il leur ouvrit les portes de sa ville et ainsi la fit renaître, rouvrant magasins et écoles grâce à eux. Mais l’extrême-droite et les notables locaux ne l’entendaient pas de cette oreille : après plusieurs années de mandature qui lui valurent un documentaire (Paese di Calabria, disponible en Vidéo en Poche) et des hommages de la presse internationale, ses ennemis l’ont entraîné dans un traquenard judiciaire. C’est pour l’expliquer et essayer d’y échapper qu’il a fait ce voyage à la rencontre de ses soutiens. Parmi ses ennemis, le pire est la 'Ndrangheta, cette mafia qui terrorise et gère la Calabre depuis toujours et qui vit sur l’exploitation des migrants.



Cela nous amène à ce formidable A Chiara. Cette mafia, cette 'Ndrangheta qui est au centre du film, le réalisateur Jonas Carpignano a choisi intelligemment de ne pas la montrer frontalement mais à travers le regard de celles et ceux qui en sont les victimes – ou les complices involontaires – et dont les vies sont totalement marquées par son emprise. A Chiara clôt la trilogie calabraise qui, débutée en 2015 avec Mediterranea (qui évoquait l’arrivée sur les côtes calabraises d’un jeune Burkinabe) et poursuivie en 2017 par A Ciambra (qui suivait des jeunes membres de la communauté Rom), s’immerge dans le quotidien de la petite ville portuaire de Gloia Tauro.
Quand commence A Chiara, on n’est absolument pas dans une atmosphère criminelle. On fête les 18 ans de Giulia, la sœur de Chiara, 15 ans, qui donne son titre au film. Comme souvent en Calabre pour un tel événement, l’anniversaire a réuni tout le clan, les convives ont mis leurs plus beaux costumes et robes de soirée, les hommes parlent fort et réclament un discours de Claudio, le père, ému et apparemment trop intimidé pour prendre la parole devant tant de monde. La fête est belle et bruyante mais pourtant on sent planer un indéfinissable malaise. La nuit suivante, tout le monde est réveillé par une déflagration. La voiture familiale vient d’exploser en pleine rue et, dans la foulée, le père disparaît. La vie de Chiara bascule, comme si elle passait brutalement dans l’âge adulte, obligée de prendre conscience du lien qu’entretient sa famille avec la 'Ndrangheta. Malgré les phrases rassurantes de sa mère et de sa sœur qui veulent surtout éviter qu’elle en apprenne davantage, elle est bien décidée malgré son jeune âge à connaître la vérité, à retrouver son père et à remonter l’écheveau des réseaux auxquels il appartient.

Film haletant, A Chiara est porté par la formidable interprétation de tous les acteurs non professionnels, jouant tous des personnages proches peu ou prou de leur véritable personnalité (on retrouve d’ailleurs des personnages des films précédents), et tout particulièrement de l’incroyable Swammy Rotolo qui incarne Chiara. Jonas Carpignano a su éviter les clichés éculés des histoires de mafia, pour réaliser un magnifique film de famille, une sorte de tragédie antique, où les liens indéfectibles du sang unissent définitivement frères, sœurs, parents à la 'Ndrangheta, la spécificité de ce réseau mafieux étant qu’il repose sur des liens héréditaires. C’est d’ailleurs par la séparation des enfants de leurs familles mafieuses que les autorités tentent d’endiguer le fléau : le choix de Chiara sera donc, quel qu’il soit, cornélien.