UTOPIA SAINTE BERNADETTE
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30237
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SHABU

Shamira RAPHAËLA - documentaire Pays Bas 2022 1h16mn VOSTF -

(ATTENTION ! Cette page est une archive !)

SHABUTout commence par une hilarante scène où un adolescent débonnaire se retrouve convoqué dans le salon familial. Devant une télé XXL, ses parents, frère et sœur sont là, de même que, par écran interposé depuis le lointain Surinam où elle est en vacances (la famille est originaire de ce petit pays du Nord-Est de l’Amérique du Sud, autrefois Guyane hollandaise, coincé entre le Guyana anciennement britannique et la Guyane toujours française), la grand-mère qui, forte d’une autorité incontestée, mène les débats. Shabu, ado de 14 ans qui a grandi et grossi trop vite, est là tout penaud parce qu’il a emprunté la voiture de mamie et l’a emboutie au bout de quelques centaines de mètre d’une conduite calamiteuse… Et pour grand-mère, il n’y a pas à transiger : « elle aime plus que tout son bébé », mais il va devoir passer l’été à trouver les moyens de rembourser rubis sur l’ongle le petit millier d’euros de réparations. Enfoncé dans le canapé, Shabu semble un peu perdu, répondant pour le moins évasivement aux questions de ses proches qui tentent de lui faire comprendre la gravité de son geste.
Le film va donc suivre les tribulations de Shabu pour parvenir à son objectif, tout en nous faisant découvrir sa personnalité et son environnement. L’ado, toujours tout sourire et fort en gueule, est un peu le caïd sympathique, non violent et blagueur, de son quartier de Peperklip, dans la banlieue populaire et colorée de Rotterdam. Un garçon prêt à rendre service à ses voisins, tout en ronchonnant (parce que Shabu aime flemmarder et dormir comme tout ado qui se respecte), taquinant les plus petits et coulant le parfait amour avec une jeune élue toute menue – qui semble disparaître dans ses bras d’hercule –, quand il ne s’imagine pas se lancer dans une carrière de futur chanteur de hip hop.



Le truc qui étonne, voire vous laisse baba (certains d’ailleurs ont du mal à y croire), c’est que Shabu est bel et bien un film documentaire, parfaite illustration de la maxime passe-partout qui veut que la réalité dépasse la fiction. Il faut dire que le travail de mise en scène de Shamira Raphaëla s’apparente à celui d’une réalisatrice de fiction, utilisant les grands espaces circulaires des immeubles de ce quartier périphérique de Rotterdam, s’attachant aux looks incroyables de Shabu, qui ne jure que par les stars du rap californien, donnant au film des tonalités pop et sucrées aux couleurs des Mister Freeze que Shabu vend pour gagner quelques piécettes. Des sceptiques, des grincheux ont douté de la véracité de certaines scènes mais tout est bien réel, à ceci près que certaines situations souvent cocasses ont été rejouées pour être plus efficacement filmées. Toujours est-il que cette pratique de tournage insuffle une dynamique jubilatoire au film, qui pourrait évoquer les premiers « joints » de Spike Lee. Tant pis pour les puristes du genre documentaire…

L’essentiel, c’est le regard tendre que Shamira Raphaëla porte sur ces quartiers populaires dont elle ne gomme pas la dureté et la violence mais dont elle préfère avec empathie retenir les aspects positifs : la solidarité des habitants, le sens du collectif et, à travers Shabu et ses amis, le formidable optimisme porté par une irréductible capacité d’initiative. En ces temps de repli sur soi, de morosité, de pessimisme politique, Shabu – parfait exemple de feel good movie comme on dit dans le métier – redonne une patate dont on a bien besoin.